Prendre le temps : les toiles silencieuses de Yann Lacroix à la Fondation Bullukian

Peinture / Fruit du partenariat entre la Fondation Bullukian et l’Abbaye royale de Fontevraud, Imago, exposition personnelle de Yann Lacroix, convoque la sérénité et l’écoute, proposant un instant de rare beauté dans le cœur de la Presqu’île de Lyon.

Il est des expositions qui imposent le silence, non pas par le biais d’une injonction violente, mais par nécessité intérieure. Imago de Yann Lacroix fait partie de ces rarissimes événements numineux (puissance agissante de la divinité), capables de dissiper les bruits et les tensions, les expressions de l’égo et tout acte de parole. Ces lignes, loin de pouvoir en constituer une ekphrasis ou description précise, convoqueront des ricochets imaginaires, dessinant ainsi les bords d’une image qui ne peut pas être dite, mais seulement vécue. Il s’agira alors de parcourir les pourtours d’une œuvre raffinée, auscultant le battement discret provenant d’anciennes églises ou des portiques ayant accueilli des scènes d’Annonciation, désormais privés de toute présence, soit-elle humaine ou divine.

Errance confidentielle sur les rives d’un rêve

Un léger bruissement végétal colore le paysage de notre promenade sur ces sentiers, faisant résonner sobrement la vie impénétrable recélée dans l’hortus conclusus de l’artiste, lieu de méditation et de travail, mais également du spectacle d’une végétation luxuriante. Imago porte en soi les traces de son élaboration : quatre mois de résidence au cœur de l’Abbaye royale de Fontevraud plongés dans le silence et la nature, dont le quotidien était scandé par les cloches et par les rythmes circadiens. Les œuvres exposées, toutes inédites, sont les fruits d’un travail qui a pris le temps de laisser émerger sa finalité. Un voile à la consistance duveteuse semble les protéger et les restituer au royaume du rêve et de la mémoire, lieu de leur probable provenance. Mémoire personnelle et mémoire historique hantent ainsi les salles de la Fondation dans une juxtaposition signifiante entre les toiles de l’artiste et les prêts exceptionnels du Musée Lugdunum qui ponctuent le parcours.

Imago. Yann Lacroix
À la Fondation Bullukian jusqu’au 13 avril