Compte rendu d’une excellente soirée au Zola mardi soir : avec le programme classique « Histoire de courts », le festival a une nouvelle fois fait fort en alliant courts classiques sur grand écran et musique live.
Pour sa dixième (et apparemment dernière si l’on en croit Bruits de courts, le magazine du festival) édition, Histoire de courts a participé cette année à l’exploration du lien entre image et son au cinéma. Ce thème cher à l’équipe du festival (vous avez remarqué l’oreille sur l’affiche du festival ?) est ici illustré à travers 8 courts métrages de genres et techniques divers ; le tout couronné, avec la collaboration de la dynamique équipe du Zola te laisse les clés, par un ciné-concert de KOSH, human beat box réinterprétant la bande-son d’un des courts du programme. En effet, la musique est omniprésente dans ces courts métrages, à différents niveaux et dans différentes utilisations.
Un clip et un doc
Via le clip tout d’abord, en l’occurrence Zombillenium d’Athur de Pins pour Skip the Use sur la chanson Nameless World : ce film illustre encore une fois la porosité entre court métrage et clip.
Sous forme d’un très beau documentaire musical ensuite. Ce film sur Chet Baker, seul documentaire de la soirée, nous rappelle, avec ses imperfections à l’image, une époque pas si lointaine où la pellicule était la norme. Ce témoignage sur un monstre sacré de la musique aujourd’hui disparu en est d’autant plus poignant.
La musique comme moteur de fiction
Mais on a vu aussi des courts où la musique était le moteur de la fiction, comme la pastille humoristique belge Kwiz. Ce film est presque déjà daté avec son utilisation des sons mono-tonalité des phones pas encore smart pour amener deux femmes d’âge respectable dans une battle sous forme de blind test musical. Un pur exercice de court métrage à chute qui fonctionne.
C’est aussi le cas dans L’attaque du monstre géant suceur de cerveaux de l’espace, où la musique est un élément de la mise en abyme opérée dans cette parodie de série Z et de comédie musicale. En effet, nous suivons plusieurs personnages, acteurs de leur propre film dont le genre devient un moteur diégétique assumé. Ajoutez à cela le côté ouvertement bricolé du monstre et le kitsch de la comédie musicale (jusque dans les couleurs des costumes) et vous comprenez le ton de ce court français.
La musique est aussi au cœur de L’accordeur et y sert de contexte à cette histoire d’un jeune pianiste qui se reconstruit grâce à un mensonge, dans un bel exercice de style à l’image et au sens du timing maîtrisés.
On notera également la présence au programme de Chase, production évidemment signée Autour de Minuit, véritable tourbillon visuel au rythme de la musique d’Erik Stok. Ce thriller envoutant et vertigineux se passe dans un monde fait uniquement de triangles identiques. Entre figures imposées d’un monde futuriste (circulation sur plusieurs niveaux, villes géométriques et buildings à perte de vue) et épuration de la représentation, les « mouvements » de caméra nous font perdre tout repère.
Enfin, finissons par Mute, qui aura ouvert et conclu cette soirée, d’abord avec sa bande-son originelle, puis en mode ciné-concert. Mute est un réjouissant court métrage d’animation où les personnages découvrent la parole suite à un accident domestique qui les pousse à se couper littéralement le visage pour ouvrir leur bouche. Sur une musique entrainante, on assiste à une série de « découpages » les plus originaux les uns que les autres.
Mais le clou du spectacle était un peu plus loin : pour finir en beauté avec les programmes Histoire de courts, Le Zola te laisse les clés avait invité KOSH. Cet artiste villeurbannais a re-sonorisé à la bouche ce court métrage avec brio, après avoir distillé non sans humour une enthousiasmante leçon de human beat box.
Le lien entre image et son était le fil rouge du programme ; la soirée s’est conclue de fort belle manière avec du son live au service de l’image.
