Father John Misty, un mari pop idéal

Father Jon Misty + Anna B Savage

Épicerie Moderne

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

C'est avec son personnage de Father John Misty que le dénommé Josh Tillman s'est véritablement trouvé. Et avec son deuxième album sous ce nom, dédié à sa femme, qu'il le confirme à coups d'incertitudes grandioses et de crooning auto-dérisoire.

«Wouldn't I make the ideal husband ?» «Ne ferais-je pas un mari idéal ?» interroge Father John Misty sur le huitième titre de I Love You, Honeybear, album-déclaration à la femme qu'il aime, Emma. Certes, on imagine assez peu ce crooner au sobriquet paternalisto-brumeux, toison en arrière, barbe de 40 jours et costume serré sur chemise ouverte, en mari. Lui le premier, mais c'est sans doute là l'ultime questionnement d'un homme à qui l'amour a fait fendre l'armure et rendre les armes, à la fois épiphanie et résurrection – énième renaissance le concernant, après avoir tâté des baguettes chez les Fleet Foxes (l'affaire tourna mal) et joué les folkeux, misérabilistes à souhait, en tant que J. Tillman.

Et voilà donc le père Misty, sur la pochette d'I Love You, Honeybear, en enfant Jésus tirant le lait de la tendresse humaine au sein d'une madone – femme, mère et amante – entouré d'animaux fabuleux figurant à coup sûr les démons qui l'habitent. Il y a bien sûr de l'auto-dérision dans cette déclaration d'amour sincère, magnifique et (Father John) mystique – comme par hasard, cet album sort l'année du trente-troisième anniversaire de cet homme élevé dans l'évangélisme religieux, qu'il abhorre et donc moque, avec des arrangements à la limite de la religiosité (signés Jonathan Wilson) et un crooning tongue-in-cheek symbolisé par les rires en boîte de Bored in the USA.

Trip hallucinogène

Car Father John Misty a la causticité des grands romantiques et l'humour désarmant des grands inquiets. Son mode d'expression, il l'a trouvé en même temps que ce «nom ridicule qui permet toutes les fantaisies y compris celle d'être sérieux». De même Misty s'est-il "découvert", il le raconte volontiers, lors d'un trip hallucinogène à base de champignons qu'il prit pour la plus grande expérience spirituelle de son existence avant de reprendre conscience le pantalon sur les chevilles – sa traversée du désert à lui, le Christ du Maryland et du "mari land".

Spirituel et humain ; halluciné et lucide ; drôle et emporté ; matamore et fragile ; amoureux transi et démystificateur par l'évocation de l'amour vrai, double comme dans le clip de The Night Josh Tillman Came to our Apt. – où il reçoit son alter ego maléfique – voilà peut-être la définition du mari idéal, soit quelqu'un pour qui rien n'est jamais acquis, conscient, comme l'écrivait Oscar Wilde dans Un mari idéal, justement, que «les questions ne sont jamais indiscrètes» mais que «les réponses le sont parfois» (ce qui vaut aussi pour la philosophie, la religion ou l'existence elle-même). C'est pourquoi il vaut mieux les laisser en suspens.

Father John Misty [+ Anna B Savage]
À l'Épicerie Moderne jeudi 12 novembre

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