Classique / Des pièces sublimes, une programmation audacieuse, des interprètes de renom : la 9e édition du Festival Olivier Messiaen, lové au pied du glacier de la Meije, ne faiblit pas en qualité.
Séverine Delrieu
Comme chaque année, le thème choisi pour le Festival Olivier Messiaen s'inspire de l'œuvre du compositeur et sert à assurer l'unité entre des programmes soignés et prometteurs. Rien d'étonnant que celui de cette année, "Au commencement était le rythme", fasse son apparition dans le village de La Grave, la "vraie patrie" de Messiaen, terre dans laquelle il rêvait d'entendre interpréter ses œuvres. Deux raisons à cela. D'abord, Messiaen fut préoccupé par les questions de rythme toute sa vie. Mais aussi, parce que dans son traité sur "Le rythme, la couleur et l'ornithologie", on peut lire : "les paysages d'Oisans ont spécialement enrichi mon catalogue de rythmes". Le festival a ainsi réuni ses deux passions : écriture rythmique et paysages alpins.Des pièces et des hommesAutour de ce thème, le directeur artistique Gaetan Puand a choisi trois axes pour élaborer sa programmation : les compositeurs considérés par Messiaen comme de "grands rythmiciens" (Mozart, Debussy, Stravinsky), des compositeurs du XXIe siècle, anciens élèves du maître et des musiques sources, comme la musique indienne. Cela donne de très beaux concerts, essentiellement en musique de chambre. Et comme on ne pourra tous les évoquer, allons sans tarder à ceux qui nous semble incontournables. À commencer par celui consacré aux pièces écrites pour deux pianos. La sensibilité d'Emmanuel Strosser et la finesse de Claire Desert seront réunis pour Les Trois pièces pour deux pianos du récemment disparu Ligeti et Mikrokosmos de Bartok. Le trio Wanderer et l'immense Paul Meyer à la clarinette nous promettent des moments intenses avec Le quatuor pour la fin du temps de Messiaen. Michael Lévinas (ancien élève de Messiaen) au piano interprétera ses Trois Etudes et les Quatre études de rythme de Messiaen. Le quatuor Meije -composé de solistes de l'intercontemporain et de l'Orchestre de Paris- jouera Mozart, Reverdy et Bartok. La perspective d'écouter le jeune pianiste allemand Markus Mellheim dans l'intégrale du Catalogue d'oiseaux de Messiaen et L'Intégrale des études pour piano de Ligeti par Toros Can, nous réjouissent d'avance. Et ce n'est pas tout : le Trio de Brahms op114, la création de Michèle Reverdy Trio nomade, la Sonate pour violoncelle et piano de Chostakovitch (on en passe) seront investis par l'émouvant Marc Coppey au violoncelle et l'incroyable altiste Christophe Desjardins. Passer à côté de la création de Tristan Murail serait également dommage. Enfin, réécoutez Vortex Temporum (du planant Gérard Grisey) ou Octandre de Varèse, Les Notations de Boulez par Roger Muraro et vous aurez un court aperçu du paysage sonore.9e Edition du Festival Olivier Messiaen au pays de la Meije Du 20 au 30 juillet (Isère)
