De la mystique avant toute chose

Le public lyonnais est invité à faire une expérience de l’extrême à l’Opéra de Lyon. Parsifal de Richard Wagner n’avait pas été à l’affiche depuis 35 ans. 5 heures 30 d’un spectacle en immersion totale où chacun ressort rincé et tout neuf à la fois. Œuvre pharaonique et ultime du compositeur, Parsifal fut créé en 1882, huit mois avant la mort de Wagner, ce «festival scénique sacré en trois actes» est l’œuvre de toute une vie, sorte de testament artistique d’une densité exceptionnelle. Une œuvre à part où diverses spiritualités se croisent : Wagner a redécouvert le christianisme, s’est intéressé au bouddhisme et reste attaché aux mythes païens. Des rituels, une quête de soi, une idée obsédante de la rédemption : tout y est pour parler de divin et d’humanité. Petit éclairage sur les personnages principaux : Gurnemanz, mémoire de la confrérie du Graal, gardien du temple. L’inquiétant Klingsor exclu de la confrérie parce qu’il n’a pas respecté les règles. Amfortas blessé par la lance sacrée qui transperça le flanc du Christ. Seule cette lance, gardée par le sorcier Klingsor, peut guérir Amfortas. Une femme enfin, Kundry, figure énigmatique et multiple. Femme fatale, «fatiguée», sensuelle et protectrice tout à la fois. Parsifal doit accomplir une mission qui le dépasse. Figure christique ? Certainement, n’en déplaise à certains. Comment ne pas voir tous les symboles réunis : de la lance au vendredi saint en passant par la coupe sacrée et puis ce Parsifal, sauveur, que l’on reconnaît tardivement comme tel.

Pascale Clavel

Parsifal
À l'Opéra de Lyon
Du 9 au 25 mars