Rire Godot, Beckett en burlesque

Hier s'ouvrait la saison des Célestins à Lyon avec En attendant Godot de Beckett, mis en scène par Jean-Pierre Vincent. Les photographies de Raphael Arnaud sont issues du site officiel.

Enfin ! Voila un événement inattendu !

Si Beckett d'ordinaire est mis en scène de façon très sombre et froide voila que Jean-Pierre Vincent nous offre une vision nouvelle de cette pièce !

Dès le premier acte, Vladimir et Estragon, un de ces fameux couples beckettien, se trouvent mis en scène dans ce qui paraît comme un désert à la lumière incertaine. L'arbre est présent bien évidemment ! Très fidèle au texte, Jean-Pierre Vincent a toutefois su lui donner une flamme qui souvent était négligée: la vivacité. Les personnages sont souriants, ils jouent avec l'espace scénique, ils s'amusent à être ensemble et à être différents. Les deux compères sont proches, ils s'enlacent, se chamaillent, se réconfortent et une relation bien particulière semble établie entre eux comme celle présente chez les clowns. Ils n'hésitent pas à jouer avec le public, quittant le sable pour rejoindre le bord de scène et lancer quelques répliques à notre adresse et certains des mots de Beckett prennent sens comme par magie par ce simple déplacement !

Pozzo aussi possède cette énergie, il est ce riche aristocrate aux couleurs chatoyantes et à la voix presque divine qui s'affirme dans un décalage burlesque, cet -infiniment grand- se rabaisse à des actions ridicules lors de ses prises de parole. Lucky, son esclave, reste silencieux et effacé mais son monologue nous laisse sans voix, il joue avec les tons, avec les sons et nous offre une belle démonstration de force orale.

Jean-Pierre Vincent n'hésite pas à donner du crédit à l'univers qui entoure les personnages, il met en place des systèmes de lumières plus ou moins vives, une bande son discrète qu'il n'hésite pas à couper pour montrer ce qu'est le vrai silence auquel les personnages ont souvent affaire. Dans le même temps, il montre que c'est une histoire pleine de sens et d'actions, ce n'est pas le récit de l'ennui c'est le récit de la fuite de l'ennui par la distraction. Dès lors on observe des références multiples et notamment par le comique de gestes ou de répétition (d'ailleurs soulignons que Beckett aimait énormément Charlot, Buster Keaton et Laurel et Hardy) !

Pour conclure, c'est une oeuvre vivante qui permet d'appréhender le sujet de Beckett avec plus proximité, c'est une pièce actuelle qui tend à jouer avec le spectateur tout en le faisant réfléchir au pourquoi des personnages. L'adaptation qui pourrait sembler s'éloigner de l'écrit lui est pourtant extrêmement fidèle et c'est avec beaucoup de respect pour Beckett que Jean-Pierre Vincent a choisi de donner vie à En attendant Godot en prenant en compte les goûts et origines de l'auteur.

Actuellement aux Célestins !

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X