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Cavale, l'échappée belle
Portrait

Cavale, l'échappée belle

On a connu Ambre Pretceille au micro de Taïni & Strongs, quintet rock où elle pétaradait en un mélange de rage volcanique et de glam attitude. La revoici transfigurée en Cavale, nouveau projet d'une jeune femme qui après quelques années d'incertitudes s'est retrouvée pleinement. Et le prouve ce printemps avec un EP en forme de remarquable échappée pop.

Portrait

Cavale, l'échappée belle

On a connu Ambre Pretceille au micro de Taïni & Strongs, quintet rock où elle pétaradait en un mélange de rage volcanique et de glam attitude. La revoici transfigurée en Cavale, nouveau projet d'une jeune femme qui après quelques années d'incertitudes s'est retrouvée pleinement. Et le prouve ce printemps avec un EP en forme de remarquable échappée pop.

par Stéphane Duchêne

Mercredi 20 mai 2020
4152
LECTURES

par Stéphane Duchêne

Mercredi 20 mai 2020
4152
LECTURES

C'est l'histoire d'une jeune femme qui kidnappe un père de famille dans la rue pour en faire la rock star qui sauvera sa génération : « un Jésus Christ avec une gueule de cow-boy ». Il s'appelle Slim, elle s'appelle Cavale. Ils sont les héros de Cowboy Mouth, une pièce écrite en 1971 — et dans un premier temps jouée — par la rockeuse-poétesse Patti Smith et le dramaturge Sam Shepard. C'est en travaillant ce texte au cours d'une formation de comédienne qu'Ambre Pretceille a eu une révélation : « Robert Castle le metteur en scène m'a dit qu'il se passait quelque chose pour moi avec ce rôle, de le garder quelque part, que j'en ferai quelque chose. C'était très sensoriel, et même assez perturbant. »

De là, les choses s'emboîtent et c'est ainsi que naît Cavale, son nouveau projet musical – qui portera donc le nom de l'héroïne de Cowboy Mouth, sur lequel elle patine depuis trop longtemps. C'est qu'Ambre a eu bien du mal à rebondir après la séparation de Taïni & Strongs, « un groupe avec quatre gars et une fille » disait le slogan, qu'elle avait bâti de toutes pièces en 2010, histoire d'embrasser sérieusement des envies de musique étrennées quasiment depuis l'enfance (le piano très tôt, un premier groupe à 12 ans).

Pendant cinq ans, elle mène ses troupes comme un chef de guerre. Le groupe multiplie les concerts et Ambre apprend son métier sur le tas : « les premiers Printemps de Bourges, les salons, les professionnels, les débuts de l'entrepreunariat » et bien sûr des chansons à écrire. Sur scène, la chanteuse est un vrai volcan qui semble expulser tout ce que la jeune femme « très réservée » et pour qui le chant n'est pas toujours allé de soi, garde en elle, le reste du temps. Est-ce cette intensité, cette expérience vécue à l'extrême ? Toujours est-il qu'au bout de cinq ans, c'est l'impasse : Ambre ne voit guère comment aller plus loin avec son gang. Surtout elle est rincée, physiquement, psychologiquement, plus rien ne répond. Il faut tout arrêter – on ne parle pas assez du burn-out dans le rock.

Traversée du désert

Ambre commence alors à travailler pour les autres, écrit, compose, tourne avec notamment le bon Daisy Lambert et s'imagine rebondir naturellement en temps voulu. Mais ce temps ne vient pas : « j'étais beaucoup plus entamée que ce que je pensais et ç'a été une vraie traversée du désert. J'avais commencé à écrire des choses mais je ne trouvais pas les bonnes personnes avec qui travailler, il a fallu que j'arrête de forcer les choses. » Or c'est bien connu, c'est souvent quand on arrête de chercher que les choses vous tombent dessus. Ambre va à Paris pour cette formation de comédienne, pensée comme une respiration et une manière de compléter sa palette artistique, elle qui est passée par les arts appliqués, fait des tonnes de voix-off (la voix de la meneuse de revue du cabaret d'Annecy, c'est elle) et fait son trou dans le DJing avec Sophie Broyer (entre autres, ex-directrice de l'Epicerie Moderne) qui, ayant accompagne, cette traversée du désert,  ne cache pas lui avoir conseillé « de lâcher un peu, de prendre le temps »..

