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La vie en rouge de La Canaille
Par Benjamin Mialot
Publié Mardi 2 décembre 2014 - 2354 lectures
Le Peuple de l'herbe + La Canaille
Transbordeur
ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement
Déjà sept ans que la présidence de Jacques Chirac a pris fin, et la fracture sociale n'est toujours pas près de se refermer. Il n'y a qu'à voir comme elle s'exprime sur le plan sémantique : pour Paris intra-muros, une canaille est un grabataire en délicatesse avec le fisc ; pour sa banlieue, c'est un homme du peuple à deux doigts calleux de se soulever.
Galvanisés par le chant révolutionnaire éponyme, composé quelques années avant la Commune, quatre Montreuillois ont choisi de le faire au son d'un hip-hop frontalier de la Zone Libre de Serge Teyssot-Gay (les guitares fumigènes, les consonances orientales) et de la république invisible de Psykick Lyrikah (la fermeté phonique, les slogans versifiés). Souffrance au travail, racisme d'état ou misogynie ordinaire, sur trois albums auto-produits et aux intentions explicitement frondeuses (Par temps de rage, Une goutte de miel dans un litre de plomb et La Nausée>), La Canaille et ses partisans (en tête DJ Pone, mais aussi, plus surprenant, Napoleon Maddox) taillent des croupières aux dominants avec une hauteur de vue et une ténacité qui, à défaut de les préserver d'une récupération par l'Internationale de la merguez, les distinguent du tout-venant du rap dit conscient.
La Canaille, dit la chanson, «c'est l'honnête homme dont la main / Par la plume ou le marteau gagne / En suant son morceau de pain». C'est aussi, soit dit en passant, la meilleure raison de se rendre au concert du Peuple de l'Herbe.
Benjamin Mialot
La Canaille [+ Le Peuple de l'Herbe]
Au Transbordeur jeudi 4 décembre