Insomniaque - Soirées du 15 au 28 octobre

18.10 Black Atlantic Club

Berceau de l'humanité, l'Afrique est aussi celui des musiques dites actuelles. On ne vous apprend rien. Black Atlantic Club (du nom d'un célèbre ouvrage du sociologue Paul Gilroy sur les contre-cultures noires), la nouvelle résidence du Sucre qui illustre cette affirmation, non plus. Le guitariste ghanéen Ebo Taylor, son premier invité, a en revanche beaucoup à nous enseigner en matière de groove, lui qui fut le chaînon manquant entre le highlife, musique vernaculaire chargée en cuivre du début du siècle, et sa mutation électrique survenue dans les années 70 aux mains de Fela Kuti (qu'il côtoya), l'afro-beat.

18.10 I'm Tyree Cooper

Quand les musiciens se piquent de génétique, le résultat est généralement aussi insoutenable que la vue de ces souris dont le dos a été remplacé par une oreille humaine. Ainsi, par exemple, de la hip-house, dont les odes aux popotins atomiques de Reel 2 Real sont sans doute les aperçus les moins discutables – c'est dire le niveau général. Un homme a pourtant su offrir des lettres de noblesse à ce crossover : Tyree Cooper, big name méconnu de la scène de Chicago et auteur à la fin des années 80 de l'inusable Pump up the Bass. Cooper a toutefois fait plus fort : il a survécu au déclin du phénomène. Preuve en est sa venue au DV1.

23.10 Mirage – Module 3

«Sidéral et sidérant» était Gravity , selon les mots de notre cinéphile en chef. Sidéral et sidérant est le deuxième album du compositeur noise anglais Roly Porter, amas de silences, de parasites et d'arrangements new age qui raconte, avec une majesté à faire passer Ben Frost et Mondkopf pour des artistes pompiers, rien moins que le Life Cycle of a Massive Star... et contient un morceau éponyme du chef d’œuvre d'Alfonso Cuaron. C'est justement au plus près des astres, au Sucre, qu'il présentera le live audiovisuel parachevant cette symphonie pour néants et feux originels, le temps d'un écho au festival Mirage.

24.10 Ken Ishii

Des JO de Nagano (1998), on se rappelle surtout des commentaires nasillards de Pierre Fulla. Moins de la musique composée par Ken Ishii pour leur ouverture. Le type étant une sorte de descendant japonais de Carl Craig – dont il a hérité la curiosité, ce qui lui a aussi valu de bosser sur le mythique Rez, l'un des premiers jeux à reposer sur une interdépendance entre action et musique – ça craint. Heureux soient les amnésiques, sa techno autoroutière, futuriste et romantique comme l'étaient les courses-poursuites d'Akira (l'animateur Kōji Morimoto a d'ailleurs réalisé certains de ses clips), résonnera bientôt au DV1.

25.10 The Drifter

Avec sa barbe rousse, ses yeux azur et son pote en marinière (Mano Le Tough, avec lequel il dirige l'irréprochable label Maeve), Mark Flynn semble tout droit sorti de la cuisse de Grace O'Malley, légendaire pirate irlandaise du XVIe siècle. A ceci près que ce n'est pas à la surface, mais dans les profondeurs des Sept mers que la house long format qu'il produit sous le nom de The Drifter semble s'aventurer, dans ce soi-disant "Monde du silence" qui pourtant grouille de sons aussi indéfrichables qu'enveloppants et là où la lumière est surtout luisance (celle-là même qu'émettent ses pads). Prochaine immersion au Terminal.