Foreztival (Loire) / Le Foreztival revient en août 2018 après une année de pause. Proposant une programmation musclée, le festival ligérien le plus chaud de l'été est taillé comme les plus grands. Sélection de quatre bonnes raisons d'y faire un saut.
Ayo : joie communicative
Si Ayo signifie "joie" en Yoruba, en voyant sur scène Joy Olasunmibo Ogunmakin, on comprend pourquoi ce surnom va si bien à cette chanteuse. Sourire aux lèvres, générosité sans pareille, Ayo est une artiste que l'on aime pour cet amour de la vie qu'elle partage si bien. On l'avait un peu perdue de vue jusqu'en 2017, année de la sortie de son nouvel album, simplement intitulé Ayọ. Si l'on doit avouer que cet opus ne nous a pas transcendé, on ne peut que se réjouir du retour sur scène de cette artiste si facile à apprécier. Préparez à recevoir de l'amour plein les oreilles. NB
Le 3 août à Trelins
Roméo Elvis : Bruxelles arrive
Une voix rauque mais chantante, un rap mélodique posé sur les beats du producteur électro Le Motel, voilà la recette suave des deux derniers albums de Roméo Elvis, sobrement intitulés Morale et Morale 2. Rappeur éclectique, ce Bruxellois de 25 ans, fan de Jimi Hendrix, considère le rap comme de la « poésie rythmique ». Roméo Johnny Elvis Kiki Van Laeken, de son vrai nom, n'essaie pas de se faire passer pour le gangster qu'il n'est pas, même si ses textes restent dans les clous du genre. Ne vous méprenez pas : c'est une bête de scène, attendez-vous à le voir faire le pitre avec son crocodile (en plastique) et finir en sueur et torse nu. Soyez vifs les frouzes. Surtout que Le Motel et les compères Caballero & JeanJass sont aussi de la partie Foreztival. LD
Le 4 août à Trelins
Matmatah : « du reuz » à Trelins
« Nous ne voulions pas faire un disque de vieux revenants avec des mélodies calmes et des thèmes assagis » assène Éric Digaire, bassiste de Matmatah. Qu'il se rassure, le retour du groupe breton est loin d'être une petite balade champêtre dans les allées de tilleuls en fleurs. Avec Plates Coutures, un album rêche et puissant, le quatuor a surpris son monde. Revigoré par l'envie de refaire de la musique ensemble, Matmatah n'a pas faibli avec les années. Si La Ouache et Lambé An Dro ont 20 ans d'existence (sortis en 1998), les nouvelles compositions du groupe donnent un joli coup de pied dans la fourmilière et arborent un côté sombre assez fascinant. Un retour à des années lumières des come-back de certains artistes en manque de notoriété ou de monnaie. NB
Le 5 août à Trelins
The Limiñanas : fins limiers catalans
Originaires de Cabestany, dans les Pyrénées-Orientales, Lionel et Marie forment The Limiñanas, un groupe faisant office de phare dans le paysage rock français. Toujours justes, ils enchaînent les albums où se succèdent des invités très variés : Pascal Comelade, Peter Hook, Emmanuelle Seigner, Bertrand Belin ou Anton Newcombe (pour produire leur dernier effort Shadow People). Efficace, la musique du duo revisite le vintage en le sublimant, devenant ainsi des égéries de la pop culture. Sur scène, ça balance pas mal et sur le rythme effréné imposé par Marie à la batterie. Vous êtes prévenu. NB
Le 5 août à Trelins
Rencontre avec Damien Flandin, programmateur du Foreztival dont l'édition 2018 débute aujourd'hui et se tiendra jusqu'à dimanche à Trelins, fief historique de ce festival musical parmi les plus importants du département de la Loire.
Quel est l'historique du festival en quelques mots ?
Damien Flandin : À Trelins, nous sommes un petit village d'irréductibles. Nous avons eu la chance d'avoir une mairie qui a été à l'écoute des jeunes. Nous avons milité depuis de nombreuses années pour obtenir un espace à nous. On a appelé ce lieu « le local » et une association s'est créée pour accompagner les jeunes. De génération en génération, l'association a continué à mettre en place des animations. Nous avons voulu mettre en œuvre un festival car nous étions des amoureux de musique. Nous étions une quarantaine d'amis, assez jeunes, aux alentours de 17 et 18 ans. Nous voulions amener de la culture dans notre région. Nous avons été soutenus par la mairie et plusieurs associations qui nous ont aidés.
