Superflic contre superfafs
ECRANS le Mardi 30 novembre 1999 | par Dorotée Aznar
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Chaque semaine, en un coup d'oeil, tous les programmes. un outil pratique et complet pour constituer sa semaine de sorties à Lyon
Près d’un quart de siècle après avoir répandu une odeur de soufre à Cannes grâce à Basic Instinct, Paul Verhoeven est donc revenu sur la Croisette dégourdir des jambes un peu ankylosées par dix années d’inactivité, escortant un film doté de tous les arguments pour séduire le jury ou, à défaut, le public français : un thriller sexuel adapté de Philippe Djian et porté par Isabelle Huppert.
Titré comme une comédie de Blake Edwards (1979) avec Bo Derek et Dudley Moore, le Elle de Verhoeven ne prête pas à sourire : l’héroïne Michèle — qui assume déjà depuis l’enfance d’être la fille d’un meurtrier en série — se trouve violée chez elle à plusieurs reprises par un inconnu masqué. Mais comme c’est Huppert qui endosse ses dentelles lacérées, on se doute bien qu’elle ne subira pas le contrecoup normal d’une telle agression (effondrement, rejet de soi, prostration etc.), et se bornera à afficher une froideur indifférente à tout et à tous — sa fameuse technique de jeu “plumes de canard”, les événements petits ou gros glissant en pluie égale sur ses frêles épaules, lui arrachant au mieux un “oh…” surpris…
Son personnage est-il plus détraqué que celui du maniaque qui l’agresse ? Il ne faut guère plus de deux minutes pour se convaincre que Michèle est insane. Pourtant, jamais le film n’arrive à instiller de réel sentiment de trouble, ni à rendre inquiétant son comportement ou à laisser la place à l’incertitude. Tout est clinique, uniforme et unichrome (le décor semble assorti à sa carnation) ; mêmes les rares séquences fantasmées n’arrivent pas à s’échapper du carcan du réel.
ECRANS le Mardi 30 novembre 1999 | par Dorotée Aznar
Et pourtant, Verhoeven ne renâcle pas à user d’effets : la bande originale, réussie, ne lésine pas sur les cordes pour rappeler que l’on se situe bien dans un thriller. On se prend à rêver du même sujet malaxé par Haneke : l’insignifiant aurait été rendu suspect, la culpabilité aurait rejailli par les moindres interstices ; et peut-être qu’Huppert aurait donné davantage de folie, de menace, de détresse, de vice ou de sensualité. Loin de provoquer une rixe entre ses partisans et ses défenseurs, l’absence d’Elle au palmarès a suscité un silence pudique. On comprend pourquoi.
Elle de Paul Verhoeven (Fr/All, int.-12 ans, 2h10) avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Virginie Efira…
Près d’un quart de siècle après avoir répandu une odeur de soufre à Cannes grâce à Basic Instinct, Paul Verhoeven est donc revenu sur la Croisette dégourdir des jambes un peu ankylosées par dix années d’inactivité, escortant un film doté de tous les arguments pour séduire le jury ou, à défaut, le public français : un thriller sexuel adapté de Philippe Djian et porté par Isabelle Huppert.
Titré comme une comédie de Blake Edwards (1979) avec Bo Derek et Dudley Moore, le Elle de Verhoeven ne prête pas à sourire : l’héroïne Michèle — qui assume déjà depuis l’enfance d’être la fille d’un meurtrier en série — se trouve violée chez elle à plusieurs reprises par un inconnu masqué. Mais comme c’est Huppert qui endosse ses dentelles lacérées, on se doute bien qu’elle ne subira pas le contrecoup normal d’une telle agression (effondrement, rejet de soi, prostration etc.), et se bornera à afficher une froideur indifférente à tout et à tous — sa fameuse technique de jeu “plumes de canard”, les événements petits ou gros glissant en pluie égale sur ses frêles épaules, lui arrachant au mieux un “oh…” surpris…
Son personnage est-il plus détraqué que celui du maniaque qui l’agresse ? Il ne faut guère plus de deux minutes pour se convaincre que Michèle est insane. Pourtant, jamais le film n’arrive à instiller de réel sentiment de trouble, ni à rendre inquiétant son comportement ou à laisser la place à l’incertitude. Tout est clinique, uniforme et unichrome (le décor semble assorti à sa carnation) ; mêmes les rares séquences fantasmées n’arrivent pas à s’échapper du carcan du réel.
ECRANS le Mardi 30 novembre 1999 | par Dorotée Aznar
Et pourtant, Verhoeven ne renâcle pas à user d’effets : la bande originale, réussie, ne lésine pas sur les cordes pour rappeler que l’on se situe bien dans un thriller. On se prend à rêver du même sujet malaxé par Haneke : l’insignifiant aurait été rendu suspect, la culpabilité aurait rejailli par les moindres interstices ; et peut-être qu’Huppert aurait donné davantage de folie, de menace, de détresse, de vice ou de sensualité. Loin de provoquer une rixe entre ses partisans et ses défenseurs, l’absence d’Elle au palmarès a suscité un silence pudique. On comprend pourquoi.
Elle de Paul Verhoeven (Fr/All, int.-12 ans, 2h10) avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte, Virginie Efira…
Crédit Photo : © DR
De Paul Verhoeven (Fr-All, 2h10) avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte...
De Paul Verhoeven (Fr-All, 2h10) avec Isabelle Huppert, Laurent Lafitte...
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Michèle fait partie de ces femmes que rien ne semble atteindre. À la tête d'une grande entreprise de jeux vidéo, elle gère ses affaires comme sa vie sentimentale : d'une main de fer. Sa vie bascule lorsqu’elle est agressée chez elle par un mystérieux inconnu.
voir la fiche du filmECRANS par Dorotée Aznar le Mardi 30 novembre 1999 | L’Épouvantable vendredi de l’Institut Lumière ne fait plus peur, mais il fait réfléchir : en programmant une nuit Robocop dont le premier volet, signé Paul (...)
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