Sleepless - Au sommet de l'Opéra

Par Marie-Hélène Naneix

Grise et froide après-midi au dehors. Chaleureux noir et blanc du niveau -5 au niveau 12 de l'Opéra Nouvel ce 25 janvier pour la Brigade du Ballet

Brigade ?! Oui...nous sommes une douzaine, inconnus au bataillon, invités par la belle institution à assister à une répétition du ballet qui travaille sur le programme à venir Sleepless et One of a kind de Jiri Kylian.

Début du voyage...niveau -5, la grande salle de répétition, le ventre des créations. On se sent comme dans une grotte à la voûte immense et claire. D'où vient la lumière ? L'art et les artistes sont au travail : musiciens, scène, maquette de décor en place, régie, etc. Respect !

Nous remontons palier par palier de cette plongée initiale et initiatique. Des portes s'ouvrent : le grand studio, l'amphithéâtre, la fosse d'orchestre, la salle (vide...tout un monde !) et la scène où des techniciens travaillent à la représentation de Jeanne au bûcher ce soir. Ces techniciens me font l'effet de jardiniers. Pelles et râteaux sont à l'œuvre pour rapporter de la terre sous le sol de la scène. Etonnante vision ! Pierre-Henri, notre hôte et guide dans ce labyrinthe vertical, explique, décrit, raconte les espaces, les attributions des uns et des autres, patiemment. Ainsi va la visite «au pas de charge calme». Allez brigadiers brigadières, tous bien équipés (caméra, appareil photo sur pied, carnets de croquis ou d'écriture...) plus que 9 étages à monter par les escaliers c'est mieux, le studio de danse est au 12e ! Inspire, expire...

Ils sont là, 2 danseurs et l'assistant de Jiri. Elles sont là, 3 danseuses et une dame (responsable de la danse ?) assise au bord sur une chaise, chaise qui semble danser elle aussi ! L'espace, la musique, la grâce, le travail, le silence, les mouvements, les arrêts, habitent ici entre deux murs ouverts. D'un côté le miroir, immense infini d'images éphémères et de l'autre, la verrière au-dessus des toits de la ville, sous le ciel.

La répétition a lieu en anglais assorti de mots français prononcés avec un délicieux accent «arabesque/jambe en l'air/pas-chassé/droite/gauche/pirouette...» et bien d'autres. Je me surprends à remercier Louis XIV qui institua l'Académie de Danse et sa langue.

Les corps, les visages, les consignes reflètent l'exigence, la douceur (relax, take your time for each time, one, two... répète l'assistant), la confiance (very good guys !...). Seule la respiration des artistes "trahit" l'effort et celui-ci est ouaté, absorbé par le bruit, le souffle de la ventilation du studio qui participe à l'atmosphère. Le sol brille, reflète, déforme et prolonge les silhouettes. Mon imagination galope, la danse aujourd'hui ici est liberté, le travail est fluide, le temps passe de belle manière. Ah c'est l'heure de partir ?!

Comment redescendre de ce nuage en douceur ?... Par les escaliers bien sûr! Petite pause échanges et salutations dans le grand foyer. J'hésite à retrouver la rue, le charme va-t-il disparaître !? Allons, il suffit de tourner la tête et les yeux vers la façade, elles et eux là-haut.

C'est éclairé. Bientôt vous serez sur scène et moi dans le noir, méconnaissable et reconnaissante.

Merci le Ballet, l'Opéra de Lyon, Le Petit Bulletin, pour l'ouverture, le partage, la proximité.

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