Infini Pallett

Owen Pallett

Épicerie Moderne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

Infatigable mercenaire pop (Arcade Fire, Last Shadow Puppets, Beirut...) l'ex-Final Fantasy Owen Pallett est aussi son propre maître. Et quel maître ! Car après le prodigieux album-concept "Heartland", le Canadien au violon, de passage à l'Epicerie Moderne cette semaine, a encore pondu avec "In Conflict" un disque fascinant. Stéphane Duchêne

Sur son précédent Heartland, Pallett s'était inventé un pays imaginaire, réduit aux contours du disque, dont il incarnait avec malice le démiurge, déroulant un conte pop symphonique aux résonances post-héroïc fantasy. Le Canadien y démontrait à quel point la contrainte est une voie vers la libération prolongée et régulée de l'inspiration, une façon d'accroître la maîtrise de son art.

Sur In Conflict, sorti cet année, Pallett abandonne ce procédé – et l'on peut d'ailleurs très bien, soyons-en (r)assuré, écouter les deux albums en n'ayant conscience ni dudit procédé, ni de son abandon. Reste qu'en s'en affranchissant, ce collaborateur régulier des anarchiques Arcade Fire libère comme une autre – ou mille autres – facette de son talent. Pour ne pas dire, le concernant, de son génie, qu'il aurait renoncé à maintenir sous l'éteignoir. Car oui, il y a quelque chose d'un génie en Pallett, au moins au sens primordial du terme, ou comme pouvait l'être la Scarlett Johansson invisible et pourtant omniprésente d'Her, film dont Pallett composa la musique – nommée aux Oscars.

Tache

Roi du grand huit, de la cascade pop et de la métamorphose, capable de passer de la résignation apaisée (I Am not Afraid) à la mélancolie amoureuse la plus profonde (In Conflict), d'une atmosphère quasi médiévale (On a Path) à des ambiances électro-futuristes (The Sky Behind the Flag, Infernal Fantasy) ou des envolées quasi post-rock où Pallett lâche sa voix comme rarement (The Riverbed), conservant quoi qu'il arrive quelque chose d'organique que ce soit dans son travail sur le son ou dans la sensualité de ses violons, jetant toujours un voile de pudeur sur le tube potentiel.

En fait l'art de Pallett est tout entier symbolisé par l'expérience que l'on pourrait faire de la pochette d'In Conflict : une page dactylographiée noir sur blanc des titres et des paroles de l'album, mais sur laquelle apparaît dans un coin une tache d'encre noire. A la vue on ne remarque bien sûr qu'un trou noir dévorant, l'altération, magnétique pour le regard, d'un bel ordonnancement. Mais au toucher, passant le doigt sur la pochette, plus rien d'autre qu'une surface lisse. Et c'est bien cette capacité à changer de ton et d'atmosphère par le seul vecteur d'un toucher, d'une sensualité, qu'il doit sans doute à sa pratique du violon et de ses variations qui, au-delà de sa "simple" beauté, rend la musique d'Owen Pallett, proprement, et on insiste sur "proprement", fascinante.

Owen Pallett [+ Foxes in Fiction]
A l'Epicerie Moderne samedi 6 décembre
Dans le cadre des 100 ans de la Halle Tony Garnier

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