Mise en scène : Yael Ronen et la compagnie, jouée les 27 et 28 octobre aux Célestins à l'occasion du festival Sens Interdits.
Si j'ai du prendre mon courage à deux mains pour parler déjà du Songe de Sonia puis de Hate Radio, je dois de nouveau reprendre mes armes pour écrire sur Common Ground.
Une fois n'est pas coutume, Sens Interdits nous laisse sans voix, sans les mots pour parler de l'indicible. Tout comme dans Hate Radio nous avons un contexte historique très fort, un monde, un XXème siècle anthropophage. Common Ground c'est la surinformation, la banalisation de l'histoire et le récit de l'ex Yougoslavie, la difficulté à trouver son identité, à trouver ses origines et à faire face au passé et aux autres, eux-même descendants d'oppresseurs ou d'oppressés. C'est un voyage dans l'acceptation, dans la découverte de soi et de l'autre mais avant tout dans le souvenir de l'horreur.
Un groupe d'ex-Yougoslaves, juifs, allemands décident de retourner dans leur ville natale qu'ils ont du fuir durant la guerre et où ils étaient exterminé. Se pose alors la question de ce qu'est un génocide et de ce qu'est un procès pour crime contre l'humanité par le biais de ces réminiscences. Les personnages se rencontrent, sont mal à l'aise, retranscrivent dans la bonne humeur leur bonheur de retrouver leur terre et d'être au milieu des leurs et pourtant... On passe vite de l'ambiance festive et musicale à un chaos et la dévoration de l'espoir par la mémoire.
Une pièce encore une fois magnifique et bouleversante qui nous marque et nous donne à réfléchir sur le monde d'hier mais aussi sur le monde d'aujourd'hui, sur la capacité des médias à banaliser l'atrocité et à nous pousser à nous concentrer sur des "événements mondiaux" (sportifs ou autre) plutôt qu'à nous inquiéter de voir des populations s'entretuer et être décimées sans que personne n'intervienne.