Là, donc, Ambre « rencontre » Cavale et, quasiment au même moment Jules Appolinaire, musicien et réalisateur de la chanteuse-musicienne Findlay. Le courant passe. Elle lui envoie des morceaux et la course de Cavale est lancée, dans le sillage de ce nom « spécial, plein de sens, lumineux », un jalon qui en amène d'autres et lui permet de donner une cohérence à des chansons écrites dans le désert sans véritable destination, mais qu'elle ira enregistrer comme elle le rêvait, à Londres, comme si d'un coup « toutes les planètes s'alignaient parfaitement ». La première s'appelle Future et pose magistralement les bases artistiques, mais pas seulement, de ce que sera Cavale : une claque dans la gueule qui fait « bang, bang, bang » et des références qui font pop à l'ouverture. « J'avais besoin d'un morceau étendard, qui me permette de me relever, d'aller au bout. Pour l'écriture du clip, je voulais dévoiler ce personnage avec tout ce qu'il pouvait avoir de moi : l'autodérision, mes influences, notamment cinématographiques. Future c'était la carte d'identité de Cavale. »

Et Cavale, c'est Ambre, plus que jamais : « je ne me suis jamais autant mise à nue, confie la chanteuse, avec Cavale, j'enfile ma cape de super héros, je ne me fixe aucune barrière, c'est très animal, il y a une urgence, j'ai besoin que ça sorte. Je crois que je suis en train de déconstruire quelque chose qui me permet de me livrer davantage. Je me suis affranchie de plein de choses des codes sociaux, ça nourrit ma vie personnelle, je ne peux pas dissocier les deux. »

Derrière ce qui pourrait alors passer pour une démonstration de force en mode amazone survivaliste, il y a d'abord une artiste qui embrasse donc enfin ses fragilités et accepte de dire « ç'a été dur ». En cela, l'émouvante balade Past, deuxième extrait de son EP, est une sorte de miroir de Future : un morceau introspectif qui compte les abattis et les abattements, où elle à l'enfant qu'elle a été et que l'on voit grandir, jeune fille et chanteuse en concert, dans le clip fait notamment d'images d'archives familiales : « une manière de remercier mes parents. » « Ce qui m'intéresse chez Cavale, confie à la fois l'amie et la professionnelle Sophie Broyer,  c'est cette dualité. C'est efficace et  en même temps, il y a des choses qui restent. Ce sont deux morceaux très différents, ce qui peut être déroutant, mais on sent qu'il y a une vraie exigence dans une ligne artistique très reconnaissable pour peu qu'on les écoute un peu en profondeur » 

Sororité

Mais c'est aussi à une autre famille que Cavale doit d'être ce qu'elle est : un projet subtilement abouti, global, complet, réfléchi, maturé, tant musicalement qu'en terme d'images — une aspiration à l'art total qu'elle va puiser chez des idoles comme Bowie. Et cette famille c'est une sororité : Sophie Broyer, donc, qui salue, cette fois avec le regard de la professionnelle « la grande exigence de ce projet», Maëva Nicolas, son attachée de presse (également chanteuse du groupe Bandit Bandit) qui l'a rapprochée du label Ditto Music mais aussi Anne-Laure Étienne, photographe, Stéphanie Argentier, scénographe, Céline Nivert, couturière et modéliste, auxquelles on doit une imagerie haute-couture, et quelques autres, ont toutes mis la main à la pâte de Cavale.

Ambre n'y va pas par quatre chemins, cette solidarité féminine lui a « permis de retrouver la confiance perdue avec Taïni. On ne va pas se mentir, c'est un milieu très compliqué pour les femmes, j'en ai souffert dans la musique, le harcèlement, la compétition entre femmes. Avant je n'avais rencontré aucune entraide, ce qui a causé beaucoup de dommages en moi. » Sophie Broyer, l'une des rares programmatrices reconnues des musiques actuelles abonde : « en temps que femme s'imposer avec des producteurs, des réalisateurs d'album, dire "ce son de guitare, je ne le veux pas comme ça mais plutôt comme ça", et se faire entendre ne va pas de soi. On a vite le syndrome de l'imposteur. Il faut gagner sa légitimité plus durement, pour être capable de dire "non, c'est comme ça et pas autrement". Mais Ambre a en elle une culture de l'indépendance qui m'a également permis d'apprendre ».

