Quelques chaises, plusieurs tables, une dizaine d'anciens téléviseurs, un canapé rouge, empruntés ici et là, constituent le décor de l'exposition. Sur les écrans disséminés dans la première salle sont diffusés des films amateurs tournés au caméscope VHS par l’artiste à la sortie de l'adolescence, tandis qu’est projeté dans la seconde salle une œuvre plus récente. Trois heures de visionnage au moins attendent le visiteur qui voudrait tout voir.

Une sélection de vidéos filmées par Quentin Maussang dont le seul fil conducteur est de saisir des tranches de vie d’une bande de copains. Les discussions, les parties de jeu, les balades en moto à travers la campagne se succèdent en vrac dans une alternance de plans courts-longs, larges-rapprochés, zooms, travellings. Au milieu de ces heures de rush, on tente de saisir un lieu, une date, un nom, une histoire auxquels se rattacher, sans réellement y parvenir.

Quel statut accorder à ses vidéos amateurs faites œuvres par leur exposition : documents réels dressant le portrait d’une génération ou mises en scène d’un artiste en devenir ? Rien dans l’exposition ne permet de le dire avec assurance. De cette incertitude naît le soupçon d’une écriture qui laisse peu de place au hasard : amis complices réalisant une performance d’acteurs, scénario et dialogues écrits, montage… Déceler le vrai du faux, distinguer la part de réalité et de fiction, peut-être est-ce là le principal intérêt de cette exposition.