Parole de Gnawa

En partenariat avec le Festival Sixième Continent, dont la programmation cette année se tournera vers le Maroc, ça tchatche offre un avant-goût de musique traditionnelle marocaine. Au programme, deux concerts de Dhibi Moulay Tayeb, jeune prodige de la tradition Gnaoui, & les Gnawa de Marrakech. Popularisée en France par Gnawa Diffusion ou l’Orchestre National de Barbès, la tradition des Gnawa (ou Gnaoua, qui signifie «hommes noirs») prend racine dans l’esclavage de populations d’Afrique Noire (Sénégal, Ghana) par les anciennes dynasties marocaines, algériennes et tunisiennes. Les Gnawa sont les descendants marocains de ces esclaves formant une sorte d’ordre religieux qui pratique notamment des rituels de transe et de danses de possessions. L’origine noire africaine de ces pratiques explique le cousinage avec le vaudou pratiqué dans les Caraïbes par d’autres descendants d’esclaves. Comme beaucoup de traditions musicales ancestrales (griots au Mali, qawaali au Pakistan), la musique gnaoui a essaimé géographiquement, se tournant de plus en plus vers le monde extérieur et se métissant en même temps que la population. Mais elle a également imprégné d’autres styles musicaux, un peu comme le blues originel des esclaves a irrigué l’ensemble des musiques américaines. Aujourd’hui, de très jeunes musiciens ont endossé l’héritage de cette longue tradition qu’on imagine généralement aux mains de virtuoses cacochymes. Dhibi Moulay Tayeb est l’un d’eux et affiche un profil des plus complets, à la fois chanteur, joueur de guembri, instrument cousin de la kora malienne et base de la musique gnaoui, mais aussi danseur acrobate et crotaliste (le crotale étant une castagnette antique originaire du Moyen-Orient). Mais Dhibi Moulay Tayeb symbolise également à lui seul l’hybridation de la tradition et de la modernité. Comme l’avait fait avant lui le qawaali Nusrat Fateh Ali Khan avec Massive Attack, mariant les chants soufis à la torpeur rythmique du trip-hop, le Marocain est connu pour avoir fricoté avec le dub des Lyonnais d’High Tone. Preuve que les Gnawa ont accompli jusqu’à nous un long chemin de transe.Moulay Tayeb & les Gnawa de Marrakech
Aux Subsistances, vendredi 24 et samedi 25 avril.

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