Mai : Le retour des films prodigues

Panorama mai ciné / Films décalés parvenant enfin (ou pas) sur les écrans, familles séparées finissent par renouer des liens distendus voire coupés... Mai est un mois de retrouvailles. Et de festival, aussi, un peu...

On avait annoncé en mars 7 Minuti de Michele Placido, transposant un fait survenu dans une usine d'Yssingeaux en Italie et sous la forme d'un huis clos dans le contexte italien. Sauf qu'il n'était pas sorti à la date escomptée. Est-ce une bonne nouvelle que de le confirmer pour le 9 mai ? Il demeure deux mois plus tard pareillement théâtral et mollasson. Pas de chance en revanche pour l'excellent Mean Dreams de Nathan Morlando, qui devait enfin être sur les écrans le 9 mai, deux ans après sa présentation à la Quinzaine des réalisateurs et un an après l'annonce de sa première date de sortie. On ne connaît pas pour le moment de date de report ; de mauvais augure pour ce qui est sans doute l'ultime rôle du grand Bill Paxton, ici en flic pourri et abusif lancé à la poursuite de sa fille.

Tous ensemble, tous ensemble

En général, il faut avoir éprouvé la douleur de la distance pour goûter au bonheur des retrouvailles. Sauf pour Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête de Ilan Klipper (23 mai) où un écrivain dépressif subit une soudaine réunion de famille à domicile : ses proches cherchent à le faire interner. Inégale, cette comédie a des allures de film court s'étant doté d'un prologue pour devenir long métrage — où Laurent Poitrenaux comme sur scène, se dénude volontiers pour meubler l'espacer en ratiocinant. Quelques tentatives de montage hardies interviennent tardivement, hélas.

Dans le conte circassien de Yann Le Quellec Cornélius, le meunier hurlant (2 mai), il faut que le brave héros éponyme s'exile pour, à son retour, bénéficier des faveurs de sa belle et des villageois qui ne supportaient plus son tapage. Introduite par une mélopée gutturale d'Iggy Pop, cette très plaisante fable chamarrée entre Tati et Thierrée pourrait bien vite devenir, malgré son titre à moudre debout et grâce à sa fantaisie sans outrance grimacière, un classique intelligent du cinéma jeune public. On le lui souhaite.

Les ados préfèreront (comment les blâmer ?), Mutafukaz (23 mai), adaptation par Shoujirou Nishimi et Guillaume Renard de la BD post-moderne du second, mêlant extra-terrestres, mutants, lucha libre et pizza froides. Où le protagoniste Angelino découvre qu'il a été abandonné à la naissance et dispose de pouvoirs enviables. Doté de la voix d'Orelsan — Gringe n'est pas loin —, cet objet pop-fusion issu des studios Ankama est parfaitement rythmé par un montage à la Pulp Fiction, prenant autant de liberté qu'il est permis d'en voler avec la stricte linéarité. Ça claque gentiment. Un dernier mot enthousiaste pour le lapidaire et implacable Retour à Bollène (30 mai). Saïd Hamich y raconte le retour de Nassim, forcé de s'expatrier à Abu Dhabi où il a réussi, mais se retrouvant en décalage avec sa famille tentée par la religion, la débrouille, et la France, où fleurit sur la misère ambiante un nationalisme haineux. Un portrait d'une acuité remarquable.

Eh...Y aurait pas comme un festival ?

Ah, mais si : du 8 au 19 mai. Avec des films désormais présentés en première cannoise — enfin... mondiale — le soir, histoire que toutes les équipes, imperméables aux immanquables rumeurs, espèrent et sourient encore au moment de gravir les fameuses marches rouges. Une maigre poignée de films va sortir sur les écrans pendant la douzaine (pourquoi appeler cette manifestation la Quinzaine : elle dure trois jours de moins) permettant à tout un chacun de prendre part à distance à la fête.

On ne vous dira rien — et pourtant, ce n'est pas l'envie qui nous en manque, c'est l'embargo qui nous le défend — du film d'ouverture par le toujours juste Asghar Farhadi, Everybody Knows (9 mai), ni du retour du duo Stéphane Brizé/Vincent Lindon pour En guerre (16 mai), tous deux en compétition. Vous en saurez BEAUCOUP plus le jour dit sur notre site. On verra aussi en même temps que les jurés le nouveau Christophe Honoré Plaire, aimer et courir vite (jeudi 10 mai) et c'est tout pour le moment, si l'on excepte le hors compétition Solo : A Star Wars Story, prévu dans la foulée (23 mai). Mais patience : rien n'est jamais figé dans la sable de la Croisette...

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