Vittorio De Sica : Éloge de la synthèse

La postérité est volontiers cruelle pour les touche-à-tout, souvent ravalés à des bons-à-rien de luxe, incapables de se contenter d’un art. Voyez l’injustice faite Cocteau, figé en poète mondain taquinant du dessin entre deux réalisations : combien de temps a-t-il fallu pour que l’on consente à admettre que son grand œuvre était non l’écrit, le filmé ou le dessiné mais la somme de toutes ses œuvres ? Il en va de même pour le brillantissime Vittorio De Sica, dissocié entre une image de séducteur souriant à l’écran (notamment chez Comencini dans Pain, amour et fantaisie) et de cinéaste précurseur du néoréalisme italien — avec les incontournables Sciuscià (1946) et Le Voleur de bicyclette (1948) — et réalisateur de drames humanistes tels que Umberdo D. (1954) ou de l’élégante fresque tragique Le Jardin des Finzi-Contini (1970).

Ce serait oublier que le prolifique comédien a aussi campé des figures plus sombres pour Rossellini (Le Général della Rovere), soupirant transi de Danielle Darrieux chez Ophüls (Madame de…) ou les marquis pour Morrissey (dans le transgressif Du sang pour Dracula). Auteur, ce collectionneur de distinctions internationales passera avec la même aisance de l’épopée intime La Ciociara (1960) à la délirante comédie taillée pour Peter Sellers After the Fox (1966).

Si l’on devait citer une seule réalisation rendant compte de sa carrière protéiforme, et justice à son talent de caméléon, ce serait sans nul doute L’Or de Naples (1954), film à sketches alternant le burlesque, la farce joyeuse, l’épouvantable tragédie, l’ironie mordante et la critique sociale. Une galerie de portraits et de visages, un panorama de sa cité napolitaine également, dans sa diversité et ses paradoxes, à la fois aristocratique et lézardée, misérable et resplendissante, mais éternelle comme le cinéma de De Sica.

Rétrospective Vittorio De Sica
À l’Institut Lumière ​jusqu’au 23 avril

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