Sleepless - Temps suspendu

Par Clara Passeron

Les équipes du Petit Bulletin et de l’Opéra de Lyon ont lancé leur nouvelle édition de la Brigade du Ballet le 25 janvier 2017. L’occasion pour une dizaine d’amateurs d’arts d’assister aux répétitions du ballet Sleepless, de Jiří Kylián. Pour le dire a eu la joie d’en faire partie. Moment de poésie et de symbiose.

C’est une étonnante caresse que de voir des corps danser. Une pose dans l’effervescence de nos journées, dans le remue-ménage des pas pressés.

Ici, le temps s’arrête. Ici ? C’est à l’Opéra de Lyon, au dernier étage. Là où le ciel rase les toits. Là où la lumière est voyage. Les pieds volent et les jambes tournent dans l’air fiévreux de l’immense nid : la création grandit. Elles fouettent gracieusement l’air et narguent l’espace indécent. Les muscles se contractent et contrastent avec la douceur des gestes, et l’empreinte d’un poids plume meure aussi vite qu’elle ne naît. Ici, chacun transmet, du danseur à son partenaire, au danseur à son spectateur. Les règles implicites mènent le rythme et marient les corps, frénétiques et cadrés. Seuls les toits des immeubles, timides, peuvent les regarder sans voir le temps filer. Sans souffrir d’avoir conscience de ce dont nous sommes prisonniers. Ils regardent vers cette immense salle vitrée et profitent, en silence, des corps mobiles et dirigés.

En amateurs, nous absorbons tout de ce moment de répétition. La lumière douce et pâle de l’hiver s’ajoute à la beauté captivante du lieu et de l’art en progression. Sleepless offre une gestuelle sensible entre classique et contemporain. Les jeux de jambes fouettés s’enchaînent sur des jeux de jambes plus secs, et c’est ce déséquilibre des corps qui surprend autant qu’il ravit. Chaque figure est un mot et Jiří Kylián, le chorégraphe, en fait une prose. La répétition nous ouvre la porte de l’intimité de la troupe. A partir du vocabulaire du chorégraphe et des propositions des danseurs, nous assistons au déploiement du futur ballet, en un tout puissant et majestueux. Le style et les tempéraments s’effacent. Même la culture s’homogénéise au profit d’une langue anglaise qui dirige et conduit ces passionnés vers la perfection, tant convoitée. C’est à celui qui saura le mieux voler.

Lien vers le blog culturel Pour le dire : http://www.pour-le-dire.fr/index.php/2017/01/31/la-brigade-du-ballet-par-le-petit-bulletin-et-lopera-de-lyon/

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