La rentrée musique : 13 concerts à ne pas manquer

Beth Ditto

Transbordeur

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Beth Ditto

Affranchie de The Gossip, c'est assez naturellement que Beth Ditto s'est retournée, avec son premier album solo, Fake Sugar, vers ses racines, du fin fond de l'Arkansas. Un mal (la douleur de la séparation d'un groupe vieux de 17 ans) pour un bien puisque la chanteuse y gagne en nuances et en diversité. Moins punk, plus pop, n'hésitant pas à fricoter avec la musique de son enfance : la country et toutes ces sortes de choses, rappelant parfois, dans une proximité de timbre sudiste une Dolly Parton sévèrement azimutée – si tant est que ce ne soit pas un pléonasme – électrifiée et parfois dansante. Pas sûr qu'une partie des fans hardcore habitués au désordre punk-glam-discoïdes des concerts de The Gossip, apprécient. Les inconditionnels un peu plus ouverts y verront une belle, et parfois émouvante, surprise.

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Au Transbordeur le mercredi 4 octobre


Cannibale

Difficile de qualifier la musique de Cannibale, découverte cette année grâce à l'indispensable label Born Bad Records. Dans le doute, le groupe s'auto-attribue les qualificatifs d'exotica-pop-psyché, ce que, dans le doute encore, on ne saurait lui nier. Toujours, est-il que ce mélange de cumbia, d'afrobeat, de rock 50's ou de garage réunionnais et de pas mal d'autres choses (n'en jetez plus, le tout étant ici bien supérieur à la somme des parties) est tout simplement décoiffant et constitue sans doute l'une des choses les plus étranges et addictives parue ces derniers temps dans l'Hexagone. Que ce soit sur l'incroyable No Mercy For Love, enregistré depuis, au sens propre, un trou normand que sur scène où la transe est au programme, pour ne pas dire obligatoire.

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Au Marché Gare le vendredi 6 octobre


Timber Timbre

De disque en disque, Timber Timbre s'impose comme un des groupes les plus fascinants du continent (nord) américain, tout en opérant quasi systématiquement une révolution décennale : après le folk 50's sur Timber Timbre, le doo-wop 60's sur Creep On Creepin' On (torsion du célèbre titre de Len Chandler Keep On, Keeping On, cité dans un discours de Martin Luther King), l'expérience 70's sur Hot Dreams, le superbe Sincerely, Future Pollution et ses textures synthétiques plonge au cœur d'ambiances cinématographiques (le revival 80's de certaines BO de films) et plus particulièrement dans les tréfonds lynchiens, auxquels la profondeur du "timbre" de crooner du chanteur-leader Taylor Kirk, descendant mutant de Roy Orbison et de Nick Cave, donne une résonance aussi glaçante que vaporeuse. L'expérience live sera envoûtante ou ne sera pas.

À l'Épicerie Moderne le samedi 7 octobre

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Justice

Depuis dix ans, Justice a poursuivi son chemin de croix (grosse la croix, en béton, en néon, en tout ce que vous voulez, mais immuable autant que transportable), promené ses blousons douteux et son emballage FM dans tous les charts de la planète avec sa formule dansante dont bizarrement personne ne semble se lasser. Peut-être parce que le duo parvient toujours à accrocher de nouvelles guirlandes à son totem cruciforme (un peu de disco ici, là du r'n'b), donnant ainsi l'impression de changer l'eau en vin, alors que le son Justice demeure obstinément rétro-futuriste. Au point qu'on se demande s'il avance vraiment. Pas grave, il y a toujours autant de monde pour les suivre.

À La Halle Tony Garnier le lundi 9 octobre


Daniel Romano

L'Ontarien revenu du punk et passé par la country était venu l'an dernier avec son redoutable groupe conquérir le Sonic dans une chaleur insoutenable avec force moustaches et chapeaux de cow-boy, distillant un répertoire long comme le bras, à la sortie d'un album, Mosey, qui convoquait les figures de Lee Hazlewood et de Randy Newman. Cette année, un disque de plus au compteur, le dylanien en diable (mais période Rolling Thunder Revue) Modern Pressure, ce caméléon de l'Americana vient remettre le couvert sur le rafiot du quai des Étroits. Ceux qui étaient là l'an dernier reviendront. Il conviendra pour les autres de ne pas rater ça.

Au Sonic le samedi 14 octobre


Godspeed You ! Black Emperor

Entre deux larsens, c'est un riff de western apocalyptique qui émerge du chaos pour libérer une mélodie aux accents paradoxalement orientaux (le balancement est-ouest étant une quasi constante de GY!BE). Ainsi débute Anthem for No State Part.III, deuxième extrait de Luciferian Towers, successeur d'Asunder, Sweet and Other Distress, qu'annonçait avant lui le titre Undoing Luciferian Towers, plage dronique grinçante et malaisante, qui ouvrira un album quatre titres, dont deux divisés en trois mouvements. Un premier extrait qui ouvre l'album, un deuxième qui le clôt, c'est presque assez pour se faire une idée du nouveau GY!BE et de la créature scénique qu'il engendrera en live. Avec Godspeed, la surprise est rarement au rendez-vous mais le choc toujours.

Au Toboggan le vendredi 20 octobre


Micah P. Hinson

C'est sans doute l'une des figures les plus étranges du folk américain. Ce qu'on appelle un original dans tous les sens du terme. Déjà parce qu'on se demande quelle musique Micah fait réellement sans que jamais cela n'empêche de se prosterner devant ses disques, noirs comme la bile, que viennent embaumer une déchirante voix de crooner à la vie multi-accidentée. C'est le cas sur Presents the Holy Strangers, qu'il qualifie d'opéra folk moderne et qui retourne le cœur ("You're just a girl of my dreams, But it seems that my dreams never come true", chante-t-il sur l'embardée cashienne Lover's Lane) aussi sûrement qu'un burger sur un vieux barbecue d'Abilene (Texas), là même où cette étrangeté nommée Micah a grandi.

