Mardi 5 avril 2022 Avec son comparse grolandais Benoît Delépine, Gustave Kervern vient de signer son dixième long métrage mettant en scène deux politiciens (un écolo et un extrême-centriste de droite) collés l’un à l’autre par des féministes pas contentes. Derrière la...
"Poissonsexe" : L'amour en queue de poisson
Par Vincent Raymond
Publié Jeudi 3 septembre 2020

Photo : ©2019 Comme des Cinémas - Tarantula
De Olivier Babinet (Fr.-Bel., 1h29) avec Gustave Kervern, India Hair, Ellen Dorrit Petersen…
Un futur inquiétant, où il ne reste qu’une seule baleine. Scientifique dans un institut de recherches maritimes, Daniel s’échine à essayer de faire s’accoupler des poissons et échoue à trouver l’âme sœur. Son existence change lorsqu’il ramasse sur la plage un poisson mutant doté de pattes…
Initialement prévu le 1er avril sur les écrans, jour ô combien adapté à une fable poissonneuse, ce film avait dû pour cause de confinement rester le bec dans l’eau attendant l’avènement de jours meilleurs. S’il est heureux de le voir émerger, on frémit en découvrant le monde pré-apocalyptique qu'il décrit en définitive aussi proche du nôtre : certains ne prophétisent-ils pas la pandémie comme faisant le lit de la 6e extinction massive ? Guère optimiste, mais comme s’en amusait Gustave Kervern, « je ne joue que dans des films tristes ; je refuse les films gais ».
Au-delà de la boutade, Poissonsexe marie les menaces du conte philosophique d’anticipation et la poésie du parcours sentimental de Daniel, colosse au cœur de fleur bleue égarée dans un monde où amour et procréation sont totalement décorrélés ; où les couleurs froides font écho aux relations du même tonneau.
Après la parenthèse lumineuse que constituait son documentaire Swagger, Olivier Babinet renoue donc avec les itinéraires tourmentés d’anti-héros tragi-comiques — voir son premier long Robert Mitchum est mort. Il creuse toutefois un sillon autour des personnages plus que solitaires : si habités par leur singularité qu’ils finissent par l’accepter pour la revendiquer. Après tout, il n’a pas tort : une perle rare finit toujours par briller.
pour aller plus loin
vous serez sans doute intéressé par...
Lundi 28 mars 2022 Au moment d’accomplir son devoir civique, le citoyen trouve avec Le Monde d’hier et En même temps deux films entrant spectaculairement en résonance avec les problématiques politiques et politiciennes hexagonales. Quand le cinéma raisonne davantage...
Mardi 25 août 2020 Sortant en salle alors qu’ils assurent chacun “la demi-présidence“ du Festival d’Angoulême — « trop content parce qu’on adore la présidence et les demis » — le 9e long métrage du duo Kervern & Delépine accueille une nouvelle convive, Blanche...
Mardi 25 août 2020 Bienvenue dans un monde algorithmé où survivent à crédit des banlieusards monoparentaux et des amazones pas vraiment délivrées. Bienvenue face au miroir à peine déformé de notre société où il ne manque pas grand chose pour que ça pète. Peut-être...
Lundi 24 septembre 2018 de Benoît Delépine & Gustave Kervern (Fr., 1h43) avec Jean Dujardin, Yolande Moreau, Jean-Benoît Ugeux…
Mardi 15 mai 2018 de Yann Le Quellec (Fr., 1h47) avec Bonaventure Gacon, Anaïs Demoustier, Gustave Kervern…
Mardi 21 novembre 2017 On sait depuis Spider-Man qu’un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Mais comment les assumer si l’on a pas encore conscience d’en posséder un ? Dans Thelma, son éveil chez une jeune femme coïncidera avec la résolution radicale de son...
Mercredi 9 mars 2016 Le millésime 2016 des plus illustres cinéastes grolandais est arrivé, et il n’a rien d’une pochade : derrière son nez rouge de clown, Saint Amour dissimule une histoire d’amour(s) tout en sobriété.
Mercredi 10 septembre 2014 L’errance suicidaire d’un téléopérateur dépressif en maillot de cycliste, où la rencontre entre Houellebecq et le tandem Kervern / Delépine débouche sur un film radical, peu aimable, qui déterre l’os commun de leurs œuvres respectives : le désespoir...