DERNIER TRAIN POUR BUSAN de Yeon Sang-Ho

Film fantastique à tous points de vue !

Je ne suis jamais allé voir un fil de zombie, et n’ai d’ailleurs pas l’intention d’aller en voir d’autres mais celui là venait avec une réputation flatteuse suite à sa projection à Cannes hors-compétition et était précédé de critiques élogieuses de la part de journaux qui d’habitude n’accorde pas une seule ligne à ce genre de films. Car évidemment si c’est un film de zombies au sens où il y en a des meutes et qui attaquent les passagers du train, c’est surtout un film où s’entremêlent de nombreuses réflexions sur le comportement humain face au danger, sur l’amour parental et filial et sur le sens du sacrifice. Il y a également au moment où la crise prend corps au début du film, quelques minutes cinglantes sur les autorités politiques représentées par un présentateur télé qui débite des informations rassurantes alors que les images qui défilent derrière lui ne sont que chaos !

Il n’est pas question de raconter le film au risque de dévoiler les nombreux rebondissements qui en font tout le sel et qui emmènent le spectateur par le bout du nez jusqu’à la scène finale.

Mais on peut dire, sans rien révéler, que l’on ne s’ennuie pas une seconde, et, pour rassurer les spectateurs peu enclins aux morts-vivants, que même si les scènes avec les zombies sont forcément un minimum sanglantes, elles ne provoquent aucune frayeur ni effroi, plutôt parfois un regard amusé. Mais elles participent au suspens permanent qui accroche le spectateur à son siège jusqu’à la dernière minute.

Galerie de portraits

Un cadre supérieur d’une banque est à la fois confronté à des difficultés dans la gestion de certains portefeuilles boursiers stratégiques dans la biotechnologie et à son incapacité à s’occuper de sa petite fille dont il souhaiterait avoir la garde mais qu’il va être obligé d’emmener chez sa mère. La scène de l’anniversaire va définitivement annihiler sa volonté et lui faire accepter la demande pressante de sa fille de rejoindre sa maman. Nous voilà donc embarqué dans ce TGV coréen.

On y retrouve une véritable galerie de portraits qui vont s’affronter ou s’épauler tout au long de ce voyage de la dernière chance. La figure du salaud ultime prêt à tout pour sauver sa peau, d’autant plus détestable, qu’il abuse, en tant que chef d’entreprise, de sa capacité à imposer son point de vue et à convaincre la masse silencieuse de faire corps autour de lui. Le bourru costaud et rugueux, semblant au départ peu coopératif, et qui se révèle peut-être le plus humain – la manière dont il est aux petits soins avec sa jeune épouse enceinte est déjà un signe – et sans conteste le plus courageux. Les ados chamailleurs qui dénient leur attirance réciproque et qui dans ces moments de tension et de peur tombent dans les bras l’un de l’autre. La vieille fille qui s’est toujours effacée face aux autres et à qui sa sœur, avec qui elle voyage, répète sans arrêt qu’elle devrait enfin penser à elle ; leur relation nouera un moment clé du film.

Et bien sûr le père qui face à sa fille, face au danger, confronté aux autres et à leurs actions, évolue par petites touches. Au départ, trader égocentrique, en permanence pendu au téléphone avec son adjoint, ce qui nous vaut quelques scènes décalées, il va bien sûr s’humaniser, sentir à un moment critique la force de la solidarité, et petit à petit devenir une des chevilles ouvrières de la lutte contre les zombies ; et bien évidemment mettra tout en oeuvre pour tenter de conduire sa fille à bon port.

Le tour de force du réalisateur est bien sûr de nous faire vibrer avec un film aux sentiments poignants, qui fouille l’âme humaine, tout en nous plongeant dans un carnage de morts-vivants qui de son côté nous maintien en haleine. Coincé en permanence entre émotion et tension.

Ce qui est assez étonnant c’est que Yeon Sang-Ho n’a fait jusqu’à ce film que des court-métrages ou long-métrages d’animation. Réussite totale pour cette première tentative ! Mais il est déjà retourné à l’animation, avec sa nouvelle oeuvre, Seoul Station : des habitants de la capitale coréenne qui essayent de survivre à une épidémie de zombies …

A Grenoble en ce moment, La Nef ou Pathé-Chavant

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