Aux armes... musiciennes

A l'initiative de l'artiste stéphanois Damien Verron, une soirée atypique propose de mettre en lumière une certaine idée du jazz, interrogeant la place des femmes sur la planète swing... et au-delà. Au programme : conférence, témoignages et concert live !

Chaque année le mois de mars ouvre le champ à de multiples événements d’action, de sensibilisation et de mobilisation dédiée à la lutte pour les droits des femmes, l’égalité et la justice. Notons que, si les Nations Unies ont officialisé la journée du 8 mars en 1977, cette journée puise ses origines dans l'histoire des luttes ouvrières et des manifestations de femmes au tournant du XXe siècle : dès 1909 aux États-Unis avec le National Woman's Day, dès 1911 en Europe (Autriche, Allemagne, Danemark et Suisse) suite à l'appel de la journaliste et militante socialiste allemande Clara Zetkin, ou encore dès 1913 en Russie avec la Journée internationale des ouvrières. Etonnement, la France attendra le début des années 80 pour reconnaître la journée du 8 mars, sous l'impulsion de la ministre déléguée aux droits des femmes Yvette Roudy. Le 8 mars 1982 sera marqué par de nombreuses manifestations dont le point fort restera sans doute le discours du président François Mitterrand à l’Élysée, devant 450 femmes représentant les milieux socio-professionnels et les associations.

Jazzwomen

Avant de fonder en 2010 le studio Dance Emporium (école bien connue du quartier Bellevue), Damien Verron a poursuivi de brillantes études de musicologie entre Montréal et Saint-Étienne, jusqu'à l'obtention d'une thèse en ethnomusicologie. Lui-même danseur et musicien, spécialiste du lindy hop et du boogie woogie depuis plus de vingt ans, l'artiste propose un événement atypique samedi 11 mars à la Fabuleuse Cantine. Sous l'intitulé La Rossignole, la Puce et l’Épigone : autour des femmes, de la société et du jazz, la soirée se déroulera en deux temps. Dès 19h débutera une conférence nourrie de témoignages liés à la question de la place laissée aux femmes dans la société occidentale, plus spécifiquement dans le domaine musical et en particulier celui du jazz. Aux côtés de Damien Verron, interviendront les chanteuses Lou Rivaille et Juliette Bergiron, la batteuse Lydie Dupuy, ainsi que la masterante Fanny Vignoud qui abordera notamment la question des musiques revendicatrices queers à Istanbul. Chloé Richard (vétérinaire) et Mariapia Martino (avocate) élargiront ensuite le débat sur la situation des femmes dans la société, d’un point de vue plus général. Damien défend l’idée d’établir un échange visant non seulement à comprendre le sexisme dans le domaine musical, mais à l’expliquer objectivement, dans le but de définir ce qui pourrait être amélioré. La soirée se poursuivra avec un concert de swing live, doublé d'une initiation de danse au solo jazz roots. Sextet de musiciens ligériens passionnés par les cultures jazz et rhythm’n’blues afro-américaines, la formation The Hot Feet Racketeers sera à la manœuvre avec Bruno (sax et clarinette), Youssef (guitare), Gaëtan (batterie), Boris (trombone et chant), Yannick (contrebasse) et Damien himself au piano. Le jazz qui se danse, celui qui rassemble, sera ainsi à l'honneur pour quelques heures de bonne humeur garantie.

Sexisme

Approximativement un siècle après l’apparition du jazz, 85% des jazzeux sur scène sont des hommes. Auteure de plusieurs ouvrages sur le sujet, la sociologue Marie Buscatto révélait que, tout en étant très largement minoritaires dans le monde du jazz, les femmes y représentent 65% des chanteur·se·s contre 4% des instrumentistes. Les stéréotypes ont donc la peau dure, suffisamment pour qu'une poignée de musiciennes dénoncent sans pincettes le sexisme omniprésent dans le microcosme hyper masculin de la note bleue, comme l'entreprenait en 2017 la contrebassiste Joëlle Léandre dans sa lettre ouverte (Chers Messieurs...) suite aux résultats des Victoires du jazz, ou comme l'a fait plus récemment la batteuse Anne Pacéo (marraine du Solar), sur le média Les Éclaireurs du groupe Canal +. Bien qu'une certaine amélioration se dessine à l'horizon, le constat d'une criante inégalité rappelle que les femmes demeurent aujourd'hui encore largement sous-représentées (à tous les niveaux) dans le monde de la musique. 

Conférence et témoignages + concert The Hot Feet Racketeers, samedi 11 mars à partir de 19h, La Fabuleuse Cantine à Saint-Étienne

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