Rencontre / De retour dans la ville qui l'a formé à l'art de la scène, Vincent Dedienne campe actuellement Ervart dans la pièce d'Hervé Blutsch, mise en scène par Laurent Fréchuret à la Comédie. Rencontre.
Ervart ou les derniers jours de Frédéric Nietzsche... Ca a l'air un peu barré cette histoire !
Carrément oui ! Il serait même difficile de raconter l'histoire. C'est une pièce où il y a énormément de rythme, moi je la compare à un shot de tequila. C'est une grande farce, mais pas que, puisqu'il s'agit quand même de l'histoire tragique d'un homme qui sombre dans la folie à cause de sa jalousie.
Qu'est-ce que ça fait de retrouver une aventure collective après un seul-en-scène ?
J'adore. Déjà, ça me repose un peu, je ne suis plus seul à porter un spectacle. Et puis, le one man show, c'est assez solitaire. Le soir, on se retrouve seul devant sa bière alors que là, je suis avec des gens vraiment drôles, et on a hâte de partir en tournée. C'est un peu la colo !
Le grand public vous a découvert un brin timide aux côtés de Maïtena Biraben dans Le Supplément. Aujourd'hui vous êtes hyper-aimé du public... Ca vous aide à vous sentir plus légitime ?
Je pensais que j'aurais moins peur. Mais en fait pas du tout ! J'ai bien plus de pression, j'ai très peur de décevoir. L'amour donne toujours une grande responsabilité...
Avez-vous l'impression d'avoir pu amener des gens au théâtre grâce à vos chroniques télévisées ?
Oui. Pour le Marivaux (Vincent a joué Le Jeu de l'amour et du hasard à Paris au printemps, ndlr), certains spectateurs n'avaient jusqu'ici jamais mis les pieds au théâtre et ça m'a ravi, de voir que j'avais pu leur donner cette envie. C'est peut-être même ce qui me rend le plus fier, je serais prêt à rendre mon Molière pour avoir juste ça. Je ne suis pas en mission non plus, mais c'est aussi comme ça que ça s'est passé pour moi. J'ai découvert Victor Hugo quand Philippe Noiret est venu jouer une de ses pièces à Mâcon, où j'habitais. La semaine d'avant, Les Ripoux étaient passés à la télé et j'avais eu envie de voir ce type sur scène...
Vous avez un côté un peu "old school", vous n'êtes pas dans le contrôle de l'image... Le succès n'a donc aucune emprise sur vous ?
Certains de mes collègues ont cette tendance à contrôler leur image oui... Moi si j'essaie, ça me fait chier assez rapidement. Le succès amène un certain pouvoir, alors je fais juste en sorte de ne jamais en profiter. Et puis, surtout, je crois que j'ai été très bien élevé par mes parents...
Vous voulez qu'on leur envoie un exemplaire du Petit Bulletin, pour qu'ils puissent lire cette phrase ?
Pas la peine, ils lisent tout, donc ils la verront c'est sûr ! Mais je crois aussi que j'ai de la chance d'avoir des parents qui ne sont pas mes premiers fans. Ce qui les intéresse, ce n'est pas de savoir comment est Nathalie Baye "en vrai", mais simplement si je mange bien et si j'ai un moment pour venir les voir...
Ervart, du 2 au 5 octobre à 20h à la Comédie de Saint-Étienne