Album : Live In London
Auteur : Leonard Cohen
Date de sortie : mardi 31 mars 2009
Durée : 2h31 (double album)


Le quatrième album live du Field Commander Cohen, enregistré à Londres le 17 juillet dernier, au cours de la même tournée – la première depuis quinze ans ! – qui l'avait vu honorer de sa présence la scène du Théâtre antique de Fourvière, est le dernier opus en date d'une discographie riche de 18 albums dans laquelle (et c'est particulièrement rare chez un géant de cette trempe et de cette carrière-là) il n'y a pas grand-chose à jeter.

Contrairement à d'autres dieux vivants du songwriting tels Dylan ou Lou Reed qui n'hésitent pas à dérouter leurs publics en interprétant en tournée certaines de leurs chansons les moins connues, ou en jouant sur scène des versions passablement déroutantes, voire méconnaissables, de leurs plus grands hits, Cohen livre ici à ses fans ravis une compilation de ses plus belles et plus fameuses compositions – et notamment nombre des plus anciennes (Suzanne, So Long Marianne, Hallelujah...) qui l'ont dès ses débuts inscrit dans le Panthéon des plus grands maîtres du folk – le plus souvent dans une version scrupuleusement fidèle à l'original studio.

Costume impeccable, galurin mou sur des cheveux blanchis par son grand âge (74 ans quand même !), plus crooner que jamais, Cohen déroule donc ici une playlist impressionnante, assez similaire d'ailleurs à celle dont il avait gratifié le public lyonnais une semaine avant l'enregistrement, mélange mi-kitsch mi-sublime de poésie extatique (Cohen a ainsi publié une dizaine de recueils de poèmes), de spiritualité juive ou chrétienne (mais Cohen, bien que se définissant toujours lui-même comme juif, a également été ordonné moine bouddhiste en 1996) et d'érotisme récurrent.

Accompagné par un backing band à la fois jazz et soul, comprenant notamment la chanteuse Sharon Robinson, avec qui sa collaboration dure depuis près de trente ans et qui a même coécrit quelques-unes de ses chansons, Cohen a tout le temps d'offrir à son public en 26 chansons et 2h30 de concert (!) un aperçu très large mais non exhaustif de sa personnalité multifacette : tour à tour présomptueux (I'm Your Man), prophétique (The Future), fataliste (Everybody Knows, coécrite justement par Robinson), incantatoire (Democracy), amoureux (Hey, That's No Way To Say Goodbye), grave (Dance Me To The End Of Love, chanson inspirée par le sort des musiciens juifs qui jouaient pour leurs coreligionnaires jusque dans les camps de la mort), mystique (Who By Fire, inspirée par un poème juif récité lors des cérémonies du Roch Hachana), apaisé (Bird On A Wire, reprise en français par Serge Lama sous le titre Je Veux Vivre Tout Seul !), railleur aussi bien envers autrui (First, We Take Manhattan, à l'origine écrite pour moquer les prétentions révolutionnaires de la Fraction Armée Rouge en Allemagne) qu'à propos de lui-même (« I was born with the gift of a golden voice », ironise-t-il ainsi à propos de sa célèbre voix rauque dans Tower of Song), le plus grand songwriter vivant au nord du lac Erié (au temps pour son ancienne maîtresse Joni Mitchell) épargne cependant à son public ses (pourtant sublimes) chansons les plus marquées par la dépression nerveuse (comme Avalanche et quelques-autres, le plus souvent inclues dans ses premiers albums).

Enfin, détail qui a son importance, notons pour conclure que le chanteur se montre charmeur et charmant avec son public comme avec ses accompagnateurs, qu'il prend soin de présenter longuement et de faire applaudir à plusieurs reprises : là aussi, cela change agréablement des icebergs que peuvent être sur scène Lou Reed ou Bob Dylan...

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