Les salles de cinéma ouvrent à nouveau leurs portes en Arabie saoudite

Après 35 ans d’interdiction, les salles de cinéma sont de nouveau autorisées au royaume wahhabite. La nouvelle suscite l’espoir de la population et des professionnels du monde de la culture, longtemps réduits au silence.

« It is a beautiful day in #SaudiArabia ! », avait twitté Haifaa al-Mansour, première cinéaste femme de l’Arabie saoudite, le 11 décembre dernier, lorsque les autorités saoudiennes ont annoncé la levée de l’interdiction des salles de cinéma dans le pays.
Un enthousiasme partagé par Ahmed al-Mulla, fondateur du Saudi Film Festival à Dammam, dont la cinquième édition aura lieu en mars. « Montrer des films ouvre une société. C’est notre but et je souhaite que les autorités fassent encore un pas de plus, par exemple, supporter les réalisateurs saoudiens, créer des écoles de cinéma, organiser des stages et protéger la création cinématographique », a-t-il déclaré sur RFI.
Leur optimisme n’est pas infondé. Après avoir autorisé les femmes à conduire et assister à des matches de foot, l’Arabie saoudite poursuit ses réformes sociales surprenantes. Dans la dynamique du plan 2030, initié par le jeune prince héritier Mohammed ben Salmane, les premières salles de cinéma devraient ouvrir dans le pays en mars.


Révolution économique et culturelle

Le gouvernement a d’ores et déjà commencé à accorder des licences commerciales. D’ici 2030, le pays devrait compter quelque 300 salles de cinéma et 2 000 écrans de projection, selon les informations du ministère de la Culture et de l’Information. Les autorités estiment que le secteur pèsera 24 milliards de dollars (20 milliards d’euros) et créera 30 000 emplois directs et 130 000 emplois indirects.
La mesure devrait changer radicalement le quotidien des Saoudiens, en particulier celui des moins fortunés. Jusqu’ici, les citoyens du royaume qui souhaitent regarder un film devaient se rendre à l’étranger, les cinémas étant interdits en Arabie saoudite depuis les années 1980. Mais la population s’attend à des changements encore plus importants.
Pour Ahmed al-Mulla, l’ouverture de nouvelles salles ne fait qu’annoncer des progrès majeurs en matière de liberté d’expression et liberté de la presse. « Je pense que ce mouvement est en marche. Et j’espère que cette évolution sera solide. Les derniers 30 ans, on a beaucoup lutté. Il y avait toujours cette question s’il fallait partir pour être heureux. Aujourd’hui, il y a un changement. Il y a de l’espoir et un message fort pour l’avenir. Je suis sûr qu’on se dirige d’une manière saine vers 2030 », estimait-il sur RFI.

Les acteurs internationaux vivement intéressés

A l’étranger, la nouvelle n’a pas manqué de susciter les appétits. Le 12 décembre, le Fonds souverain saoudien (PIF) a signé un accord avec AMC Entertainment Holdings, le plus gros exploitant de salles de cinéma américain. Tandis qu’un exploitant de Dubaï, Majid al-Futtaim, propriétaire de la chaîne VOX Cinemas, a déclaré son intention d’ouvrir des salles en Arabie saoudite.

Le PIF estime que le marché cinématographique saoudien pourrait peser 1 milliard de dollars par an. De quoi attirer d’autres acteurs internationaux, notamment la France, deuxième exportateur de films derrière les États-Unis. Après avoir réalisé leur pire score depuis dix ans au box-office international, avec 34 millions d’entrées en 2016, le cinéma tricolore a retrouvé en 2017 sa moyenne des 10 dernières années. Et son avenir, comme celui de beaucoup de ses concurrents, pourrait en partie se jouer dans le royaume wahhabite.

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