de Shane Meadows (Ang, 1h37) avec Thomas Turgoose, Stephen Graham...
Ceci est l'Angleterre des années Thatcher : troubles identitaires, derniers feux du punk, jeunesse en mal de repères, misère économique et sociale. Un portrait peu glorieux que le générique du film de Shane Meadows dessine à l'aide de nombreuses images d'archive. Vient ensuite la fiction, et c'est une autre paire de manches : déjà, l'idée de raconter l'histoire depuis le mètre quarante d'un pré-ado paumé et complexé trouvant refuge au sein d'une bande de marginaux plutôt sympas jusqu'à ce que Combo, le frère haineux et raciste du leader, ne sorte de taule, permet beaucoup de raccourcis. Il faut un regard autrement plus assuré pour faire passer l'idée qu'un skin-head est un être malheureux et rejeté qui évacue sa rage en bastonnant des noirs. D'où question : si, dans les yeux d'un enfant, la quête du père peut passer outre tout jugement moral, en va-t-il de même quand cet enfant est devenu adulte et cinéaste ? Dans la séquence la plus contestable du film, c'est d'ailleurs seul face à Combo et Cynth (la fille qu'il aime et qui le repousse) que Meadows montre le grand gaillard fondant en larmes comme un gamin, empathie malvenue quand, deux scènes plus tard, ce même Combo commettra l'irréparable. Le réalisme social à l'anglaise touche ici ses limites : on ne peut pas tout excuser à si peu de frais !CC
