Pas Bardamu, ni Borat. Atiq.

«L'attente commence quand il n'y a plus rien à attendre, ni même la fin de l'attente. L'attente ignore et détruit ce qu'elle attend. L'attente n'attend rien.»
Maurice Blanchot n'a pas dit cela en attendant mon bus ni un camion pour la mine car vraiment... enfin bon... là n'est pas le sujet et rassurez vous, je suis arrivé sain et sauf au Rize de Villeurbanne (et à la mine) Je suis venu pour l'Exil et n'en suis pas revenu. La parole itinérante de cet écrivain errant Atiq Rahimi dira à tout le monde cet arrachement de soi, ce "bras manquant" qui vous démange et se met à écrire, à photographier, à filmer.
Le Rize de Villeurbanne nous a déjà permis d'entrer en photographie dans le monde d'Atiq Rahimi mais c'était peut être en sous estimant son aisance à passer d'un support à l'autre, tous ayant eu la divine surprise de se voir gratifié d'un Goncourt (Syngué sabour ) comme invité. Depuis le 11 octobre et jusqu'au 20 décembre, une quarantaine de ses photos, portrait de l'Afghanistan dévasté par la guerre, sont exposées au Rize, centre mémoire & sociétés, à Villeurbanne. Extraits de son ouvrage Le retour imaginaire, ces grands tirages en noir et blanc montrent l'Afghanistan après le départ des talibans, scènes de vie quotidienne dans des rues à moitié détruites, enfants qui jouent sur des tombes, portraits flous d'hommes et de femmes dans le bric-à-brac de leurs maisons ou de leurs commerces… Une réflexion intime sur la mémoire de l'exil, les cicatrices et la tristesse des souvenirs.

Atiq Rahimi a été invité à cette occasion mais ce soir, on ne sait pas de quoi parler à Atiq Rahimi : ce film projeté Terre et Cendres, son Goncourt, ses photos surexposées extraordinaires, fantomatiques, son statut.... mais puisqu’il est là, autant en profiter. On a vraiment de quoi parler à Atiq Rahimi !

"Ce que je voulais faire c'est des films et ...basta"

Dans son écriture, dans son œuvre cinématographique ou photographique, c’est l'image qui prévaut dans ce discours de l'exil ("le seul langage accessible pour moi") On est frappé par cette unité : voir ensemble les clichés puis la projection de Terre et Cendres était le plus sûr moyen de nous faire entrevoir une cohérence chez l’auteur. Ce phénomène qui le hante, celui de la rémanence dans son esprit de ces visages, de ces paysages de poussière apparaissent sans aucun artifice dans ce film Terre et Cendres : pas de ciel, les montagnes, des gens d’ici. Une splendeur formelle (vachement beau quoi) qui ne dissimule en rien l'âpreté du contexte.. Car Atiq Rahimi cherche sa clef perdue d’exilé, de naturalisé français ("empaillé" dira t’il...) "L'Afghanistan et ses visages afghans créent une ligne rouge dans tout ce que je fais". Depuis ses études en France, depuis cette distance entre lui et un pays redécouvert à travers l'occident, à travers un regard nostalgique et intérieur il tente par tous les moyens de retrouver sa clé restée là bas. 


Il vous reste peu de temps pour aller voir ses photos. J'espère vous avoir donné l'envie de vous y rendre. Sinon Terre et Cendres et sorti en DVD (c'est d'ailleurs un DVD vf qui nous a été diffusé au Rize...petit regret...mais on leur pardonne...) Et comme le dit Yann Nicol dans un article que je viens tout juste de voir sur le site, "LISEZ RAHIMI" !!

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