Mardi 1 mars 2022 Huit salles seront labellisées Scènes Découvertes dès septembre. Mais si leur nombre ne bouge pas, deux théâtres sortent du dispositif tandis que le Sonic et le Nid de Poule font leur apparition.
Le Kraspek Myzik : 10 ans d'activisme indie
Par Benjamin Mialot
Publié Mardi 5 mai 2015 - 8580 lectures
Photo : Ales Rosa
Nazca + Wooden beaver
Kraspek Myzik
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
Depuis le début de l'année, le Kraspek Myzik fête son dixième anniversaire. L'occasion de revenir en compagnie de Nicolas Tiran, l'un de ses fondateurs, sur l'histoire de ce singulier «espace de diffusion et de création de musique indépendante». Valentine Martin
L'aventure commence en 2003, avec une association au nom redoutable : Lerocképamort. Elle compte alors trois fondateurs, jeunes et passionnés de musique – Nicolas Tiran, le dernier encore actif, est aujourd'hui son président, autour duquel gravite une trentaine de bénévoles. Dès le départ, leur mission s'impose d'elle-même, nette et sans concession : faire découvrir au public des artistes et des groupes de musique amateurs ou en voie de professionnalisation.
Dans cette idée, Lerocképamort organise des concerts et se lance dans une activité de disquaire. Mais le besoin d'un local se fait rapidement sentir. Deux ans plus tard, l'association acquiert en bas des pentes de la Croix-Rousse le Kafé Myzik, alors vacant et pile dans ses moyens. «On connaissait déjà un peu le lieu avoue Nicolas Tiran. On savait comment il fonctionnait et ce qu'on pouvait en faire». Le Kafé Myzik devient le Kraspek Myzik, une salle de concert à taille très humaine (80 places) doublée d'un espace de vente de disques à l'écart des circuits traditionnels.
Tous les styles de musique y sont représentés, du rap au folk en passant par l'électro. Une incongruité pour une association s'appelant Lerocképamort ?
En fait, lerocképamort décrit plutôt un état d'esprit. Nous n'avons jamais été ancré dans le rock uniquement se justifie le président. Si nous avons appelé l'association comme ça, c'est surtout pour montrer que l'art et la culture indépendante ne sont pas morts. L'esprit rock, c'est de dire que l'on peut tout faire et que toutes les formes artistiques ont voix au chapitre.
Effort collectif
Les débuts du Kraspek sont difficiles. Faute de subvention, le loyer et l'électricité sont payés par le petit bar de l'association et le cachet des artistes repose uniquement sur la billetterie. Son travail depuis reconnu, il est désormais financé par la ville via le label Scène découverte (obtenu en 2012), par la SACEM et ponctuellement par la mairie du 1er arrondissement, notamment au moment du très défricheur festival Plug and Play.
S'il reconnaît que ces aides financières ne sont pas étrangères à la longévité du lieu, Nicolas Tiran souligne toutefois que rien n'aurait été possible sans une équipe soudée et attachée à ses aspirations initiales. Équipe qui s'est, de fait, professionnalisée au fil de la décennie. Les salariés (le premier fut embauché en 2008) sont actuellement au nombre de quatre : un régisseur, un administrateur, un chargé de communication et un programmateur.
Au-delà des activités de diffusion et de distribution, tous concourent également à la mise en lumière de la scène locale – qui constituait à l'origine le gros de la programmation du Kraspek, nombre d'artistes internationaux ayant depuis été séduits par l'atmosphère intimiste de l'endroit.
Par le biais de courtes résidences, les groupes en émergence ayant «besoin d'un regard extérieur, de pouvoir s'entraîner dans des conditions réelles. C'est aussi notre mission de faire évoluer et progresser les projets.» Mais aussi par celui d'opérations plus visibles, à l'instar du tremplin dédié à la chanson française que l'équipe organise depuis sept ans et qui s'est depuis focalisé sur la scène féminine, trop souvent sous-représentée ; Buridane en fut, par exemple, l'une des révélations.
Relance de dix ?
Lorsqu'on franchit un tel cap d'existence, qui plus est en toute indépendance, il convient de fêter l'événement dignement. Dans cette optique, le Kraspek programme depuis le début de l'année une série de dix dates impliquant des artistes qui ont jalonné son histoire – cette semaine Nazca et son folk des prairies – y compris ceux qui ne sont plus de ce monde, à l'instar de Matthieu Côte, auquel un hommage sera rendu.
Pour la suite, le plan est à l'image de la salle : sans prétention. Nicolas Tiran souhaite avant tout pérenniser les postes et relancer la partie boutique, en prenant acte de la mutation du marché discographique, en tête le retour à la mode, depuis l’avènement des musiques électroniques et la prolifération des hipsters, du vinyle. Celui-là même qui figure sur son logo, symbole de l'attachement de toujours du Kraspek à l'objet musical :
Avec le numérique, nous n'avons que des choses dématérialisées. Ce n'est pas que nous sommes contre les téléchargements, c'est juste que l'objet permet aux œuvres artistiques d'être beaucoup plus complètes. Par exemple, dans nos bacs, nous avons des disques avec des pochettes qui ne sont pas du tout standard. Elles peuvent prendre des formes hexagonales ou même être ornées de sérigraphies. D'ailleurs, au début, on organisait beaucoup d'expositions liées à la musique, avec des petits concerts lors des vernissages.
