"Ex Machina" de Carole Thibaut, solo pour « sortir de la machine structurelle de notre société patriarcale »

Ex Machina

TNP - Théâtre National Populaire

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Théâtre / Avec "Ex Machina", la comédienne, metteuse en scène, autrice et directrice de théâtre (à Montluçon) Carole Thibaut propose un réjouissant seule-en-scène féministe, entre performance, conférence et stand-up. Sur le plateau, elle se livre pour mieux ausculter notre société patriarcale et les enjeux de pouvoir. Interview avant le passage du spectacle au TNP à partir du 30 janvier.

Pourquoi avoir titré votre spectacle Ex Machina ? 

Carole Thibaut : C’est une référence à l’expression théâtrale "Deus ex machina". Au XVIIe siècle, les gens venaient au théâtre comme on va aujourd’hui au parc Disney, pour voir la grosse machinerie, les effets magiques… Régulièrement – notamment chez Molière –, à la fin des représentations, le deus ex machina, soit le personnage représentant Dieu ou le pouvoir absolu de Louis XIV, sortait de cette grosse machine pour tout résoudre. C’était vraiment l’idée du pouvoir descendant, évidemment fortement incarné par le masculin.

Mon titre est donc un clin d’œil à l’endroit de ce pouvoir absolu. J’ai enlevé le "deus" pour ne garder que le "ex machina", avec cette nécessité de sortir de la machine structurelle de notre société patriarcale. Et la question centrale, c’est : comment fait-on ?

Sur scène, vous esquissez des réponses en mêlant l’intime – votre propre parcours – et le politique. Pourquoi ?

Comme je le dis à la fin du spectacle, à partir du moment où l’on travaille à se réapproprier nos propres récits, à écrire notre histoire et ne pas laisser d’autres le faire, on bouge les rapports de pouvoir. En tant qu’écrivaine et artiste, la question de qui parle, qui va raconter le réel, est absolument centrale.

Dans votre solo, il y a la parole, et aussi le corps, objet politique confronté à un système de domination, une nécessité pour vous ?

Il s’agit de se demander comment l’on fait pour que nos corps redeviennent nos corps. Qu’on puisse, dans le cas des femmes – bien que ces enjeux ne concernent pas seulement les femmes mais plus globalement le corps des dominés, comme les populations racisées par exemple, ou celui des personnes qui sont broyées par le travail… – ne plus simplement être des objets de désir, fantasmés, commerciaux, mais bien des sujets. 

Votre spectacle est engagé, tout en ne se privant pas d’aller vers l’humour. À l’image de la scène d’ouverture avec la chanson Une femme avec toi de Nicole Croisille – « Près de toi le temps paraît si court / Parce que tu es un homme et que tu es gentil / Que tu sais rendre belles nos vies. »

Dans cette scène, je campe une directrice de théâtre qui termine avec cette chanson de Nicole Croisille ; chanson que j’aime bien d’ailleurs, je n’ai aucun mépris pour Nicole Croisille ! Et en effet, elle fait rire par son texte. Le rire a un pouvoir subversif énorme, il déplace tout d’un coup. Il permet d’avoir un regard qui garde une distance critique, et ainsi ne pas tomber dans la parole sentencieuse. Car je ne suis évidemment pas là pour écraser les gens dans une sorte de parole surplombante.

Ex Machina
Au TNP (Villeurbanne) du mardi 30 janvier au samedi 3 février

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 2 juin 2015 Toujours plus internationale et comptant 8 créations et 9 co-productions, la nouvelle saison des Célestins, au cours de laquelle sa co-directrice Claudia Stavisky se mesurera au très caustique "Les Affaires sont les affaires" de Mirbeau, s'annonce...

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X