Pourquoi avoir choisi de créer un festival au mois d'août ?
Au moment où nous avions déjà bien avancé notre dossier pour la première édition, nous avons appris que le Oulala Festival se montait du côté de Saint-Bonnet-le-Château. Nous avons trouvé ça très bien et nous ne voulions pas entrer en concurrence avec ce projet. Du coup, on a décidé de mettre le festival fin août alors que le Oulala était en juillet.
Cette 14e édition est un peu particulière puisque c'est en quelque sorte le retour du "gros" Foreztival. Vous avez "sauté" une année pour mieux préparer l'édition 2018 ?
Oui, c'est ça. 2016 fut une année où on a perdu un peu d'argent mais nous avions les reins solides pour continuer le projet. En réunion de bilan, nous avons décidé de faire un break car nous en avions tous besoin du côté de l'organisation. Nous avons fait plusieurs événements pendant l'année avec les warm-up et des activités hors-musique. Ce fut en quelque sorte "notre treizième édition" itinérante. De plus, nous avons décidé de structurer davantage l'organisation car nous arrivions à la limite du bénévolat. Nous avons un budget de quasiment 1 million d'Euros. Nous avions seulement une personne embauchée en contrat aidé, ce qui n'est pas suffisant. D'un autre côté, nous voulons respecter les règles de sécurité optimales et pouvoir toujours garantir une organisation de qualité. Nous sommes donc en train de professionnaliser le festival. Nous avons réfléchi pour mieux accueillir le public avec davantage de confort pour le camping et des animations.
« Nous essayons de garder l'éthique que nous avons depuis toujours, à savoir un eclectisme afin que la plupart des gens puissent s'y retrouver musicalement, tout en essayant de suivre l'actu et d'avoir des exclusivités sur la région. »
Concernant la programmation, quelle orientation avez-vous voulu donner à cette édition ?
Nous essayons de garder l'éthique que nous avons depuis toujours, à savoir un eclectisme afin que la plupart des gens puissent s'y retrouver musicalement, tout en essayant de suivre l'actu et d'avoir des exclusivités sur la région. Mais il est toujours compliqué d'établir une programmation selon les disponibilités et les conditions de chaque artiste... Mais ça reste passionnant. Nous y travaillons avec Loïc. Notre ligne directrice suit les tendances en sachant que les Ligériens sont friands de reggae d'où la présence de Groundation, Danakil et Jahnageration. Cette année, nous avons aussi beaucoup de hip hop car c'est une scène très dynamique actuellement. La tête d'affiche du week-end sera assurément Kény Arkana qui a de nombreux liens avec Saint-Étienne car son Dj, DRK, est stéphanois et elle a enregistré son album au studio stéphanois Monstre Gentil de Tony Bakk... Les Belges Caballero & JeanJass, Roméo Elvis aussi. Nous avons rajouté une scène sous chapiteau avec des sound systems. On y retrouve Biga*Ranx, Mango's Hi-Fi, Stand High Patrol... Des noms reconnus qui sortent du simple concept de sound system. Le dimanche sera orienté plus grand public avec notamment Matmatah, Grupo Compay Segundo, The Bloody Beetroots...
Il n'y a plus le festival d'art de rue en parallèle ?
On a perdu ce côté "art de rue" car le site s'y prête moins. Nous avions fait un festival d'art de rue l'année dernière dans le village. Nous aimions beaucoup ce pan du festival mais nous avons choisi de faire venir une troupe qui organise de nombreux jeux, il y a un artiste qui va construire une grande structure, une association qui fera un lâcher de ballons, des mixes en après-midi sur le "village" du festival, etc. Il y aura de nombreuses animations au cœur du site du festival. Mais, même si nous avons arrêté le côté "art de rue" et burlesque dans le village, nous continuons à travailler avec toutes les forces locales et d'autres associations du coin... C'est un point auquel nous sommes très attachés.
« Nous devrions dépasser les 20 000 spectateurs et aller vers une année record. »
Quels sont vos objectifs en terme de fréquentation ?
Nous avons ajouté une scène cette année ainsi qu'un vrai jour de plus de concerts. Notre "break" est plus haut mais nous avons pour objectif d'amortir et de pouvoir dégager un peu de bénéfice. Nous devrions dépasser les 20 000 spectateurs et aller vers une année record. Mais nous souhaitons rester à notre échelle.
Foreztival #14, du 3 au 5 août 2018 à Trelins (à proximité de Boën-sur-Lignon)