Ambre/Cavale le constate avec bonheur, sans pour autant l'avoir cherché, son projet touche particulièrement les femmes. Sans doute parce que sourd derrière le projet l'idée d'une auto-émancipation qui s'autorise toutes les folies. Quand une de ses amies lui glisse un jour : « on est des putains de phénix », la phrase devient un mantra : « pour faire ce métier à 35 ans, il faut être un peu tarée, ajoute celle qui est intermittente depuis plus de dix ans et n'a jamais travaillé dans un bureau, il y a une part de nous qui est au-delà de l'audace. Ce sont des métiers qui font rêver mais c'est comme les histoires d'amour, il y a la passion du début mais après c'est surtout beaucoup de travail. »

À la fin de Cowboy Mouth, qui n'est en réalité que la sublimation de la brève liaison de Patti Smith et de Sam Shepard, Slim s'évanouit et retourne à sa vie familiale. Cavale a perdu le "sauveur" du rock et son amour. Mais sûrement trouvé autre chose, d'encore plus précieux. Dans les derniers instants, les deux amants chantent ces mots : « If you got no savior you can do it on your own (...) Open up your heart don't think about a thing / Feel the movement in you and sing ». Quant aux ultimes mots de la pièce, ils reviennent à l'héroïne abandonnée à l'introspection : « The moon was cold and full and his visions and the crow and the lobster went on cavale. That's where I found my name. Cavale (...) It means escape. » Parfaite allégorie de la trajectoire d'une chanteuse, qui il n'y a pas si longtemps promouvait la musique des autres et dont le travail a su retrouver des élans passionnés. Une jeune femme qui pour s'être un temps perdue de vue artistiquement et personnellement a puisé dans ses doutes les ressources pour admettre que si sauveur il y avait il ne pouvait jaillir que d'elle-même. Et dans ses poches les clés d'une évasion valant réinvention.

Cavale, EP (Ditto Music / Sankukaï production)

C'est l'histoire d'une jeune femme qui kidnappe un père de famille dans la rue pour en faire la rock star qui sauvera sa génération : « un Jésus Christ avec une gueule de cow-boy ». Il s'appelle Slim, elle s'appelle Cavale. Ils sont les héros de Cowboy Mouth, une pièce écrite en 1971 — et dans un premier temps jouée — par la rockeuse-poétesse Patti Smith et le dramaturge Sam Shepard. C'est en travaillant ce texte au cours d'une formation de comédienne qu'Ambre Pretceille a eu une révélation : « Robert Castle le metteur en scène m'a dit qu'il se passait quelque chose pour moi avec ce rôle, de le garder quelque part, que j'en ferai quelque chose. C'était très sensoriel, et même assez perturbant. »

De là, les choses s'emboîtent et c'est ainsi que naît Cavale, son nouveau projet musical – qui portera donc le nom de l'héroïne de Cowboy Mouth, sur lequel elle patine depuis trop longtemps. C'est qu'Ambre a eu bien du mal à rebondir après la séparation de Taïni & Strongs, « un groupe avec quatre gars et une fille » disait le slogan, qu'elle avait bâti de toutes pièces en 2010, histoire d'embrasser sérieusement des envies de musique étrennées quasiment depuis l'enfance (le piano très tôt, un premier groupe à 12 ans).

Pendant cinq ans, elle mène ses troupes comme un chef de guerre. Le groupe multiplie les concerts et Ambre apprend son métier sur le tas : « les premiers Printemps de Bourges, les salons, les professionnels, les débuts de l'entrepreunariat » et bien sûr des chansons à écrire. Sur scène, la chanteuse est un vrai volcan qui semble expulser tout ce que la jeune femme « très réservée » et pour qui le chant n'est pas toujours allé de soi, garde en elle, le reste du temps. Est-ce cette intensité, cette expérience vécue à l'extrême ? Toujours est-il qu'au bout de cinq ans, c'est l'impasse : Ambre ne voit guère comment aller plus loin avec son gang. Surtout elle est rincée, physiquement, psychologiquement, plus rien ne répond. Il faut tout arrêter – on ne parle pas assez du burn-out dans le rock.

