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Anne Paceo

Théâtre des Pénitents

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Jazz / C’est sans doute dans l’air du temps, le cru 2018 du festival Jazz à Montbrison fait la part belle aux musiciennes. Jugez plutôt : Rhoda Scott ouvrira le bal avec La Maîtrise de la Loire le 17 mars, puis se succéderont trois chanteuses (Sarah Lancman, Léa Castro et Sarah McKenzie), le trio de l’étonnante saxophoniste baryton Céline Bonacina,  Virginie Capizzi et son projet Drôles de Zanimaux pour le jeune public et, pour finir en beauté le 5 avril, Anne Paceo, la batteuse qui monte, qui monte,  qui monte…

Évoquant le monde du jazz encore assez majoritairement masculin, le chercheur en sociologie Philippe Coulangeon ironise en déclamant que « les femmes ont une place historique au sein de la communauté du jazz : servir les bières et chanter sur scène ! » Les choses bougent lentement, mais très rares sont encore les instrumentistes, notamment les batteuses, qui dans le microcosme des musiques dites improvisées font une vraie carrière. Anne Paceo est de celles-là : pop, groove, hip hop, world et bien sûr jazz, la musicienne est de tous les projets, toujours en quête de nouvelles vibrations, avec une réussite qui se confirme année après année depuis près de quinze ans. Véritable globe-trotteuse, Anne a conservé de sa petite enfance passée en Côte d’Ivoire une réelle curiosité, développant le goût de la rencontre et donc du métissage. Car Anne Paceo est une instinctive, elle ressent la musique dans sa chair, reçoit intuitivement des mélodies qu’elle s’empresse d’enregistrer pour ne pas les laisser s’échapper. Elle reconnait qu’il lui aura fallu attendre de longues années avant de passer par l’écriture codée de la musique sur partitions, elle qui a pourtant commencé l’apprentissage de la batterie vers l’âge de dix ans.

Une enfant du jazz

Papa est professeur de sport, guitariste amateur. Maman est institutrice, passionnée de peinture. À la maison on écoute Starmania, Voulzy et Souchon. Deux parents qui l’ont toujours encouragée à suivre ses envies profondes, la laissant suivre plusieurs années de suite des stages d’été, avec Les enfants du jazz à Barcelonnette. À son entrée au Conservatoire national supérieur de musique à Paris, Anne ressent en elle le besoin grandissant de composer. Elle se résout enfin à écrire ce qu’elle entend, un grand pas en avant qui lui donnera encore davantage confiance, écartant ce sentiment culpabilisateur de ne pas être vraiment à sa place. C’est l’époque où tout démarre vraiment, tout s’enchaîne. Repérée par le guitariste Christian Escoudé qui la fait jouer dans ses différentes formations et sur ses albums, Anne fonde son premier groupe, Triphase, qui constituera le socle de tout ce qui suivra. Depuis sa première récompense en 2006 lors du Tremplin Jazz à Saint-Germain-des-Prés, le travail de la batteuse sera régulièrement reconnu par la profession : un Djangodor en 2009 puis deux Victoires du Jazz, en 2011 (révélation) et en 2016 (artiste de l’année).

Circles, magnifique album, organique et lumineux

Chacun des albums d’Anne Paceo est différent mais complémentaire des autres. De ses voyages en Côte d’Ivoire, en Laponie, en Birmanie ou ailleurs, la musicienne revient à chaque fois avec un nouvel univers à développer, un nouveau son et des histoires à raconter en musique. À Montbrison, elle défendra Circles, magnifique album, organique et lumineux, où la voix de Leïla Martial épouse de façon très inspirée les envolées mélodiques du trio sax-claviers-batterie. Décidemment en pleine ébullition, Anne Paceo annonce l’arrivée de deux nouvelles galettes pour cette année et la prochaine. En janvier 2019 le label Laborie Jazz sortira en effet le cinquième album studio de la batteuse, Bright Shadows, des compositions qui s’inscrivent dans la suite de Circles avec un line-up renforcé pour l’occasion : Tony Paeleman aux claviers, Christophe Panzani aux saxophones, Pierre Perchaud à la guitare ainsi que les chanteurs Anne Shirley et Florent Mateo. Derrière les toms et les cymbales, Anne donnera aussi de la voix.

