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Festival / Du 10 au 13 décembre, le Théâtre de la Renaissance à Oullins organise un festival dédié au cabaret. Un hommage au théâtre musical et populaire, sous toutes ses formes. Dorotée Aznar

Jean Lacornerie, le directeur du Théâtre de la Renaissance avoue son faible pour un théâtre qui ne se prend pas au sérieux. La programmation du festival Tempo Cabaret, qui se tiendra à Oullins du 10 au 13 décembre, a ainsi été imaginée comme on organise une fête. Cabaret travesti, opéra, cabaret électro… Les formes immédiatement accessibles au public ont été privilégiées pour dresser une sorte de «panorama du théâtre musical». Le cabaret y sera mangé un peu à tous les sauces, preuve s’il en fallait une, que le genre a su voyager et se diversifier.Drôles de femmes
Le cabaret ira lorgner du côté de l’opéra avec «Rita ou deux hommes et une femme» de Donizetti, une pièce comique où une ancienne femme battue adopte la méthode des corrections préventives avec son nouveau mari, avant que l’ancien ne refasse surface… Une farce de tréteaux, les personnages habituels de la commedia dell’arte et une écriture musicale raffinée musicale raffinée pour une œuvre loin de toute moralité... Dans la plus pure tradition du cabaret travesti, on retrouvera un comédien qui fait l’unanimité : Denis D’Arcangello. Après l’avoir longtemps promenée dans les rues, il présente sur les planches Madame Raymonde, une chanteuse à gouaille et à talons hauts inspirée par Arletty. Une femme forte en gueule, toujours accompagnée sur scène par Sébastien Mesnil dit «le zèbre» à l’accordéon. Loin des robes à fleurs et des colliers de perles, «No way Veronica ou nos gars ont la pêche» se définit comme «une comédie misogyne avec des manchots, des hommes et de l’électro». L’action se déroule en effet sur une île subantarctique où un groupe de scientifiques exclusivement masculins observent la vie des manchots. Une femme (une vamp nymphomane tant qu’à faire) tente de s’introduire dans ce huis clos et il convient de s'en débarrasser rapidement. Dans la forme aussi c’est la révolution ; trois musiciens se chargent de raconter cette histoire farfelue et difficilement représentable uniquement avec des sons. «No way Veronica» propose ainsi une nouvelle forme de cabaret, un «théâtre radiophonique» peuplé de stars américaines des années 60 et 70.Sans les femmes
Si l’on veut échapper aux femmes, il faudra porter son choix sur les spectacles de chansons. «Le Cabaret des engagés» propose sa révolte en chantant, sur des textes de Ferré, Vian ou… des Sex Pistols. Un cabaret de fortune et plein d’ambition porté par des comédiens masqués, installé au Bac à traille, transformé en lieu de représentation pendant toute la durée du festival. Enfin, le comédien et metteur en scène Michel Hermon débarque avec «Compagnons d’enfer» et s’empare des textes de Verlaine, Baudelaire ou de Ferré pour un cabaret poétique explorant "la face sombre des classiques", accompagné au piano par Chrisophe Brillaud.Le monopole du rire
Cette programmation, certes éclectique, repose cependant sur des bases communes. «Le cabaret est un genre particulier en ce qu’il demande au spectateur d’être vraiment présent, de réagir à ce qui lui est dit ou montré», explique Jean Lacornerie. Une particularité qui a pu reléguer ce genre de spectacles à un rang mineur voire à le délocaliser dans les théâtres privés. Une tendance contre laquelle Jean Lacornerie prend clairement position : «le théâtre privé n’a pas le monopole de l’adresse au public. Ces codes n’appartiennent pas au privé et on peut se les approprier avec talent». Si le festival remporte le succès escompté, la prochaine édition devrait souligner davantage le caractère international du cabaret. «Je rêve d’un événement plus grand avec des spectacles venus de l’étranger», annonce Jean Lacornerie, qui s'affirme définitivement comme un directeur de théâtre singulier.

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