Au Groom le samedi 21 octobre


Ride

Jurant ses grands dieux qu'on ne l'y prendrait pas, ce que semblaient confirmer la fin plus que houleuse de leur première carrière, Andy Bell et Mark Gardener, hydre à deux têtes de Ride, ont fini par succomber aux sirènes de la reformation. Et revoilà Ride en selle depuis 2015, pour une reprise des concerts mais pas que. Car la figure de proue du mouvement shoegaze – courant musical mais aussi esthétique de la dépersonnalisation du musicien – et du label Creation d'avant Oasis a également commis un nouvel album, honnête (le single Cali) mais dépourvu de la grâce qui habitait leurs premiers assauts soniques (Nowhere, Going Blank Again). On les retrouvera néanmoins avec bonheur sur scène, comme tous les types de cette époque, le début des 90's, pour lesquelles on a une sympathie pas tout à fait objective.

Au Transbordeur le mardi 31 octobre


Boss Hog

17 ans qu'on n'avait pas eu de réelles nouvelles du duo matrimonial et néanmoins über-sexy Boss Hog, ci-devant Jon Spencer et madame, surtout madame, Cristina Martinez, véritable âme du groupe, qui provoqua en son temps quelques émois musicaux (le titre Itchy & Scratchy) et pas que (on garde un souvenir ému du clip d'I Dig You, de quelques pochettes hotissimes et de l'incapacité notoire de Cristina à garder ses vêtements sur scène). Après Whiteout en 2000, le couple revient avec Brood X et repart en tournée au volant de son punk-blues chaudard et chaloupé. Prouvant au passage qu'il n'a rien perdu de son pouvoir d'envoûtement. Connaissant les appétences scéniques de Spencer et Martinez, ce n'est pas un limitateur de son qu'il faudra à l'Épicerie Moderne mais un thermomètre pour mesurer la chaleur ambiante. Ou une distribution de bromure.

À l'Épicerie Moderne le lundi 6 novembre


Future Islands

C'est comme une balle que Future Islands était soudain arrivé lancé à nos oreilles avec ce qui constituait déjà leur quatrième album Singles, et sa formule bizarre : nappe de synthés, basses aquatiques, rythmiques dansantes mais le tout emballé dans une atmosphère aussi mélancolique que rageuse. Un succès qui devait aussi beaucoup à la personnalité d'un chanteur ressemblant à peu près à rien, au non look absolu, mais s'adonnant sur scène (sur disque, on ne peut pas voir) aux plus improbables des chorégraphies tout martyrisant ses paroles par des effets de gorge et des trémolos venus de là où se nichent les douleurs. L'effet était saisissant et totalement addictif. Au vu de la teneur de leur petit dernier, The Far Field, où la formule est jalousement conservée sans jamais s'éventer, nul doute que la magie risque d'opérer à nouveau sur une scène de l'Épicerie qui semble les avoir adoptés.

À l'Épicerie Moderne le vendredi 17 novembre


The Residents

C'est avec un spectacle inédit, rôdé au Club Blue Note de Tokyo au printemps dernier que les Residents se présentent, tous masques dehors forcément. Son titre ? In Between Dreams qui met en scène une sorte de panorama de tout ce qui, dans la discographie de l'énigmatique et anonyme groupe californien se rapporte à un thème récurrent de la geste résidente : la notion de rêve. Avec des titres tirés, pour les connaisseurs, de Jelly Jack, The Boneless Boy, Picnic on the Jungle, The Monkey Man, du récent The Ghost of Hope ainsi que des morceaux inédits. Le tout entrecoupé de vidéos de célébrités racontant les leurs (John Wayne rêvant d'être une ballerine, Mère Teresa cauchemardant un déraillement de trains). Quant on connaît un tant soit peu les Residents, il est facile d'imaginer un moment hallucinatoire.

Aux Abattoirs le samedi 25 novembre


Alice Cooper

À l'heure où sort un remake ciné de la terrifiante mini-série Ça est revenu, dont on pressent qu'en 2017 il ne devrait pas faire peur à grand monde, on peut également se demande – réponse immédiate dans la question – si Alice Cooper effraie encore qui que ce soit avec ses simagrées gore, son maquillage qui coule et son rock grand-guignol passé par tant de styles qu'une chauve-souris n'y reconnaîtrait pas ses petits. Pas grave, la venue de Vincent Furnier, homme des plus charmants à la ville, déplace toujours les foules et l'on assiste à ses concerts comme on visite un cabinet de curiosités ou une maison hantée de fête foraine. Sans trop y croire, en connaissant tous les trucs, mais en ne boudant pas son plaisir.

À la Salle 3000 le vendredi 1er décembre


London Grammar

« Truth is a beautiful thing » titre London Grammar à l'occasion de son deuxième album sorti cette année. « La vérité est une bien belle chose. » La célébrité aussi, dont les ressorts sont aussi compliqués à démêler que la vérité elle-même. C'est peut-être aussi ce que se dit le trio anglais en constatant à quelle vitesse s'est déroulée son ascension. Soit aussi rapidement que sa musique est lente et cotonneuse, à la (belle) remorque de la voix grave de la blonde Hannah Reid. Leur If you wait en 2013 avait déjà bien chatouillé les charts à coups de chansons tristes comme un jour sans pain mais rêveuses comme un militant de la France Insoumise. Truth... lui, s'y agrippe avec force tandis que le groupe remplit d'immenses hangars de fans entrés en religion.

À la Halle Tony Garnier le mercredi 6 décembre

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