Seul(s) contre tous

Seul contre tous
De Gaspar Noé (Fr, 1998, 1h33) avec Blandine Lenoir, Frankie Pain, Philippe Nahon...

Avec cette quatrième séance au Club de notre cycle "20 ans de PB, 20 ans de ciné", on rentre pour ainsi dire dans le vif du sujet et de l’histoire du journal. En effet, Seul contre tous fut le premier film ardemment défendu sur la longueur dans nos colonnes – trois papiers, trois semaines d’affilée, pour l’évoquer –, comme un événement pour un cinéma français qui osait enfin s’aventurer dans des zones inexplorées et dérangeantes. Par la suite, son réalisateur Gaspar Noé est resté comme un sujet de passion pour le PB : rejet d’Irréversible avant remords et long entretien en forme de mea culpa pour sa sortie en DVD ; soutien sans réserve d’Enter the void, de sa présentation controversée à Cannes jusqu’à son arrivée sur les écrans un an plus tard, là encore avec une longue et passionnante interview du cinéaste à la clé.

Le vif du sujet : l’expression convient bien à Seul contre tous, odyssée sombre, scandaleuse et sanglante d’un boucher chevalin qui, après avoir purgé une peine de prison suite à un fait-divers sordide – raconté dans le moyen-métrage Carne, sorte de prologue à Seul contre tous –, erre dans le Paris chiraco-giscardien de 1980, laissant éclater sa rage raciste et revancharde dans une voix-off logorrhée, prêt à franchir tous les tabous pour retrouver sa fille.

Quel degré de haine doit-on atteindre pour faire triompher un amour absolu qui bouscule la morale, le temps et l’espace ? C’est le sujet de tous les films de Gaspar Noé, mais c’est aussi leur forme, où la sophistication et l’expérimentation débouchent sur une sensation cosmique et métaphysique. Du prosaïque – que ce soient les décors désolés ou le visage, obstinément renfrogné, de Philippe Nahon – surgit quelque chose de sublime, un romantisme noir et troublant, reflet de la vraie nature du cinéaste cachée pudiquement derrière la violence et la provocation.

Christophe Chabert

Seul contre tous
De Gaspar Noé (1998, Fr, 1h33) avec Philippe Nahon, Blandine Lenoir…
Mardi 28 janvier à 20h30 au Cub

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