De Solveig Anspach (Fr, 1h27) avec Karin Viard, Bouli Lanners, Claude Gensac...
Signe des temps : après Elle s'en va, voici un nouveau portrait de femme qui choisit la rupture sociale, l'errance et l'aventure au confort étouffant de sa vie bourgeoise. Là où Bercot se fourvoyait dans une vague et embarrassante pulsion ethnologique, Solveig Anspach choisit au contraire la fantaisie comique pour montrer comment Lulu se "dénude" socialement, réapprend l'amour physique puis la compassion envers autrui.
La première moitié, où elle batifole avec un ancien repris de justice à qui ses deux frères un peu tarés collent en permanence aux basques, fait preuve d'un sens du croquis burlesque sans doute hérité de la BD originale. Le tandem Karin Viard / Bouli Lanners fonctionne à la perfection, et la mise en scène, qui utilise avec intelligence l'écran large pour donner de l'air aux situations, prend à revers le bâclage en vigueur dans la comédie française.
La deuxième partie, autour de la vieille dame interprétée par Claude Gensac, est moins convaincante, plus attendue et moins farfelue, mais le film a pour lui sa concision et l'abattage de ses comédiens, vraiment excellents, jusqu'au moindre second rôle — le tandem Pascal Demolon / Philippe Rebbot ou la révélation Solène Rigot, qu'on retrouvera la semaine prochaine dans Tonnerre.
Christophe Chabert