Festival / Pour sa quarante-cinquième édition, les mensurations du Rhino Jazz(s) festival confirment la grande forme de l'animal, avec 41 concerts en 23 jours sur 29 communes. Comme à l'accoutumée, éclectisme et qualité sont au rendez-vous. Passage en revue et coup de cœur...
La programmation du Rhino offre cette année encore, pour sa saison 45, un bel éventail de tout ce qui tourne autour du jazz, ou plus exactement de tout ce que le jazz embrasse. Et s'il fallait commencer par là, les têtes d'affiche sont, dans leurs styles respectifs, toutes plus alléchantes les unes que les autres. L'occasion rare d'écouter en live l'immense pianiste cubain Chucho Valdès, de découvrir l'hommage rendu par le saxophoniste italien Stefano Di Battista aux musiques du maestro Ennio Morricone, ou encore d'apprécier les grands thèmes d'Ibrahim Maalouf que le trompettiste revisite de façon largement épurée, en duo acoustique avec son guitariste attitré François Delporte.
Autre tribute à ne pas manquer, celui du quartet de Daniel Zimmermann qui, avec le renfort de Pierrick Pedron au saxophone, opère une relecture décalée des mélodies de Serge Gainsbourg, époque 1960-1975. Intelligentes variations autour d'albums clés comme Bonny and Clyde, Ballade de Melody Nelsonou encore L'homme à la tête de choux... On note cette année la montée en force des prestations solos avec les pianistes Harold Charre (en l'église de Cellieu) et Marie Krüttli (à la galerie Ceysson et Bénétière), l'accordéoniste Joào Pedro Teixeira (en l'église de Saint-Paul-en-Cornillon), ainsi que la bassiste Farida Hamadou et la guitariste Ava Mendoza.
Andalousie, je me souviens
La salle Jean-Dasté à Rive-de-Gier, berceau historique du festival à la toute fin des années soixante-dix, recevra le 18 octobre le quintette du phénomène ibérique Antonio Lizana. Compositeur, saxophoniste et chanteur originaire de Cadiz, l'artiste entretient un flamenco-jazz nourri de sonorités mauresques et de culture gitane, dans lequel écriture et improvisation se livrent un duel étincelant. Entre introspection et libération, chaque concert de Antonio Lizana est un voyage qui ne s'oublie pas. Amarrant les racines traditionnelles andalouses à la modernité du jazz contemporain, il réussit une audacieuse fusion, à la fois hybride et originale. Son chant puissant et ses folles vocalises alternent avec les chorus de saxophone, échafaudant une performance plutôt décoiffante. Sur scène, Antonio Lizana est soutenu par un ensemble très affûté de cuivres et de percussions, que complète un banjo. Au fil d'un parcours personnel ponctué par cinq albums, le musicien a également évolué aux côtés de quelques grands noms du genre, parmi lesquels Marcus Miller, Alfredo Rodríguez, Ari Hoenig, Shaï Maestro ou encore Snarky Puppy pour n'en citer qu'une poignée. Ses collaborations avec Arturo O'Farrill et Alejandro Sanz lui ont valu deux Latin Grammy Awards... À consommer sans modération.
Rhino Jazz(s) festival, jusqu'au 22 octobre entre Loire et Rhône