Quelle place pour les pratiques culturelles des amateurs

Élections Municipales / "Pratiques amateures ou élitisme ?" Bien sûr, posée comme telle, la question ne mérite pas d'exister car les candidats et candidates n'ont pas le désir de privilégier l'un au détriment de l'autre. Pourtant, au cours du débat organisé par Le Petit Bulletin et Rue89Lyon, des promesses ont pu inquiéter à force de mélanger l'enseignement artistique et l'excellence créative.

Tous d'accord pour sanctifier le budget lyonnais de la Culture (sauf la candidate RN qui a pratiqué la politique de la chaise vide lors de ce débat), les candidats visent tous à rééquilibrer sa répartition. Et si Grégory Doucet a affirmé vouloir « trouver un bon équilibre entre l'excellence nécessaire et la proximité tout autant nécessaire » et qu'il n'a pas oublié — comme plus tard Jean-Yves Sécheresse qui s'exprimait au nom de la liste LREM de Gérard Collomb et Yann Cucherat — de rappeler la place des artistes et des créateurs « qui ont un rôle fondamental pour faire vivre un projet de société respectueux de la planète pour qu'ils nous aident à penser le futur », il a ensuite martelé que tous les enfants de maternelle devaient avoir un référent culturel. Illustrant ainsi la confusion entre le temps de création des artistes et ce qui leur est demandé de manière croissante en termes de pédagogie, au risque que le temps pour leur activité de création s'en trouve trop amoindri pour être menée à bien. Olivier Neveux le rappelait à bon entendeur dans Contre le théâtre politique (La Fabrique), constatant que « l'artiste doit en quelque sorte expier son art. (…) Il palliera ou tentera de pallier les échecs politiques ; il adoucira les fractures sociales ». Éric Piolle, maire écologiste de Grenoble, a fait la démonstration de cette confusion, qu'a fustigé très vite Joël Pommerat dans une tribune parue dans Libération en 2016.

Au service de...

Grégory Doucet l'affirme lors de ce débat : « la place de la culture doit être transversale, dans l'éducation. Je souhaite qu'on puisse remettre des résidences d'artistes dans les écoles et notamment maternelles car il faut commencer dès le plus jeune âge à travailler le sensible avec les enfants. La culture doit aussi être dans le social. Le droit d'exercice des droits culturels est aussi important que le droit au logement, à un travail et on doit mettre la culture dans les parcours d'insertion. Elle est importante aussi dans l'économie : soutien aux entrepreneurs culturels. La culture partout et notamment pour partager notre projet de transition écologique ».
Étienne Blanc (LR) souhaite lui créer Influence, une barge entre l'Hôtel-Dieu et Perrache sur le Rhône, « pour accueillir des activités nouvelles ». Sandrine Runel promet, dans son programme, « d'associer et stimuler le milieu associatif » pour « favoriser la pratique et la création artistique » selon cet argument incontestable a priori : « la politique culturelle devra inclure l’ensemble des populations : jeunes, personnes âgées, populations migrantes, personnes en situation de handicap, etc. » Mais il n'est pas question de déshabiller l'un au profit de l'autre. M. Doucet a la solution du financement de ce qu'il avance avec « la mise en place d'un budget participatif pour que les habitants puissent mettre en œuvre des projets culturels dans leur quartier, leur rue. Il est prévu que ce budget (5% du budget d'investissement de la Ville) vienne compléter le budget de la culture », proposant que les bibliothèques deviennent des tiers-lieux (alors même qu'elles furent le terreau des tiers-lieux avant même que le nom n'apparaisse) !

Enfin, du côté de la gauche de Nathalie Perrin-Gilbert, l'artisanat et les pratiques amateures sont aussi au cœur de son projet culturel. Alors qu'elle dénonce un manque d’excellence des théâtres lyonnais (et oui, il est toujours possible de faire mieux quand on constate que c'est le CDN de Valence qui propose en Rhône-Alpes le plus remuant de la scène internationale), elle souhaite conserver dans le giron de la municipalité l'ancienne École Nationale Supérieure des Beaux-Arts afin de la dédier « aux pratiques culturelles artistiques et aux métiers liés à la culture ».

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