Gabriële Buffet-Picabia : sa vie, leur oeuvre

Des vies romanesques

Les Subs

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Assises Internationales du Roman / En reconstituant la biographie de leur arrière-grand-mère Gabriële Buffet-Picabia, compagne du peintre Francis Picabia, les sœurs Berest donnent chair à l'incroyable foisonnement culturel qui jaillit du début du XXe siècle. Absolument passionnant.

Ainsi donc la bonne chair, les amitiés scellées, les amours exclusifs mais infidèles et la transformation d'un art ne sont qu'un même geste de joie. Quand Gabriële rencontre Francis Picabia, elle a 27 ans, lui deux de plus et elle abandonne instantanément l'indépendance que lui promettait Berlin où elle venait de s'installer (la ville est merveilleusement décrite et a encore des reflets d'aujourd'hui). Elle aurait pu, comme le raconte ses arrières-petites-filles, sans grand style mais avec un profond attachement et de rigoureuses recherches toutes justifiées par des notes, ne jamais se marier ni avoir d'enfants et être créatrice puisqu'elle fut musicienne, subjuguée par Claude Debussy qu'elle côtoya, et amie de celui qui est considéré comme l'un des précurseurs de la musique électronique, Edgard Varèse. Oui mais voilà, même consciente que sa relation à Picabia était peut-être une forme d'esclavage, elle devient son « cerveau érotique » et ce choix «l'assènera au monde. »

Érudite, trilingue, elle lui transmet les pensées de Hegel sur le rapport de l'art et la nature, elle illumine, tient la barre de son couple, « vainc » ses accouchements successifs et organise conférences, expositions (Paris, 1912) pour montrer et dire ce qui s'invente alors, une peinture « qui ne ressemble à rien » comme le disent les autrices volontairement caricaturales : le cubisme. Et tant pis si Paris n'a d'yeux que pour Braque et Picasso et préférait le Picabia impressionniste qui vendait des toiles à tour de bras : elle l'embarque à New York où Man Ray s'extasie « ce n'est pas un succès, c'est un scandale ! »

Abstraction

Cette fièvre créatrice immense naît d'une démesure constante : Picabia est un homme à femmes bien que Gabriële soit son rivage absolu (et rappelle en cela le couple Frida Kalho/Diego Rivera), aristo, dépensier, fou d'amitié pour Marcel Duchamp puis Guillaume Apollinaire, avide de bolides avec lesquels il dessine sa géographie en à peine une nuit : la famille dans le Jura à Étables, la lumière de Cassis pour soigner sa mania-dépression qui ne dit pas encore son nom et ses bouffées d'opium (bientôt soignées par une prescription médicamenteuse de cocaïne !).

Anne et Claire Berest, après avoir chacune entamé une vie d'écrivaines, ont pris l'initiative « d'effacer [son] effacement » et de rendre sa place fondamentale à cette femme sans qui ces hommes n'auraient certainement pas créé autant, ou différemment. L'art, indissociable de leur vie, a été vécu comme « unique urgence » disent-elles. Ne reste plus alors qu'à filer au musée (Philadelphie ou au Musée d'Art Moderne de Paris) voir ce qui s'inventait à l'orée du premier conflit mondial.

Des vies romanesques, avec Anne et Claire Berest et Julien Delmaire,
Au Musée des Beaux-Arts le samedi 26 mai

Gabriële, Annet et Claire Berest (Stock)

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