Le rock en France, par ceux qui n'en jouaient pas

Histoire / Une somme signée Grégory Vieau, auscultant soixante années de presse rock en France, version papier : une certaine vision de la culture.

Il n'en existait aucun, alors Grégory Vieau l'a fait. Pas un ouvrage ne traitait jusqu'ici de la presse rock en France, et ce pigiste œuvrant pour Kiblind, pour Arte ou encore New Noise et Vice a décidé de s'atteler à la tâche : Une histoire de la presse rock en France a ainsi vu le jour en cette fin d'été, auscultant chronologiquement cette longue histoire pas si connue en dehors des parcours des titres mythiques — Actuel en tête, qui avait fait l'objet chez le même éditeur, Le Mot et le Reste, d'un excellent ouvrage signé Perrine Kervran et Anaïs Kien en 2010.

à lire aussi : Actuel, c'est pas fini

C'est son premier livre et l'histoire contée est passionnante : ça part du jazz, puisqu'il faut bien un ancêtre déjà contre-culturel mais pas encore rock, où écrit alors un certain Boris Vian, mais ça débute vraiment avec Disco Revue en 1961 — de là prend forme la culture d'une nouvelle classe d'âge auparavant inconnue, désormais bien identifiée car devenue consommatrice à part entière : les adolescents. Gene Vincent et Johnny Halliday s'affichent en couv', Salut les Copains prend le relais en 1962.

Rock'n'Folk, avec Dylan en couverture, marque l'arrivée d'une presse rock un poil plus mature, qui fera place au fil des années à la fine fleur de la critique française. On y déniche, aussi, des dessinateurs : Siné et Cabu sont du premier numéro de Rock'n'Folk, Crumb et Shelton squatteront les pages d'Actuel.

On croise aussi deux Lyonnais qui ont marqué cette histoire, Jean-François Bizot bien sûr, l'homme au tarin providentiel, renifleur de toutes les tendances et fervent défenseur de la contre-culture que Theodore Roszak s'apprête alors à cartographier (l'ouvrage fondateur de ce dernier, retitré Naissance D'une Contre-Culture, vient d'être réédité aux édition La Lenteur). L'autre Lyonnais, c'est Alain Dister, précurseur de l'écriture gonzo qui fera fureur les années suivantes du côté de Rolling Stone, un fondu de jazz s'étant envolé pour la Terre Promise, les États-Unis, et qui se retrouve embarqué en plein trip hippie, du Greenwich Hotel de New York jusqu'à la Californie de Zappa. Comme Bizot, il passera plusieurs mois de l'autre côté de l'Atlantique et colportera en France les codes de ce nouveau monde qui naît : il est devenu correspondant officiel de Rock'n'Folk. Il le raconte dans son ouvrage Oh hippie, days !.

S'ensuivent l'émergence du rival Best, le passage de Maxipop, l'arrivée des périodiques dédiés au métal, les années 1990 où Bizot lance le cityguide Novamag et où Technikart manie l'insolence en même temps que le vide alors que Magic esthétise la pop. Les plumes cultes, tel Alain Pacadis l'infiltré de Libération, ne sont pas oubliées. Pas plus que les punks Métal Hurlant et Le Regard Moderne. C'est complet, jusqu'au récent et arty Audimat. Une lecture qui rendra un peu nostalgique : les kiosques se sont vidés de ces mensuels et aucun pure player n'a su imposer un style aussi fort que tous ces titres qui ont marqué l'histoire...

Grégory Vieau, Une histoire de la presse rock en France (Le Mot et le Reste)

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