Myanmar

Mais dès le mois de mai prochain nous trouverons dans les bacs l’énigmatique Fables of Schwedagon, un album enregistré en public lors du Festival Jazz sous les Pommiers de Coutances, en avril 2017. Pour cette étonnante création, Anne Paceo a provoqué la rencontre de ses fidèles acolytes avec les musiciens birmans de l’ensemble Hsaing Waing. Anne a travaillé autour de fables et de légendes du Myanmar (ex-Birmanie), dont les thèmes s’inspirent de la mythologie nationale, des éléments, des étoiles, des animaux. Les compositions de la batteuse répondent aux morceaux traditionnels apportés par Hein Tint, le leader de l’ensemble. Les sonorités des instruments occidentaux se fondent avec celles d’un impressionnant set de tambours accordés, d’un carillon de trente-six petits gongs et d’un hautbois traditionnel. Fables of Schwedagon célèbre la rencontre inédite de deux conceptions très différentes de la musique, où les notions de tempo et de justesse demande à chacun des musiciens de faire un pas vers l’autre.

Anne Paceo, le jeudi 5 avril à 20h30 au Théâtre des Pénitents de Montbrison dans le cadre du festival Jazz à Montbrison


Anne Pacéo en quelques dates

1984 naissance à Niort
1994 commence l’apprentissage de la batterie
2004 repérée par le guitariste Christian Escoudé
2005 entrée au CNSMP
2007 résidence au Duc des Lombards à Paris
2008 album Triphase (Laborie Jazz / Naïve)
2009 Djangodor à l'Académie du jazz
2010 Empreintes (Laborie Jazz / Abeille Musique)
2011 Révélation instrumentale aux Victoires du Jazz
2012 Yôkaï (Laborie Jazz / Abeille Musique)
2016 Circles (Laborie Jazz / Socadisc)
2016 Artiste de l'année aux Victoires du Jazz
2018 Fables of Shwedagon (live)
2019 Bright shadows


Trois questions à Anne Paceo

Comment abordez-vous chaque nouveau projet ?
Chaque disque correspond à des périodes de ma vie et chaque fois j’ai envie d’autres choses, d’entendre un autre son. Après une période en trio avec le classique piano-contrebasse-batterie, j’ai eu besoin d’entendre de nouvelles couleurs sonores, de la guitare, du sax… Avec Circles, j’avais envie de quelque chose de plus électrique, voire electro, de chercher des textures nouvelles avec les claviers ... Pour chaque projet je m’entoure de nouveaux musiciens !

Pour chaque projet je m’entoure de nouveaux musiciens !

D’où vient votre inspiration, quelles sont vos influences ?
Mes influences sont assez variées et peuvent venir de partout, d’Afrique de l’Ouest, de Birmanie ou même de la pop ! Mes goûts musicaux évoluent avec le temps. Aujourd’hui j’écoute finalement assez peu de jazz, j’écoute davantage des gens comme James Blake ou Little Dragon. J’aime aussi beaucoup le côté planant du groupe suédois Junip. Mon inspiration peut donc venir d’une musique, mais aussi d’une rencontre, d’une exposition, d’une émotion, d’une expérience vécue lors de mes voyages. Tout ça influence forcément ma musique, mon écriture.

Avez-vous développé un procédé de création particulier, une recette ?
Des mélodies me passent par la tête, ça peut arriver n’importe où et n’importe quand. Je les enregistre alors sur un petit appareil. De retour chez moi j’essaie de développer l’idée sur le piano, je cherche des accords, je superpose des voix à l’aide d’un logiciel, j’essaie plein de choses différentes jusqu’à trouver ce qui me plait. Il me faut ensuite recoller tous les morceaux avant de commencer à écrire les partitions pour mes musiciens.

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