Compte-rendu sur la répétition de la création de la Grande Fugue

Par Alexandre Boletta

La journée est pluvieuse mais notre enthousiasme est bien là. Ce vendredi 14 octobre nous avons été conviés par Nadja Pobel à assister à une répétition des danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon, préparant leur prochain spectacle : La Grande Fugue, inspirée de l’œuvre éponyme de Beethoven (Die Grosse Fugue op.133). En novembre prochain, ce spectacle prendra la forme de trois variations, utilisant chacune la même musique, mais sous une chorégraphie et une orchestration différente. Celle que nous verrons aujourd’hui a été créé par la chorégraphe américaine Lucinda Childs assistée de Caitlin Scranton, avec Dominique Drillot à la scénographie, aux lumières et aux costumes. Cette version pour six couples de danseurs, avec la musique du compositeur allemand transcrite pour orchestre à cordes, est une création du Ballet de l’Opéra de Lyon. Les premières représentations auront lieu à l’Opéra de la capitale rhônalpine, ensuite la troupe partira en tournée à Paris.

Durant cet après-midi de découverte à l’envers du décor, Pierre-Henri Alquier (responsable marketing à l’Opéra de Lyon) nous accompagne et nous guide avec Nadja à travers les dédales du monument… avant de nous amener en point d’orgue au Grand Studio du Ballet où notre petit groupe de dessinateurs / rédacteurs / photographes / caméraman aura l’honneur et le privilège d’assister à la répétition de la pièce...

Lorsque nous arrivons au 11ème étage, c’est d’abord la vue exceptionnelle sur l’extérieur qui accroche le regard. La grisaille du dehors n’enlève rien de sa superbe au panorama des beaux quartiers de Lyon. Les danseurs, en jogging et tenues amples, s’échauffent et se préparent ; nous trouvons chacun une place sur les côtés derrière les barres, et chaque membre de notre groupe prépare son matériel : nous sommes des amateurs peut-être, mais nous avons la concentration et le sérieux de vrais professionnels du métier de journaliste artistique… enfin, le cœur y est !

Le silence se fait. La chorégraphe n’étant pas présente, c’est son assistante qui appelle ses ouailles avant le filage pour donner les consignes (en anglais, la troupe étant composée de danseurs de différents horizons : américains, albanais, grec, espagnols…). Durant toute la répétition, nous la verrons prendre des notes assise en tailleur sur sa chaise, tandis que la maîtresse de ballet viendra superviser le travail.

Le premier filage a lieu au grand complet, avec les deux casts de 12 danseurs chacun. Ils se tiennent immobiles jusqu’à ce que les premières notes retentissent ; alors ils se mettent à marcher solennellement à travers la salle, arborant un regard droit et fort porté loin au-devant, puis ils se rapprochent pour former des couples mixtes et commencer la chorégraphie. Leurs longs déplacements sont entrecoupés de petits pas, mais ce qui retient l’attention, c’est avant tout les grandes ouvertures des bras et des jambes. Le corps tout entier semble se diriger sur la pointe des pieds vers le ciel. Chaque danseur, dans ses déplacements, glisse et virevolte aux grés des notes telles des croches sur la partition du maître allemand. Leurs pas, leurs mouvements épousent à merveille la poésie de l’œuvre romantique, et nous avons droit ici à un véritable condensé de danse classique. Nous décelons une sincère complicité au sein de chacun de ces couples, dans leur regard un véritable soutien et un encouragement à se surpasser. Les duos se défont par moment pour enchaîner quelques pas en solo, et au cœur de la pièce, la piste se vide pour ne laisser place qu’à deux couples dansant synchroniquement. Puis les autres danseurs les rejoignent et le grand ballet reprend…

A l’issue de ce premier filage, l’assistante-chorégraphe fait des commentaires sur le travail effectué, en demandant aux danseurs de retravailler sur des points précis. Puis a lieu le second filage : cette fois nous sommes davantage dans les conditions réelles de la représentation, les miroirs de la salle de répétition sont cachés, et le nombre d’exécutant est réduit à 12 (un seul cast, donc), comme au soir du spectacle. A nouveau, les danseurs se déplacent et font leurs figures avec un naturel et une apparente simplicité, mais l’on devine l’énergie nécessaire à leur travail en les voyant quitter la piste essoufflés. Sur le côté de la salle, ils se demandent conseil et se donnent mutuellement leurs points de vue. Nous percevons clairement l’unité et l’entente qui régit au sein de cette troupe.

Le second filage est terminé, l’assistante donne ses derniers jugements et conseils quant à la répétition qui s’achève… et deux danseuses de formation classique (une française et une américaine) sont invitées à nous rencontrer pour un échange spontané. A la question « pourquoi avoir choisi la danse ? », elles répondent naturellement que c’est là leur moyen d’expression, et si elles ont choisi de venir au Ballet de l’Opéra de Lyon, c’est parce qu’elles apprécient énormément la diversité des styles offerte par celui-ci. Quant au travail en lui-même sur ce spectacle, elles nous ont expliqué qu’elles préféraient compter les pas plutôt que de se reposer sur la musique – ce qui est en lien avec la direction Lucinda Childs, très stricte et « carrée ». Comme les deux danseuses nous l’ont dit, d’autres chorégraphes sont plus souples, ce sont les danseurs qui s’adaptent, et c’est ce qui fait la richesse et l’intérêt de travailler avec différents chorégraphes…

A l’issue de cette séance conviviale de questions-réponses et de cet après-midi des plus enrichissants, la Brigade du Ballet se sépare…

Mes remerciement à Nadja, à Pierre-Henri Alquier, ainsi qu’à toute l’équipe du Ballet de l’Opéra et aux danseurs pour nous avoir permis de découvrir un bout de leur quotidien d’artistes.

Tous mes encouragements !

Alexandre (le 16/10/16 à Valence)

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