Little big man
SCENES le Mardi 30 novembre 1999 | par Nadja Pobel
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Elle plie le linge de son fils sans nervosité particulière. Tout est calme si ce n'est sa petite sœur un peu survoltée qui lui annonce, par voies détournées, qu'elle est enceinte. Peut-être que ces vêtements, elle pourra les récupérer pour son petit à venir ? Non, il ne vaut mieux pas. Tout n'est pas si simple et déjà ça grince. Le texte de l'Américain David Lindsay-Abaire est ainsi construit : par strates, presque par devinettes car il traite de l'indicible : la mort d'un enfant.
Dans cette entame de spectacle, ce procédé narratif s'avère un tantinet lénifiant, car dans cette maison de la middle class US, les sujets de conversation sont pauvres : offrir un set de salle de bain, jouer au tennis... Peu à peu l'intrigue va se densifier pour se resserrer autour de ce sujet tragique et les comédiens, de concert, vont s'engouffrer plus puissamment dans leur rôle. Claudia Stavisky, qui persiste avec raison à imposer sur le plateau des Célestins des auteurs vivants, contemporains, souvent anglophones (Harrower, Barker, Skinner...) trouve là une matière sobre, qui est universelle (le chagrin) mais ne prétend pas être une métaphore de quoi que ce soit ; ainsi la metteure en scène ne boursoufle pas le plateau avec des niveaux de lectures imaginaires. Fidèle à ce qu'elle a construit autour de Roland Schimmelpfennig (époque La Femme d'avant et même la trilogie du Dragon d'or), elle joue d'un décor à embrasures avec des structures de bois laissant poindre le dehors ; ses personnages déjà bien asphyxiés par leur existence ne sont ainsi pas enfermés. Seules les projections vidéo de l'ombre de l'enfant en pleine course alourdissent ce qui, au fil du récit, se dévoile avec plus de tact.
SCENES le Mardi 30 novembre 1999 | par Nadja Pobel
Entourés d'acteurs solides (Patrick Catalifo, Lolita Chammah...), Julie Gayet - puisque c'est sur et malgré elle que repose le lancement de la saison théâtrale lyonnaise - parvient à trouver un ton d'une simplicité assez juste pour figurer la perpétuation de l'existence malgré l'hébétude constante et intérieure. Les joutes avec sa sœur, son mari, sa mère ne sont que des éclats très brefs sur lesquels la comédienne ne s'attarde pas, laissant ainsi une chance de survie à son personnage, qui comme les autres, trouve une rédemption un peu trop attendue dans un final sans surprise mais qui ne gâche pas une soirée de théâtre bien dosée.
Rabbit Hole
Aux Célestins jusqu'au 8 octobre
Elle plie le linge de son fils sans nervosité particulière. Tout est calme si ce n'est sa petite sœur un peu survoltée qui lui annonce, par voies détournées, qu'elle est enceinte. Peut-être que ces vêtements, elle pourra les récupérer pour son petit à venir ? Non, il ne vaut mieux pas. Tout n'est pas si simple et déjà ça grince. Le texte de l'Américain David Lindsay-Abaire est ainsi construit : par strates, presque par devinettes car il traite de l'indicible : la mort d'un enfant.
Dans cette entame de spectacle, ce procédé narratif s'avère un tantinet lénifiant, car dans cette maison de la middle class US, les sujets de conversation sont pauvres : offrir un set de salle de bain, jouer au tennis... Peu à peu l'intrigue va se densifier pour se resserrer autour de ce sujet tragique et les comédiens, de concert, vont s'engouffrer plus puissamment dans leur rôle. Claudia Stavisky, qui persiste avec raison à imposer sur le plateau des Célestins des auteurs vivants, contemporains, souvent anglophones (Harrower, Barker, Skinner...) trouve là une matière sobre, qui est universelle (le chagrin) mais ne prétend pas être une métaphore de quoi que ce soit ; ainsi la metteure en scène ne boursoufle pas le plateau avec des niveaux de lectures imaginaires. Fidèle à ce qu'elle a construit autour de Roland Schimmelpfennig (époque La Femme d'avant et même la trilogie du Dragon d'or), elle joue d'un décor à embrasures avec des structures de bois laissant poindre le dehors ; ses personnages déjà bien asphyxiés par leur existence ne sont ainsi pas enfermés. Seules les projections vidéo de l'ombre de l'enfant en pleine course alourdissent ce qui, au fil du récit, se dévoile avec plus de tact.
SCENES le Mardi 30 novembre 1999 | par Nadja Pobel
Entourés d'acteurs solides (Patrick Catalifo, Lolita Chammah...), Julie Gayet - puisque c'est sur et malgré elle que repose le lancement de la saison théâtrale lyonnaise - parvient à trouver un ton d'une simplicité assez juste pour figurer la perpétuation de l'existence malgré l'hébétude constante et intérieure. Les joutes avec sa sœur, son mari, sa mère ne sont que des éclats très brefs sur lesquels la comédienne ne s'attarde pas, laissant ainsi une chance de survie à son personnage, qui comme les autres, trouve une rédemption un peu trop attendue dans un final sans surprise mais qui ne gâche pas une soirée de théâtre bien dosée.
Rabbit Hole
Aux Célestins jusqu'au 8 octobre
Crédit Photo : © Simon Gosselin
De David Lindsay-Abaire, ms Claudia Stavisky, 1h50. Un couple qui a perdu accidentellement son fils de 4 ans tente de se reconstruire. Célestins, théâtre de Lyon 4 rue Charles Dullin Lyon 2e
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
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