Georgia Tavarès, sa chambre à elle

Room of one's own



ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Entretien / La metteuse en scène et conceptrice lumière crée aux Clochards célestes une variation sans parole du célébrissime livre de Virginia Woolf, Une chambre à soi. 

Qu’est-ce qui vous mène à travailler sur Une chambre à soi ?

à lire aussi : Les spectacles d'avril à Lyon (avec pas mal de danse)

Ce projet commence pendant le confinement en 2020. Le monde était particulièrement moche avec des nouvelles décevantes tous les jours, la peur de la mort, celle ne plus voir le jour. On était abandonné à nos intérieurs. À ce moment-là, je lisais Une chambre à soi et j’expérimentais le fait de partager un petit appartement avec mon compagnon. C’était très étrange de ne pas avoir son espace, de ne jamais se dissocier. Donc je l’ai aménagé de sorte à avoir mon espace à moi, en m’inspirant de Virginia Woolf, où recevoir le soleil tous les jours. Et j’ai poussé ma réflexion sur ce que voudrait dire cet espace. Il y a quelque chose de l’ordre de la liberté d’avoir un espace mental, de la disponibilité pour créer. J’avais besoin d’une échappatoire pour rêver et espérer des choses meilleures.

Au début du confinement, on était encore en hiver. L’extérieur était gris. La lumière était très diffuse, il n’y avait ni ombre ni relief, le monde était violent, il y avait comme un aveuglement de nos vies. Au fur et à fur de l’arrivée du printemps, j’observais la lumière du soleil changer dans cet espace que je m’étais créé. Et ça donnait de la poésie. Les choses aussi petites qu’elles pouvaient être devenaient magiques avec l’entrée du soleil. : toutes les petites tâches lumineuses, les différences entre lumières dures et lisses… Avec une amie, qui est conceptrice lumière comme moi, Manon Vergotte, on s’est envoyé des photos et on a commencé à dessiner et à parler de comment le monde pouvait être beau à nouveau. Il y avait de la contemplation. On a réfléchi comme face au feu d’une cheminée.

Tout votre travail repose donc sur la lumière

Oui. Quand j'étais au Brésil, la lumière m’intéressait déjà mais je n’avais pas de connaissances en la matière. Une fois qu’on apprend à voir la lumière on ne peut plus désapprendre à voir. C’est comme enlever un voile devant ses yeux. Le monde s’éclaircit. Il y a tant de sensibilité, d’émotions dans la lumière. Mon monde a changé.

Room of one’s own est une pièce très plastique, proche de l’art contemporain et c’est un défi pour moi car je viens du théâtre de texte. Lorraine de Sagazan vient de monter Le Silence à la Comédie-Française. Je la connais pour avoir travaillé sur Catégorie 3.1 de Lars Norén à l’ENSATT et j’ai partagé un petit peu ces problématiques avec elle. Dès qu’on fait un spectacle sans parole c'est considéré comme de la danse or le théâtre passe aussi par ce que qui n’est pas dit. Ici, on a un personnage dont le corps interagit avec la lumière, et cela dit beaucoup de choses. 

En l’occurrence celui d’Agathe Lecat

Elle interprète une jeune femme qui a perdu l’espoir, dans un monde aseptisé. Il n’y a rien d’organique et de vivant dans sa pièce. Elle recherche quelque chose qui puisse à nouveau animer son âme et elle se met dans une pièce de sa maison pour faire un dernier essai en ouvrant sa fenêtre et voir ce que le monde peut lui offrir. Elle interagit avec le soleil. Théo Rodriguez Nourry, multi-instrumentiste, joue en live. Ce n’est finalement pas le seul en scène d’Agathe Lecat (formée au CNSMD de Lyon) mais un duo danse/musique.

Room of one’s own
Aux Clochards célestes, du 18 au 22 avril

Bio express / Georgia Tavarès est née en 1995 au Brésil. Après des études de théâtre dans son pays et avoir joué sur les scènes d’Amérique du Sud, elle se laisse convaincre de passer le concours conception lumière de l’ENSATT sans parler français. De 2019 à 2023, elle suit ce cursus et celui de mise en scène en devenant parfaitement bilingue. En 2021, à Lyon, elle fonde la compagnie H théâtre, crée Je suis le vent puis Je ne veux pas tuer mon père. Room of one’s own est sa troisième mise en scène en France. Elle a signé l’an dernier un spectacle au Pérou (Burn baby burn de Carine Lacroix) où elle se trouve à nouveau en ce début avril en tant que collaboratrice artistique de Laurent Gutmann, son ancien directeur à l’ENSATT qui monte, à Lima, Une Vie de Maupassant.

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