Traversée du désert

Ambre commence alors à travailler pour les autres, écrit, compose, tourne avec notamment le bon Daisy Lambert et s'imagine rebondir naturellement en temps voulu. Mais ce temps ne vient pas : « j'étais beaucoup plus entamée que ce que je pensais et ç'a été une vraie traversée du désert. J'avais commencé à écrire des choses mais je ne trouvais pas les bonnes personnes avec qui travailler, il a fallu que j'arrête de forcer les choses. » Or c'est bien connu, c'est souvent quand on arrête de chercher que les choses vous tombent dessus. Ambre va à Paris pour cette formation de comédienne, pensée comme une respiration et une manière de compléter sa palette artistique, elle qui est passée par les arts appliqués, fait des tonnes de voix-off (la voix de la meneuse de revue du cabaret d'Annecy, c'est elle) et fait son trou dans le DJing avec Sophie Broyer (entre autres, ex-directrice de l'Epicerie Moderne) qui, ayant accompagne, cette traversée du désert,  ne cache pas lui avoir conseillé « de lâcher un peu, de prendre le temps »..

Là, donc, Ambre « rencontre » Cavale et, quasiment au même moment Jules Appolinaire, musicien et réalisateur de la chanteuse-musicienne Findlay. Le courant passe. Elle lui envoie des morceaux et la course de Cavale est lancée, dans le sillage de ce nom « spécial, plein de sens, lumineux », un jalon qui en amène d'autres et lui permet de donner une cohérence à des chansons écrites dans le désert sans véritable destination, mais qu'elle ira enregistrer comme elle le rêvait, à Londres, comme si d'un coup « toutes les planètes s'alignaient parfaitement ». La première s'appelle Future et pose magistralement les bases artistiques, mais pas seulement, de ce que sera Cavale : une claque dans la gueule qui fait « bang, bang, bang » et des références qui font pop à l'ouverture. « J'avais besoin d'un morceau étendard, qui me permette de me relever, d'aller au bout. Pour l'écriture du clip, je voulais dévoiler ce personnage avec tout ce qu'il pouvait avoir de moi : l'autodérision, mes influences, notamment cinématographiques. Future c'était la carte d'identité de Cavale. »

Et Cavale, c'est Ambre, plus que jamais : « je ne me suis jamais autant mise à nue, confie la chanteuse, avec Cavale, j'enfile ma cape de super héros, je ne me fixe aucune barrière, c'est très animal, il y a une urgence, j'ai besoin que ça sorte. Je crois que je suis en train de déconstruire quelque chose qui me permet de me livrer davantage. Je me suis affranchie de plein de choses des codes sociaux, ça nourrit ma vie personnelle, je ne peux pas dissocier les deux. »

Derrière ce qui pourrait alors passer pour une démonstration de force en mode amazone survivaliste, il y a d'abord une artiste qui embrasse donc enfin ses fragilités et accepte de dire « ç'a été dur ». En cela, l'émouvante balade Past, deuxième extrait de son EP, est une sorte de miroir de Future : un morceau introspectif qui compte les abattis et les abattements, où elle à l'enfant qu'elle a été et que l'on voit grandir, jeune fille et chanteuse en concert, dans le clip fait notamment d'images d'archives familiales : « une manière de remercier mes parents. » « Ce qui m'intéresse chez Cavale, confie à la fois l'amie et la professionnelle Sophie Broyer,  c'est cette dualité. C'est efficace et  en même temps, il y a des choses qui restent. Ce sont deux morceaux très différents, ce qui peut être déroutant, mais on sent qu'il y a une vraie exigence dans une ligne artistique très reconnaissable pour peu qu'on les écoute un peu en profondeur » 

Sororité

Mais c'est aussi à une autre famille que Cavale doit d'être ce qu'elle est : un projet subtilement abouti, global, complet, réfléchi, maturé, tant musicalement qu'en terme d'images — une aspiration à l'art total qu'elle va puiser chez des idoles comme Bowie. Et cette famille c'est une sororité : Sophie Broyer, donc, qui salue, cette fois avec le regard de la professionnelle « la grande exigence de ce projet», Maëva Nicolas, son attachée de presse (également chanteuse du groupe Bandit Bandit) qui l'a rapprochée du label Ditto Music mais aussi Anne-Laure Étienne, photographe, Stéphanie Argentier, scénographe, Céline Nivert, couturière et modéliste, auxquelles on doit une imagerie haute-couture, et quelques autres, ont toutes mis la main à la pâte de Cavale.

