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"Grand-peur et misère du IIIe Reich" de Julie Duclos : la peur au ventre

Théâtre / Au TNP, la metteuse en scène adapte la fameuse pièce de Bertolt Brecht sur la montée du nazisme. Glaçant.

Photo : Simon Gosselin

« C'est très classique mais très bien. Et glaçant » glissait un spectateur sonné à un autre à la fin d'une représentation de Grand-peur et misère du III^e Reich, la fameuse pièce de Bertolt Brecht sur la montée du nazisme revue par Julie Duclos. Écrite entre 1935 et 1938 alors que le dramaturge allemand était en exil, elle se compose de vingt-quatre tableaux sur différentes facettes de l'Allemagne sous Hitler, de l'accession au pouvoir des nazis aux prémices de la guerre. Brecht y faisait preuve d'une clairvoyance remarquable en auscultant aussi bien les rouages de la société dans son ensemble que les craintes, les lâchetés ou encore l'aveuglement de certains de ses compatriotes, jusque dans leur plus profonde intimité.

Intemporel

Si le matériau de base a presque 90 ans, il résonne avec force aujourd'hui, dans un monde où l'extrême droite est en pleine résurgence. D'où le parti pris clair de Julie Duclos de ne pas enfermer le texte dans le vernis de l'histoire et de lui donner un côté intemporel. Si une partie des costumes rappelle forcément les années 1930, d'autres sont plus neutres, contemporains, renforçant les liens possibles avec notre époque. Au public d'en déduire ce qu'il veut.

Des vingt-quatre tableaux initiaux emplis de misère mais, surtout, de peur, Julie Duclos en a sorti treize, dont quelques-uns des plus marquants, de ces parents terrorisés par l'idée d'être dénoncés par leur fils à ce couple précipitant le sort funeste de ses voisins en passant par ce juge qui comprend que son travail est de moins en moins libre. L'addition est, en effet, glaçante, même si le choix d'une mise en scène froide et d'un jeu la plupart du temps naturaliste place, sur la durée, les 2h20 de représentation dans une légère léthargie... finalement, elle aussi, bien de notre époque.

Grand-peur et misère du III^e Reich
Du 13 au 22 février au TNP (Villeurbanne) ; de 7 à 26 €