La Bande à Baäder
CINEMA par Christophe Chabert le Vendredi 7 novembre 2008 | Se proposant de faire la «chronique des années de plomb» ouest-allemandes, Uli Edel fonce droit dans la polémique avec ce film efficace, un peu long mais (...)
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Il y a donc en Autriche une alternative à l’ombre écrasante de Michael Haneke. Pourtant, Julian Roman Pölsler, dont c’est le premier film pour le cinéma après une longue carrière à la télévision, est un camarade de promotion d’Ulrich Seidl, sorte d’avatar cauchemardesque et misanthrope du maître, et Haneke a servi d’intermédiaire entre le cinéaste et Juliette Binoche, d’abord intéressée par cette adaptation d’un roman de Marlen Haushofer — finalement pas disponible, elle a laissé le rôle à Martina Gedeck, d’autant plus remarquable qu’elle est quasiment seule à l’écran.
L’argument a tout de la fable fantastique : une femme part avec un rentier hypocondriaque et son épouse se reposer dans un chalet à proximité des Alpes autrichiennes, cuvette bucolique encadrée par de hautes montagnes et un lac d’altitude. Le couple part se promener au village voisin, la laissant seule dans la maison. La nuit passe, ils ne sont toujours pas rentrés. Elle part à leur recherche mais se heurte à une barrière invisible, au-delà duquel le monde et les êtres semblent pétrifiés.
Pölsler fait d’abord le vide autour de son personnage : vide spatial et affectif, mais aussi vide temporel. On ne saura rien de son passé et le film lui désigne comme unique point de fuite le moment où elle écrit son journal pour relater ce long emprisonnement et son progressif retour à l’état de nature. Le passage des saisons, la manière dont elle organise sa survie et conserve sa part d’humanité au contact des animaux qui l’entourent (un chien, deux chats, une vache puis son petit taureau, tous de véritables comédiens à la présence étonnante à l’écran, notamment Lynx, le propre chien de Pölsler !), sont captés par le cinéaste avec un habile dosage entre cinéma contemplatif et dramaturgie à suspense, avec quelques pointes spectaculaires inattendues.
Comme la rencontre entre Kafka et Into the wild, Le Mur invisible impressionne par l’extrême précision avec laquelle il saisit l’abîme métaphysique qui engloutit cette femme, créant un schisme fascinant entre la voix-off méditative et la beauté concrète des images, comme l’ultime rempart à un environnement hostile et étouffant.
Il y a donc en Autriche une alternative à l’ombre écrasante de Michael Haneke. Pourtant, Julian Roman Pölsler, dont c’est le premier film pour le cinéma après une longue carrière à la télévision, est un camarade de promotion d’Ulrich Seidl, sorte d’avatar cauchemardesque et misanthrope du maître, et Haneke a servi d’intermédiaire entre le cinéaste et Juliette Binoche, d’abord intéressée par cette adaptation d’un roman de Marlen Haushofer — finalement pas disponible, elle a laissé le rôle à Martina Gedeck, d’autant plus remarquable qu’elle est quasiment seule à l’écran.
L’argument a tout de la fable fantastique : une femme part avec un rentier hypocondriaque et son épouse se reposer dans un chalet à proximité des Alpes autrichiennes, cuvette bucolique encadrée par de hautes montagnes et un lac d’altitude. Le couple part se promener au village voisin, la laissant seule dans la maison. La nuit passe, ils ne sont toujours pas rentrés. Elle part à leur recherche mais se heurte à une barrière invisible, au-delà duquel le monde et les êtres semblent pétrifiés.
Pölsler fait d’abord le vide autour de son personnage : vide spatial et affectif, mais aussi vide temporel. On ne saura rien de son passé et le film lui désigne comme unique point de fuite le moment où elle écrit son journal pour relater ce long emprisonnement et son progressif retour à l’état de nature. Le passage des saisons, la manière dont elle organise sa survie et conserve sa part d’humanité au contact des animaux qui l’entourent (un chien, deux chats, une vache puis son petit taureau, tous de véritables comédiens à la présence étonnante à l’écran, notamment Lynx, le propre chien de Pölsler !), sont captés par le cinéaste avec un habile dosage entre cinéma contemplatif et dramaturgie à suspense, avec quelques pointes spectaculaires inattendues.
Comme la rencontre entre Kafka et Into the wild, Le Mur invisible impressionne par l’extrême précision avec laquelle il saisit l’abîme métaphysique qui engloutit cette femme, créant un schisme fascinant entre la voix-off méditative et la beauté concrète des images, comme l’ultime rempart à un environnement hostile et étouffant.
De Julian Roman Pölsler (All, 1h48) avec Martina Gedeck, Wolfgang Maria Bauer...
De Julian Roman Pölsler (All, 1h48) avec Martina Gedeck, Wolfgang Maria Bauer...
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Une femme se retrouve seule dans un chalet en pleine forêt autrichienne, séparée du reste du monde par un mur invisible au-delà duquel toute vie semble s’être pétrifiée durant la nuit. Tel un moderne Robinson, elle organise sa survie en compagnie de quelques animaux familiers...
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CINEMA par Christophe Chabert le Vendredi 7 novembre 2008 | Se proposant de faire la «chronique des années de plomb» ouest-allemandes, Uli Edel fonce droit dans la polémique avec ce film efficace, un peu long mais (...)