Lundi 14 juin 2021 Retour des Summer Sessions le 1er juillet, avec en ouverture Pat Kalla & co. Hors d'œuvre d'une saison estivale qui s'annonce prometteuse aux abords extérieurs du Transbordeur.
Portrait / Étoile montante de la scène rock française, Bandit Bandit est une intrigue à deux dans une géométrie sonore à quatre. Dans un café lyonnais, nous avons rencontré Maëva Nicolas et Hugo Herleman, le cœur du groupe, quelques jours avant le très attendu concert à Rillieux-la-Pape, organisé dans le cadre du festival Les Chants de Mars.
L’histoire de Bandit Bandit possède les couleurs de la passion et du rock, de l’amour et de l’extase. La conjonction hasardeuse occasionnée par une application de rencontre incarne l’origine d’une histoire fascinante sur le point d’éclairer le paysage musical national. Maëva Nicolas, originaire d’un village près d’Avignon, et Hugo Herleman, né à quelques kilomètres de Montpellier, se rencontrent en 2015 et même si l’idée de former un groupe ne surviendra que plus tard, la musique nourrit dès le départ leur entente.
Des visages masqués sur la route du succès
Pendant un shooting avec leur ami photographe Gaëtan Duthet, Maëva et Hugo décident d’arborer des bandanas en lin : l’image du bandit surgit soudain comme un signe du destin. Ils sont deux, ils sont des hors-la-loi : deux bandits. Avant même la création du groupe, leur nom les attendait déjà sur la route.
Un chemin qui passe par Bourges, à plusieurs reprises. « À l’époque, j’étais journaliste – raconte Maëva – et je me rendais au Printemps de Bourges en covoiturage avec d’autres personnes qui travaillaient dans la musique et que je ne connaissais pas. Mon téléphone était connecté en bluetooth à la voiture et je l’avais laissé en mode shuffle. Puis, à un moment donné, je m’endors et nos démos passent. Un des mecs me réveille, séduit par ces morceaux enregistrés sans prétention et il m’en parle pendant des heures. Peu de temps après, il est devenu notre premier manager ».
Le temps passe et, en 2020, Bourges se trouve à nouveau sur leur route vers le succès. Bandit Bandit n’est plus une idée clandestine, mais peut montrer son visage : l’invitation aux Inouïs du Printemps marque une étape importante de leur parcours.
Quand Lyon s’en mêle
En 2019, ils partent du Sud pour s’installer à Lyon et très rapidement le duo tombe sous le charme de la capitale des Gaules (dans Si j’avais su Maëva chante « Je suis le quai du Rhône/le quai de Saône/prendre le trône et la couronne »). « Bandit Bandit c’est un groupe lyonnais, il a vraiment démarré à Lyon et cette ville a marqué sans doute nos meilleures années, le début du groupe mais aussi la fin de notre couple : on gardera toujours un affect particulier pour elle ».
Mais Bandit Bandit n’est pas seulement une parfaite entente à deux. À côté de Maëva, la voix du groupe, et Hugo, à la guitare, il y a aussi Anthony Avril à la batterie et Ari Moitier à la basse. « C’est la famille : on ne s’imagine pas sans eux. Nous sommes les deux têtes pensantes mais les garçons amènent leur plus-value, leur sensibilité de musiciens. Et puis, sur scène, il se passe quelque chose : c’est une alchimie parfaite ».
L’écriture et l’illumination
Les morceaux du groupe font converger deux univers très différents : une écriture raffinée et ludique qui s’incarne dans une sauvagerie rock aux sonorités vintage. Les jeux de mots côtoient ainsi des références littéraires et musicales très riches, produisant un mix explosif. « J’ai toujours été sensibles à la lecture que certains musiciens ont fait des œuvres des écrivains et des poètes – confesse Hugo – comme chez Gainsbourg où l’on perçoit en filigrane Baudelaire ou Boris Vian. J’aime beaucoup Vian, car c’était un loser, un loser magnifique. Et moi j’ai de la sympathie pour les losers ! ». Si Maëva parle de son amour infini pour Éluard et Bukowski, c’est bien Dimoné qui a changé le regard du groupe en faisant le lien entre poésie et musique française : « Un musicien et un vrai poète qui habite dans le Sud et dont l’esthétique me rappelle celle de Bashung. C’est grâce à lui que je me suis dit qu’on pouvait faire du rock en français : c’est lui qui m’a indiqué la route à suivre » nous dit Hugo.
