Matt le hurleur

Fondateur vénéré de Third eye foundation, un nom de groupe de métal qui cachait en fait un homme seul faisant de la drum’n’bass ténébreuse et mystique, Matt Elliott a, depuis qu’il a récupéré son patronyme, pris le large. The Mess we made, l’album de la rupture, transcrivait de manière organique les épanchements électroniques précédents, et reste un de ses putains de bon disque que l’on ne se lassera jamais de redécouvrir. Elliott se lança ensuite dans une trilogie marquée par une envie de chanter malgré ses maigres capacités vocales ; ce timbre rauque et caverneux a toutefois gagné un charme entêtant au fil du temps. Failure songs, Drinking songs et aujourd’hui Howling songs correspondent aussi à l’errance de leur Anglais d’auteur à travers l’Europe, un temps fixé en France, puis en partance pour l’Espagne, avec quelques séjours en Allemagne au milieu. C’est pourtant la musique des Balkans qui s’est engouffré dans son œuvre, avec des accords de guitares gitanes virant parfois vers une sorte de «flamenco brisé» (titre d’un de ses derniers morceaux). Mais la vraie nature de cet homme étrange, sentimental et dépressif, politisé tendance radical (Bomb the stock exchange, autre titre du nouvel album) est de piétiner les étiquettes pour inventer son propre monde musical, dans lequel il compose d’hallucinants morceaux de bravoure allant jusqu’à 11 minutes, remplis d’inquiétudes et de hurlements. Cela ressemble, à l’arrivée, au fracas d’un monde où les ruines poussent plus vite que les tours d’affaire…

Matt Elliott
À Grnd Zéro Vaise, samedi 24 janvier
«Howling songs» (Ici d’ailleurs/Differ-ant)

pour aller plus loin

vous serez sans doute intéressé par...

Mardi 7 février 2017 Troisième album pour les Marquises, A Night Full of Collapses, et troisième claque assénée par un groupe lyonnais dont les expérimentations musicales continuent de défricher des territoires infinis. Un conseil : allez tendre l'autre joue lors du...
Jeudi 14 avril 2016 Sortez vos agendas : voici dix concerts à ne pas manquer ce mois-ci ; du show latino où emmener votre maman à l'indie pop dépressive où s'oublier. Par Stéphane Duchêne & Sébastien Broquet.  
Mardi 18 mars 2014 «Only a Myocardial Infarction Can Break My Heart». Si l'on en croit le titre de son dernier album, seule la mort peut triompher de Matt Elliott. Pour (...)
Jeudi 2 janvier 2014 A force de la pratiquer, on le sait, la programmation musicale n’est régie par rien d’autre que les antiques lois de l’éternel retour. Nouvelle année, nouveau printemps, perpétuel recommencement. Stéphane Duchêne.
Vendredi 16 mars 2012 Né à la fin des années 90, en plein essor de la drum’n’bass en Angleterre, The Third Eye Foundation a marqué dès son premier album (Semtex, 1996) la (...)
Vendredi 16 mars 2012 Après un détour fulgurant par son projet électro Third Eye Foundation, c’est un Matt Elliott toujours écorché vif mais apaisé qui nous revient pour défendre les couleurs sépulcrales de son dernier album, "The Broken Man". François Cau
Mardi 20 décembre 2011 Rock, électro, rap — Automne au balcon, printemps au diapason. Trêve des confiseurs et ripailles de Noël digérées, les salles lyonnaises remettent le couvert pour une saison musicale quasiment au niveau de celle que l'on vient de vivre. Stéphane...
Mercredi 9 novembre 2005 Aussi indispensable que désespérée, la musique de Matt Elliott poursuit sa plongée dans les tréfonds de l'âme de son créateur. Des chansons à boire comme un grand cru millésimé au... Bistrot de Vaise ! Emmanuel Alarco
Mercredi 11 avril 2007 Diantre ! On pensait que Matt Elliott, Anglais dépressif installé dans le Sud de la France pour écrire et composer des chansons austères et désespérées, avait (...)

Suivez la guide !

Clubbing, expos, cinéma, humour, théâtre, danse, littérature, fripes, famille… abonne toi pour recevoir une fois par semaine les conseils sorties de la rédac’ !

En poursuivant votre navigation, vous acceptez le dépôt de cookies destinés au fonctionnement du site internet. Plus d'informations sur notre politique de confidentialité. X