Sorcières, made in XXIe siècle

Le monde renversé

Théâtre du Point du Jour

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Théâtre / Dans un spectacle foutraque, parfois trop tendre, les quatre filles du collectif Marthe empoignent la question des sorcières au Moyen-Âge avec une vitalité et une intelligence néanmoins remarquable. Pour nous raconter ce qu'être une jeune femme veut dire au XXIe siècle. 

Ce ne serait pas leur faire offense que de sentir que ce spectacle - leur premier - est daté post #metoo. Bien sûr et heureusement que le mouvement salvateur qui a déferlé sur la planète ne résume pas Le Monde renversé. Il n'est nullement question de mode, mais d'un propos à défendre haut et fort, celui de la monstration de la persécution des femmes en ce bas monde via Caliban et la sorcière de Silvia Federici (1984). D'emblée, pour accéder à la salle, des affiches sont à lire. Les mots « sabbat », « consultation », « potion » maculent le plateau. Il y a, en pleine lumière, une introduction, tout comme il y aura ensuite une conclusion (peu utile) à ce travail. Les quatre actrices formées et qui se sont liées à l'École de la Comédie de Saint-Étienne, se mettent en scène et attaquent par Marx : « sa Théorie est incomplète » disent-elles. Aux éléments de l'accumulation du capital, elles ajoutent « le ventre des femmes, terreau de résistance car il devient producteur ». « La propriété est aussi un viol, pas qu'un vol ».

Bartholin, Skene et les autres

Elles ne vont ainsi pas cesser de faire des allers-retours entre le tournant du XXe siècle (et le capitalisme naissant), cette Marthe du XIIIe (brûlée car elle entendait des voix) et ce qu'elles sont aujourd’hui, description d'un examen gynéco compris à l'instar d'Alice Vannier dans 5 4 3 2 1 J'existe. Il est aussi question des glandes du vagin (qui portent le nom de médecins hommes, de cystite, mycose et autres joies bien partagées pour une grosse moitié de l'humanité).

Que cette génération féminine s'empare de cela est plutôt réjouissant, même si ça ne peut suffire à faire un spectacle. C'est là où pèche Le Monde renversé : elles ont trop décousu leur texte, trop convoqué de références, voulu trop en dire, être trop didactiques (l'explication de la sexualité par Foucault) et pour faire exister les séquences, elles les jouent parfois trop fort, les étirent un chouia. Elles concèdent qu'elles « ne réussissent pas tout » mais elles essayent avec joie. Si Le Monde renversé n'est pas totalement convaincant, il porte en germe une équipe artistique à suivre par son audace dans le propos, sa frontalité avec son sujet.

Demain, le quatuor n'aura peut-être plus besoin de s'appuyer sur ces penseurs pour faire théâtre de ce qui les anime. On sera aux premières loges.

Le Monde renversé
Au Point du Jour (programmation des Célestins) du mercredi 15 au vendredi 24 mai

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