La première date officielle du rocképamort fut ainsi une improvisation confrontant un bassiste et un sculpteur, dans le cadre d'une exposition à la MJC de Villeurbanne. Depuis, le Kraspek a trouvé ses marques. Mais il n'est certainement pas rentré dans le rang.
Nazca + Wooden Beaver
Au Kraspek Myzik dimanche 10 mai
pour aller plus loin
vous serez sans doute intéressé par...
Lundi 14 février 2022 Suite à l'appel à projets lancé par la Ville de Lyon et son adjointe à la Culture, Nathalie Perrin-Gilbert, afin de remettre à plat et éventuellement renouveler le réseau de huit Scènes Découvertes, dix-sept salles de la cité se sont portées...
Mardi 1 février 2022 Après deux ans d'interruptions successives, le Kraspek Myzik s'est vu, à nouveau, contraint de fermer en janvier. L'impact sur le moral et sur l'économie du projet, les annulations en pagaille et le nouvel appel à candidatures pour les Scènes...
Jeudi 4 novembre 2021 La Ville de Lyon a décidé de remettre en jeu le label des huit Scènes découvertes de la cité. Pour chacune d'entre elles, l'enjeu est important tant l'aide financière et la mise en réseau bénéficient à ces structures souvent fragiles mais au travail...
Mardi 14 janvier 2020 Par tous les Saints, comme le temps file. Voilà déjà qu'arrive la 10e édition du festival Plug & Play initié par le Kraspek Myzik, ce nid d'aigle de (...)
Mardi 23 avril 2019 Cela fait une décennie maintenant que le nom de Neeskens apparaît régulièrement dans les agendas des salles lyonnaises. Dix ans que la notoriété de ce Néerlandais (...)
Mardi 8 janvier 2019 Après les fêtes, la fameuse trêve des confiseurs-programmateurs a une fâcheuse tendance à se prolonger plus que de raison, parfois bien au-delà de l'épiphanie. Ce (...)
Mardi 12 septembre 2017 Le gouvernement a annoncé le gel des contrats aidés, jugés « coûteux et peu efficaces. » Dans le milieu de la culture, cette mesure prise en période estivale sans aucune discussion avec les acteurs concernés passe mal. Le point.
Mardi 2 mai 2017 Le Bal des Fringants, c'est l'un de ces tout jeunes lieux qui font bouillonner les pentes de la Croix-Rousse d'une ardente énergie, décuplée presque un mois durant par le Quirky Festival. Convivial, décalé, fureteur, le Bal est mené de main de...
Mardi 25 avril 2017 Sur la pochette du From mud to blood de Cold Cold Blood : un fleuve ondulant parmi les couleurs des reliefs alentours comme un serpent rose. Ce (...)
Mardi 14 mars 2017 Missionnaires du bluegrass aux quatre coins du monde, les chicagoans d'Henhouse Prowlers, habitués aux grands écarts géographiques et musicaux, viennent transformer pour un soir le Kraspek Myzik en ambassade des États-Unis de la country.
Mardi 10 janvier 2017 Durant un mois, le Kraspek Myzik, important lieu des pentes dédié aux groupes issus de l'émergence, fait son festival : Plug and Play.
Mardi 10 janvier 2017 « Atteindre une espèce de transe, même quelques secondes, comme quand tu baises ou tu danses… c’est ça mon kiff ! » clame Julia, guitariste du groupe garage (...)
Mardi 10 janvier 2017 François Virot (Clara Clara) fait son grand retour en solo avec Marginal Spots, paru en décembre sur Born Bad Records : à savourer live dans le cadre d'une sublime soirée du label au festival Plug & Play, le 23 janvier.
Mercredi 4 mai 2016 Quand on navigue dans les eaux troubles de La Souterraine, cette drôle de maison underground aux fondations poreuses et aux portes toujours ouvertes aux (...)
Mardi 15 septembre 2015 Prononcez les mots "folk" et "finger-picking", ajoutez vaguement quelque allusion à la mélancolie, même vague, et une propension au lyrisme discret et (...)
Jeudi 23 janvier 2014 3 RDV nocturnes à ne pas manquer cette semaine : "Control Voltage" au Sucre, Percyl à La Marquise et le "Roller Derby Disco" du Sucre.
Benjamin Mialot
Mercredi 23 octobre 2013 Les 3 RDV nocturnes à ne pas manquer cette semaine : le "barathon" du Riddim Collision, Alto Clark au Kraspek Myzik et JD Twitch au Club Transbo.
Benjamin Mialot
Vendredi 6 janvier 2012 La vocation de Plug & Play, festival sis dans le microscopique Kraspek Myzik (60 places en bourrant bien) : «organiser un festival intra-muros (...)
Vendredi 28 janvier 2011 Festival / En marge d'une programmation déjà enthousiasmante, le Kraspek Myzik fait son festival en février. Ca s'appelle Plug & Play. Le principe : brancher son instrument et jouer. Ben ouais. Stéphane Duchêne.