Ambre n'y va pas par quatre chemins, cette solidarité féminine lui a « permis de retrouver la confiance perdue avec Taïni. On ne va pas se mentir, c'est un milieu très compliqué pour les femmes, j'en ai souffert dans la musique, le harcèlement, la compétition entre femmes. Avant je n'avais rencontré aucune entraide, ce qui a causé beaucoup de dommages en moi. » Sophie Broyer, l'une des rares programmatrices reconnues des musiques actuelles abonde : « en temps que femme s'imposer avec des producteurs, des réalisateurs d'album, dire "ce son de guitare, je ne le veux pas comme ça mais plutôt comme ça", et se faire entendre ne va pas de soi. On a vite le syndrome de l'imposteur. Il faut gagner sa légitimité plus durement, pour être capable de dire "non, c'est comme ça et pas autrement". Mais Ambre a en elle une culture de l'indépendance qui m'a également permis d'apprendre ».

Ambre/Cavale le constate avec bonheur, sans pour autant l'avoir cherché, son projet touche particulièrement les femmes. Sans doute parce que sourd derrière le projet l'idée d'une auto-émancipation qui s'autorise toutes les folies. Quand une de ses amies lui glisse un jour : « on est des putains de phénix », la phrase devient un mantra : « pour faire ce métier à 35 ans, il faut être un peu tarée, ajoute celle qui est intermittente depuis plus de dix ans et n'a jamais travaillé dans un bureau, il y a une part de nous qui est au-delà de l'audace. Ce sont des métiers qui font rêver mais c'est comme les histoires d'amour, il y a la passion du début mais après c'est surtout beaucoup de travail. »

À la fin de Cowboy Mouth, qui n'est en réalité que la sublimation de la brève liaison de Patti Smith et de Sam Shepard, Slim s'évanouit et retourne à sa vie familiale. Cavale a perdu le "sauveur" du rock et son amour. Mais sûrement trouvé autre chose, d'encore plus précieux. Dans les derniers instants, les deux amants chantent ces mots : « If you got no savior you can do it on your own (...) Open up your heart don't think about a thing / Feel the movement in you and sing ». Quant aux ultimes mots de la pièce, ils reviennent à l'héroïne abandonnée à l'introspection : « The moon was cold and full and his visions and the crow and the lobster went on cavale. That's where I found my name. Cavale (...) It means escape. » Parfaite allégorie de la trajectoire d'une chanteuse, qui il n'y a pas si longtemps promouvait la musique des autres et dont le travail a su retrouver des élans passionnés. Une jeune femme qui pour s'être un temps perdue de vue artistiquement et personnellement a puisé dans ses doutes les ressources pour admettre que si sauveur il y avait il ne pouvait jaillir que d'elle-même. Et dans ses poches les clés d'une évasion valant réinvention.

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Crédit Photo : © Mona Bonetto

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LE FILM DE LA SEMAINE

Sous les étoiles de Paris

De Claus Drexel (Fr, 1h30) avec Catherine Frot, Mahamadou Yaffa, Jean-Henri Compère

Depuis de nombreuses années, Christine vit sous un pont, isolée de toute famille et amis. Par une nuit comme il n’en existe que dans les contes, un jeune garçon de 8 ans fait irruption devant son abri. Suli ne parle pas français, il est perdu, séparé de sa mère… Ensemble, ils partent à sa recherche. A travers les rues de Paris, Christine et Suli vont apprendre à se connaître et à s’apprivoiser. Et Christine à retrouver une humanité qu’elle croyait disparue.

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Edité à 45 000 exemplaires à Lyon le Petit Bulletin est distribué gratuitement et en libre service tous les mercredis dans plus de 1 000 points.
Le Petit Bulletin est édité par le Groupe Unagi.



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