Fat White Family : affreux, sales et méchants

Fat White Family + Yak + Lysistrata + Psychotic Monks + Decibelles + Bandit Bandit

Transbordeur

ce spectacle n'est pas à l'affiche actuellement

La Messe de Minuit / Au festival La Messe de Minuit, la tête d'affiche aura une gueule d'atmosphère. Celle d'une Angleterre au bord de la rupture et de son plus beau symbole rock : l'affreuse et magnifique Fat White Family, pour la première fois à Lyon.

De la même manière que le thatchérisme a en son temps involontairement dopé la créativité du rock british, le misérable coupe-gorge socio-politique où se trouve rendu la Grande-Bretagne depuis le début de la campagne pro-Brexit a largement contribué à accoucher de quelques monstres, tout aussi terrifiants que Boris Johnson. Mais plus bien enthousiasmant sur le plan musical. On pense à Sleaford Mods, déjà évoqué dans ces pages, à Idles aussi.

Mais la créature la plus positivement effrayante, le Demogorgon propre à donner des leçons de perfidité à une Albion exsangue, le croque-mitaine d'une société qui se nourrit de peur, reste sans doute la Fat White Family découverte en 2014 avec Champagne Holocaust où l'esprit punk se manifestait davantage dans l'attitude (consommation excessive de produits exaltants, allure dégueu, dentition parcellaire et glaviot au bord des lèvres) et des paroles finies au napalm que dans une facture musicale résolument lancinante tartinée du je-m’en-foutisme d'aristocrates de la déglingue. Un truc à retardement semblable à cette seconde de léthargie suspendue qui précède la douleur sans nom de quand on se cogne un doigt de pied dans la table basse.

Geste punk

Très raccord avec son pays, le groupe mené par Lias Saoudi et Saul Adamczewski a bien failli se faire sauter le caisson en plein buzz dès après Songs of Our Mothers (2016). Au lieu de ça, l'esprit de contradiction chevillé au corps comme le ténia à l'intestin grêle, FWF a livré, depuis Sheffield la loachienne, Serfs up!, référence aux Beach Boys qui appelle à la levée des gueux, exhorte le peuple autant qu'il l'exècre de creuser lui même le trou de son aliénation. Reprenant ici le flambeau lâché par Mark E. Smith (The Fall), le groupe enjambe sa colère pour ambiancer les ruines grotesques du désastre, danser sur le cadavre des bien-pensants et des mal-comprenants.

Et l'ultime geste punk de consister à arroser de cordes un disque qui oscille entre pop symphonique (pas réfractaire à une certaine morriconerie sur When I Leave ou aux envolées wilsoniennes sur Oh Sebastian), rock Suicide-aire, hip-hop mal branlé et disco perverti où les paillettes scintillent mollement sur des guenilles – tout ici est passé au filtre de la dégueulasserie passive-agressive, ADN d'un groupe qui tord la pop comme Nigel Farage a tordu le bras de l'opinion britannique. Serfs Up!, un disque signé Bitch Boys.

Fat White Family
Au Transbordeur dans le cadre de La Messe de Minuit le samedi 21 septembre


La Messe Edit

À une Messe de Minuit, c'est bien connu, il vaut mieux arriver à l'heure, d'autant plus quand celle-ci commence en début de soirée. Ce sera aussi le cas pour le nouveau festival concocté par Cold Fame où rien n'est à jeter et tout à voir.

À commencer, en ouverture le jeudi 19 à l'Épicerie Moderne, par les hôtes de l'événement Last Train dont le dernier album The Big Picture a des allures d'incendie général. Le lendemain, le Périscope accueille le rock pressé et racé des Londoniens de Bad Nerves et le post-punk de Structures. Et pour finir, le samedi 21 au Transbordeur, Fat White Family entraînera dans son sillage une montagne de décibels avec justement les filles de Decibelles, les brumeux Psychotic Monks, les teigneux Lysistrata, Bandit Bandit et les classieux Yak.

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