Les répétitions du ballet « Exchange » de Merce Cunningham, qui sera à l’affiche de l’Opéra de Lyon du 9 au 11 novembre prochain, sont presque terminées. Mercredi 17 octobre, la Brigade du Ballet de l’Opéra de Lyon était là pour attester du travail des danseurs qui répond aux exigences de cette pièce composée de tableaux successifs qui mettent en scène des séquences gestuelles dont l’enchaînement, laissé au hasard, est source de beauté et d’émerveillement.
30 danseurs du Ballet de l’Opéra nous ont ouvert leur studio de répétition et nous ont permis d’assister à leur travail.
Nous étions 8 à bénéficier de ce privilège, obtenu grâce à notre très éphémère place au sein de la Brigade du Ballet.
Notre mission ?
Témoigner de leur travail par l’image, le dessin, le texte.
Retranscrire la richesse que constituent leurs différences culturelles, la diversité de leurs personnalités et qui leur permet de donner libre cours à l’inspiration qui leur est demandé pour interpréter ce ballet sans argument, dont l’ordonnancement des séquences gestuelles est laissé au hasard, comme le voulait Merce Cunningham.
C’est un chorégraphe qui privilégie le langage et dont les principes créatifs sont basés sur l’absence de subjectivité et l’autonomie de la danse par rapport à la musique.
La répétition se fait donc dans le silence, sans la musique qui accompagnera le spectacle et que les danseurs ne connaissent pas.
Ils sont très concentrés, comptent leurs pas pour préparer leurs changements de trajectoire car ils ne disposent pas des repères que leur donnent classiquement le tempo d’un rythme, les modulations d’une mélodie, les changements de registres musicaux.
A nous de disserter sur cette contrainte absolue exercée par les danseurs sur leurs corps pour exprimer de la manière la plus limpide possible le propos du chorégraphe.
Ils travaillent l’excellence et atteignent la perfection en décomposant le mouvement, la gestuelle.
Ils recommencent et recommencent sans cesse telle partie de figure.
Ils répètent, répètent et répètent encore tel enchaînement.
Ils reprennent telle posture, l’étirent encore, la rectifient, l’ajustent, l’alignent.
Et nous les admirons car ils prennent des risques, physiques certes, mais pas seulement.
Chacun d’entre eux a de l’ambition mais il n’existe pas de hiérarchie entre eux et c’est ce qui donne son équilibre à la troupe. Et sa cohésion.
Le studio de répétition est inondé de soleil, la vue sur Lyon est sublime et les danseurs semblent heureux : ils accomplissent leur rêve dans un cadre magnifique et nous émerveillent par la grâce de leurs gestes, la fluidité de leurs déplacements, la beauté de leurs mouvements.
Composition qui a pour but de nous engager à réfléchir sur la complexité des échanges entre les humains qui, s’ils transcendent nos oppositions, donnent naissance à l’harmonie.