La rencontre explosive d’un double background
Grande passionnée de musique francophone, Maëva énumère ses références, à partir de sa « première claque », Jacques Brel. À côté du Belge, dans le panthéon de la chanteuse prennent place Barbara, Édith Piaf, Léo Ferré, Charles Aznavour et Serge Lama mais aussi des artistes plus récents, comme Claude ou, dans le panorama international, St. Vincent. « Ce que j’aime le plus chez elle, c’est sa liberté. Ses albums ne se ressemblent absolument pas. Elle va d’un style à un autre avec une facilité déconcertante ! ». Sans oublier Miley Cyrus, la « femme de ma vie », dont le groupe a proposé une saisissante reprise du tube Wrecking Ball.
Du côté de chez Hugo, les références sont bien plus ancrées dans le rock, le grunge et le stoner : Nirvana, Black Rebel Motorcycle Club, Queens of The Stone Age, Idles (dont le groupe assurera la première partie du concert aux Nuits de Fourvière), mais aussi Balthazar, MGMT, ou le dernier album de Liam Gallagher et John Squire.
La collision entre les univers distants de Maëva et de Hugo donne vie à une réaction explosive propre au son du groupe.
Une évolution foudroyante
Le premier EP Bandit Bandit sort en 2019 : une plongée vertigineuse dans les vapeurs du rêve où les sonorités acides (Maux) sont contrées par un son abrupt.
Deux ans plus tard avec l’EP Tachycardie le groupe dresse un travail d’une élégance plus cauchemardesque, tourmentée par une puissance rock précise et efficace (Néant) ou traversée par un chant flegmatique qui fascine et assujettit (Désorganisée, Tachycardie). Le chant et la musique créent un transport extatique agrémenté par l’évocation de rituels et sonorités orientales.
L’écriture obscure des deux EPs semble se dissiper avec 11:11, le premier album du groupe sorti en septembre de l’année dernière. Un travail plus solaire et apaisé, résultat de la recherche d’un équilibre entre forme et substance. « L’album a été conçu pendant le confinement mais, ça peut paraitre bizarre de dire ça, tout allait bien ! 11:11 est le témoin d’une évolution, d’un changement qui nous a investis : on a commencé à moins axer l’attention sur nous pour regarder ce qui se passait dans le monde ».
Un nouveau regard sur le monde, plus engagé et plus sensible, prolongement d’un changement induit par des signes qui ont jonché la genèse de ce travail. « Le premier jour d’enregistrement on est rentré en studio et on est tombé sur cette horaire, 11:11. Puis, quasiment tous les jours, cette horaire s’affichait et cadençait notre travail. Nous avons toujours été sensibles aux signes et, après avoir effectué des recherches, nous avons découvert ce qui se cachait derrière cette heure miroir : le renouveau, le fait de trouver sa voie. Bon, ça ne va pas être simple, mais on va y arriver ! ».
Partager un moment de bonheur
À quoi on doit s’attendre pour le concert à la MJC Ô Totem ? « À beaucoup de cheveux ! (rires) Bandit Bandit est une invitation à la transe : sur scène, on donne le meilleur, on donne beaucoup de nous parce qu'on a besoin de ça, ça nous fait du bien. On aimerait que les gens puissent ressentir ce que nous on ressent sur scène, car là nous sommes heureux. Venez, on va passer une heure et demie d’expérience commune, à la fois hyper intense et hyper douce ! ».
Rien de mieux qu’une invitation au partage communautaire et extatique pour évoquer un concert de ce fascinant groupe lyonnais.
Bandit Bandit + Hôtel Particulier + Caïman
À la MJC Ô Totem Live, Rillieux-la-Pape, le vendredi 22 mars dans le cadre du Festival Les Chants de Mars
pour aller plus loin
vous serez sans doute intéressé par...
