Au Complexe du Rire, la longue vue d'Aymeric Lompret
Café-Théâtre / Avec l'air de ne pas y toucher, entre flegme surjoué et formules qui font mouche, Aymeric Lompret signe un one-man acide.

Photo : © Éric Canto
Une chanson guillerette, mais qui prédit la fin du monde (Gérard Palaprat dans les enceintes) sert d'entame à un spectacle qui ne contient pas un brin d'optimisme. Aymeric Lompret n'est pas là pour ça. Ça va être long, nous dit-il. Il va falloir pour lui et pour nous tenir une heure. Et de décompter au fur et à mesure ce qu'il lui reste... Voilà pour l'ambiance.
Il est déprimé, largué de son boulot et par sa copine, et cuve une dépression, bière et vodka à la main, fustigeant au passage de façon un peu facile les psys qui ne sont tout juste bon qu'à vous piquer 50 balles. Un thème déjà développé au sein de l'un de ses plus de trente passages dans le sacro-saint télé-crochet de Ruquier, On ne demande qu'à en rire, où il officia entre 2013 et 2015. Il en recycle d'autres dans ce spectacle, qui malgré une absence claire de colonne vertébrale tient assez solidement la route.
« Aymeric, Ayyymeric, Aymeriiiiiccccc ! »
C'est quand il dĂ©zingue en trois-quatre mots, nous Ă©pargnant des discours convenus et professoraux sur la sociĂ©tĂ©, qu'il est le plus convaincant. Parce que (vĂ©ritable conviction plutĂ´t qu'effet de style), oui, « y'a pas la crise, y'a les riches et les pauvres et une classe moyenne inventĂ©e », oui les inĂ©galitĂ©s se vĂ©rifient dans cette aberration que sont les classes dans le train et les Ă©carts de 6€ entre marques de PQ, et qu'Ă Courchevel, quand il a Ă©voquĂ© les ouvriers « ils ont cru que c'Ă©tait une nouvelle piste de ski. »
Ce Lillois pas encore trentenaire, qui a signĂ© les premières parties du Comte de Bouderbala ou du rĂ©jouissant Pierre-Emmanuel BarrĂ© avec qui il partage le goĂ»t du trash, se paye avec justesse la tĂŞte de son confrère Gad Elmaleh dont le prix de la place atteint 70€, « enfin, c'est pas mon collègue, je suis pas banquier. » Et confie qu'il aurait bien voulu devenir CRS, « mais j'ai eu l'idĂ©e en CM2, j'avais dĂ©jĂ fait trop d'Ă©tudes. »
Il contredit là avec brio la lascivité du personnage qu'il s'invente, faisant parfois écho à la puissance comique de Monsieur Fraize.
Aymeric Lompret
Au Complexe du rire jusqu'au 16 septembre