Houellebecq, Sérotonine : portrait d'une France en dépression.

Entre alcoolisme, crise agricole et soirées clopes dans des établissements hôteliers glauques Houellebecq nous propose de vivre le marasme quotidien d'une manière romancée, et ça marche.

Je ne connais pas Houellebecq. Quand je dis que je ne le connais pas, c’est que mise à part sa tête d’écrivain épuisé par la lourdeur de vivre, je ne connais ni son oeuvre, ni ses frasques publiques. Sérotonine est ma première lecture houellebecquienne, et peut-être est-ce plus simple ainsi.

Quand on lit un Houellebecq, on ne lit pas qu’une histoire m’a-t-on dit un jour, on lit une fresque où les personnages sont au service d’une analyse du monde qui nous entoure, et c’est assez vrai. Houellebecq a su parfaitement retranscrire l’ambiance morose de la France périurbaine en 2018 ; certains évènements du livre sont même assez saisissants, en cela qu’ils prophétiseraient presque le mouvement des gilets jaunes.

Quant au héros du roman, ingénieur agronome dépressif, homophobe et masculiniste, on comprend assez vite que sa vie n’est, à plus de quarante ans, qu’une suite d’échecs affectifs. Si l’on devait résumer le livre, on pourrait dire que c’est l’histoire du voyage pathologique d’un type qui a décidé d’une dernière introspection sur lui-même.

Les femmes de l’ouvrage, elles, sont tantôt salopes, tantôt saintes ; parait-il que c’est aussi une constance houellebecquienne. Si on comprend ce point de vue quand on se place du côté du narrateur, on ne peut que s'interroger sur l’intérêt de dépeindre de tels portraits, si réducteurs. Néanmoins, si on peut reprocher à l’écrivain une misogynie passive agressive, on ne pourra pas l’accuser de nous inciter à ressentir de la sympathie pour le narrateur. Tout au plus on devient indulgent avec lui, puisque ce n’est qu’un livre.

Au final, si vous voulez vous glisser dans la dépression d’un quadra frustré, qui observe apathique la chute de la puissance paysanne française dans le marasme d’une région agricole (sans avenir autre que touristique), lisez-le : ça reste un livre très bien foutu.

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